Paris et Berlin mettent la pression sur l’ovosexage
En Allemagne et en France, des consommateurs sont prêts à payer plus cher des œufs pour éviter l’euthanasie des poussins mâles. Les politiques veulent anticiper ce mouvement sociétal.
En Allemagne et en France, des consommateurs sont prêts à payer plus cher des œufs pour éviter l’euthanasie des poussins mâles. Les politiques veulent anticiper ce mouvement sociétal.
« Arrêter le broyage des poussins mâles d’ici fin 2021 », c’est le but que se sont fixés le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume et son homologue allemande Julia Klöckner lors du Conseil des ministres franco-allemand à Toulouse le 16 octobre. Cette mesure ne concernerait que le secteur de l’œuf de consommation. L’annonce réalisée via Twitter a surpris les professionnels du secteur. Elle évoque une « coopération en matière de technologie et de recherche », une « rencontre commune des filières » et l’« adoption d’une feuille de route ». Les accouveurs français disent être favorables à cette mesure, à condition qu’existe une solution techniquement compatible avec leurs activités. C’est justement le frein technologique qui empêche aujourd’hui la généralisation du sexage dans l’œuf. Les Allemands utilisent la technologie Seleggt, éprouvée expérimentalement mais trop coûteuse (environ 6 euros par femelle sexée) et trop longue (30 000 sujets par semaine) selon la filière, et relativement tardive (à 9 jours).
Des méthodes encore expérimentales
De son côté, le gouvernement français a passé une convention avec l’industriel Tronico. Celui-ci privilégie une méthode elle aussi invasive (percer la coquille) à base de biomarqueurs. En revanche, Tronico tarde à produire ses résultats. D’autres équipes de R & D sont sur la brèche dans le monde, notamment une en Israël et l’autre en Australie en utilisant le gene editing avec la méthode Crispr-Cas9. Il s’agit de manipuler un chromosome sexuel (a priori le W) de manière à y introduire un marqueur fluorescent qui ne sera transmis qu’à la femelle (ZW). Les embryons mâles (ZZ) seraient écartés automatiquement par absence de fluorescence. Sauf que la poule pondeuse serait un organisme génétiquement modifié. Au pire, il reste la solution d’élever les coquelets de ponte…