Alternative à l'ovosexage : l’élevage des frères des pondeuses
Afin de proposer une alternative à l’ovosexage des souches Gallus ponte, le sélectionneur Hendrix Genetics a testé la croissance des frères sur quatre de ses croisements.
Afin de proposer une alternative à l’ovosexage des souches Gallus ponte, le sélectionneur Hendrix Genetics a testé la croissance des frères sur quatre de ses croisements.

Quand l’euthanasie sera interdite à la naissance, « il n’est pas certain que l’ovosexage intéressera l’intégralité des producteurs d’œufs », estime Fabien Galéa, responsable en France de l’activité ponte du sélectionneur Hendrix Genetics. « En poules blanches et pour certaines souches colorées utilisées en production fermière et de basse-cour, l’ovosexage invasif ne sera pas forcément économiquement accessible. » L’élevage pourrait être une alternative s’il est financièrement plus supportable et si les coqs trouvent un débouché.
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Hendrix Genetics souhaite laisser à ses clients le choix d’acheter des poulettes non ovosexées. Pour l’instant, tout est envisageable : coqs vendus avec les poulettes ou séparément, création d’une filière pour un débouché spécifique. Avant de l’envisager, il fallait vérifier le potentiel de croissance des mâles.
Certes, ces frères de pondeuses ne rivaliseront jamais avec des poulets à croissance rapide, mais y a-t-il un espoir qu’ils atteignent des performances acceptables ? « Au vu de nos deux tests réalisés en 2020 et 2021, la réponse est oui », affirme Fabien Galéa. La recherche du meilleur compromis semble faire pencher la balance pour les coqs issus d’une souche sélectionnée pour la ponte.
Le coq Warren tire son épingle du jeu
Dans un premier test, 900 animaux de quatre croisements Hendrix Genetics ont été élevés jusqu’à trois mois dans les mêmes conditions. Des coqs Bovans et Warren - deux souches vraiment orientées ponte — ont été comparés à ceux d’Isa Dual — souche mixte chair/ponte — et du croisement expérimental d’un coq Sasso label rouge avec une pondeuse Hendrix. Un grand nombre de données ont été collectées : poids vif, indice de consommation, viabilité, conformation, rendements d’abattage, morphologie des pièces anatomiques. « Nous voulions connaître précisément leurs performances d’élevage et leurs caractéristiques de carcasse. » Tous blancs à pattes jaunes, à trois mois, ces coqs ressemblent plus à une poule qu’à un poulet de chair standard.
Deux groupes émergent, avec d’un côté les coqs ponte Bovans et Warren et de l’autre ceux plus orientés chair Sasso/hendrix et Isa Dual. À l’âge de 89 jours, le poids moyen du Sasso/Hendrix et de l’Isa Dual dépassent 2,1 kg, devant les coqs Bovans et Warren pratiquement au coude à coude à environ 1,7 kg. Mais le GMQ cumulé des souches mixtes plafonne à 24 g à partir de 70 jours avec un indice de consommation qui se dégrade dès 77 jours.

La croissance plus modérée des coqs ponte aurait avantage à se poursuivre comme le confirme un second test conduit sur 500 individus des quatre croisements élevés ensemble jusqu’à 97 jours. Le GMQ cumulé des coqs Warren atteint 20 grammes alors que celui des Bovans ne dépasse pas 18 grammes. À 97 jours, la différence atteint 200 g sur le poids vif et 150 g sur le poids Pac.

Trouver un compromis entre ponte et chair
« Si on tient compte des performances de ponte, la souche Warren semble la mieux équilibrée », estime Fabien Galéa.

En effet, au bout de 66 semaines, l’écart est de huit œufs entre les deux souches ponte (301 en Bovans contre 293 en Warren). Par contre, les souches mixtes sont pénalisées par un écart d’environ 25 œufs pour l’Isa Dual (269 œufs) et de 50 pour le croisement Sasso/Hendrix (243 œufs). Un calcul d’intérêt est à faire pour un éleveur ou une organisation pouvant valoriser à la fois les œufs et les coqs.
Plus lourd que les frères de souches ponte, le coq Isa Dual pourrait intéresser ceux qui peuvent pleinement valoriser les mâles. Le choix dépendra aussi de la disponibilité des différents coqs, donc des ventes des poulettes de chaque souche. « Nous constatons aussi des variations saisonnières de la demande en poulettes, allant pratiquement du simple au double, analyse Fabien Galéa. L’irrégularité des plannings sera un élément à prendre en compte si une démarche de valorisation des coqs se met en place. »