Aller au contenu principal

« Mes poulets sont plus calmes avec la lumière bleu verte »

L’EARL Cocorico a équipé un poulailler d’un éclairage à leds, dont le spectre des couleurs évolue avec l’intensité lumineuse, pour mieux coller aux besoins des volailles au cours du lot.

Kamuran Yilmaz, éleveur de poulets à Le Pas en Mayenne, est le premier en France à tester les tubes à leds Junglite, développés spécifiquement pour la volaille de ...
Kamuran Yilmaz, éleveur de poulets à Le Pas en Mayenne, est le premier en France à tester les tubes à leds Junglite, développés spécifiquement pour la volaille de chair.
© A. Puybasset

À Le Pas en Mayenne, les poulets de Kamuran Yilmaz voient la vie en couleurs. À la tête d’un élevage de 6 300 m2 de volailles de chair, il est le premier en France à tester les tubes à leds Junglite. Développée spécifiquement pour la volaille de chair par Once by Signify (nouveau nom de Philips Lighting), cette solution d’éclairage led brevetée permet de faire varier simultanément l’intensité et le spectre de la lumière au cours du lot. 

Lire aussi : Les trois critères de choix d'un éclairage adapté à la poule

L’objectif est de mieux coller aux besoins physiologiques des animaux et d’agir sur leur comportement. La nouveauté de cet équipement est liée à la combinaison et à la programmation spécifiques des leds rouges, vertes et bleues composant chaque tube. C’est l’association de ces trois couleurs primaires qui permet de créer la lumière blanche (il n’y a pas de leds blanches ou jaunes comme dans le cas des tubes à leds classiques).

 

 
La lumière devient bleu-verte à mesure que l'intensité lumineuse diminue. Par exemple, à 35% comme sur la photo, les leds rouges sont toutes éteintes.
La lumière devient bleu-verte à mesure que l'intensité lumineuse diminue. Par exemple, à 35% comme sur la photo, les leds rouges sont toutes éteintes. © A. Puybasset

Un spectre adapté à la vision des volailles

Lorsque l’intensité lumineuse des tubes Junglite diminue, la lumière passe d’une couleur blanche en intensité maximale (100 %) à une lumière bleue-verte. Par exemple, à 35 % les leds rouges sont toutes éteintes. « La volaille ne perçoit pas la lumière de la même façon que l’œil humain », rappelle Jean-Lou Le Guellec, de l’équipementier Tuffigo-Rapidex, distributeur des éclairages Once. « Le principe de la variation de couleur pour les volailles de chair (poulet, dinde) est d’offrir au démarrage un spectre lumineux large et une intensité lumineuse élevée contenant le spectre rouge, indispensable pour la formation du squelette et des muscles et pour stimuler les jeunes oiseaux. Diminuer la quantité de rouge à partir de dix jours contribue à calmer les volailles tout en leur apportant une lumière suffisante pour favoriser la croissance, mais sans les surstimuler. »

 

 
Kamuran Yilmaz avec Jean-Lou Le Guellec de Tuffigo-Rapidex sous les tubes Junglite réglés à 100%  : « J'ai constaté une meilleure homogénéité de l'éclairage. Cela ...
Kamuran Yilmaz avec Jean-Lou Le Guellec de Tuffigo-Rapidex sous les tubes Junglite réglés à 100% : « J'ai constaté une meilleure homogénéité de l'éclairage. Cela joue sur l'activité des poulets. » © A. Puybasset

Un ajustement selon le comportement du lot

Depuis le changement d’éclairage du poulailler de 1 500 m2 en mai 2023, trois lots de poulets standard ont été élevés. Le programme lumineux qu’applique Kamuran Yilmaz est le suivant : 100 % de blanc intense de 0 à 10 jours puis baisse d’environ 6 % par jour pour atteindre un palier bleu vert de 35 % de 20 jours jusqu’à l’abattage. La programmation horaire n’est en revanche pas modifiée. « Au quotidien, il m’arrive d’ajuster l’intensité de quelques pourcents, à la hausse pour stimuler un peu l’activité et la consommation des poulets, ou à la baisse si je trouve le lot nerveux. En fin de lot, je baisse de 5 à 10 % en cas d’animaux cardiaques ou de troubles digestifs. »

 

 
Sur ce cliché, sont visibles les leds de couleurs rouges, vertes et bleues constituant le tube Junglite.
Sur ce cliché, sont visibles les leds de couleurs rouges, vertes et bleues constituant le tube Junglite. © A. Puybasset

L’adaptation des programmes lumineux en fonction du comportement des volailles se fait bien entendu en corrélation avec les constantes de consommation quotidienne d’eau et d’aliment et le GMQ. Kamuran Yilmaz préfère modifier les réglages de lumière manuellement, mais ceux-ci peuvent aussi être programmés sur le boîtier de régulation du bâtiment.

Une meilleure répartition des volailles

Il est bien trop tôt pour faire un bilan de ce type d’éclairage sur les performances techniques (indice de consommation, taux de griffures, risque de pododermatites…). En revanche, l’éleveur a déjà constaté une amélioration de la répartition des animaux, liée à une meilleure homogénéité de l’éclairage sur toute la surface du poulailler, par rapport à l’équipement d’éclairage précédent (une ligne centrale de gros luminaires à leds). « Il n’y a plus de zones de surdensité. Cela joue sur l’activité des poulets », estime-t-il. « Le fait de passer à 35 % d’intensité n’a pas dégradé le GMQ ni la consommation, en comparaison des lots élevés en même temps dans les autres poulaillers. »

Durant ces trois lots de test, les fenêtres ont été maintenues occultées afin d’évaluer l’effet de l’éclairage artificiel, sans interférences avec la lumière naturelle. « L’effet cumulé des deux sources de lumière serait intéressant à étudier à terme », suggère Jean-Lou Le Guellec. « Notamment pour savoir si l’éclairage Junglite permettrait de compenser l’apport de spectre rouge provenant de la lumière naturelle, qui induit parfois une nervosité du lot », interroge-t-il.

Par ailleurs, l’éclairage Junglite sert aussi de dispositif de lumière pour les enlèvements, comme la lumière bleue utilisée dans certains bâtiments. Réglé à 1 %, il crée une pénombre suffisante pour les opérateurs, et apaisante pour les volailles.

Un tube doté d’un large angle de diffusion

Deux lignes de tubes Led Junglite suffisent pour éclairer le bâtiment de 15 mètres de large.

Le poulailler large de 15 mètres (1 500 m2 de surface) dispose de deux rangées d’éclairage Junglite, soit 42 tubes de 1,2 mètre et de 20 watts (48 volts). Elles sont positionnées à 3 mètres de distance des longs pans. La répartition et la hauteur des tubes ont été définies à l’aide d’un calculateur, tenant compte des spécificités du bâtiment, pour optimiser l’homogénéité de la diffusion de la lumière. « Le large faisceau lumineux des tubes permet d’économiser une ligne d’éclairage, soit deux au lieu de trois pour les bâtiments entre 12 et 18 mètres de large », précise Jean-Lou Le Guellec.

L’éclairage est piloté par la régulation du bâtiment (Sérénity), via un variateur 0-10 Volts, elle-même reliée aux trois transformateurs Once (passant le courant de 220 à 48 volts).

Le coût unitaire d’un tube Led Junglite (2 050 lumens) est jusqu’à 30 % plus élevé qu’un tube led blanc classique (3 000 à 5 000 kelvins). En revanche, le nombre de tubes nécessaires par mètre carré est moins élevé, du fait d’une meilleure distribution lumineuse. Le retour sur investissement se fera aussi par l’économie d’énergie et par l’impact du spectre breveté sur l’amélioration du comportement et du bien-être animal. Les tubes sont équipés d’un branchement plug-and-play, facilitant leur installation.

La solution Junglite est aussi disponible avec un luminaire dôme de 230 volts.

Le saviez-vous

Stimuler la ponte avec un éclairage rouge

Once by Signify a également développé la combinaison de spectres lumineux Dim-to-Red. Destinée aux poules pondeuses, aux volailles reproductrices ainsi qu’aux canards, elle permet d’avoir une lumière rouge, visant à favoriser la production d’œufs et le bien-être des volailles.

Composée de leds blanches et rouges, elle est déclinée en deux modèles d’éclairage tubes ou dômes

Les plus lus

siège du groupe LDC à Sablé sur Sarthe en juin 2022
Deuxième année consécutive de records pour le groupe volailler LDC

Avec tous ses voyants économiques au vert, le groupe LDC déroule son plan de développement rythmé par des acquisitions, dont…

La disposition des alvéoles a été guidée par la vérification des températures de surface des œufs par les Ovoscans, les boîtiers noirs posés sur les alvéoles
L’éclosion des poussins à la ferme est applicable en Label rouge

Une étude terrain menée par l’Itavi et Euralis montre que l’éclosion à la ferme est possible en poulet Label rouge. Elle…

L’Europe impose le marquage des œufs à la ferme
Marquage des œufs : l’Europe l’impose à la ferme

Pour renforcer la traçabilité et l’information des consommateurs, l’Union européenne transfère l’obligation de marquage des…

Christopher Rouzo s'est installé en 2023 et exploite un site de 3 000 m2 en dindes ainsi que 30 hectares de cultures.
« Je me suis installé en volailles de chair avec l’aide de la Safer »

Non issu du milieu agricole, Christopher Rouzo s’est installé en deux temps avec la reprise d’un site de 3 000 m…

Le nouveau dispositif d’Eureden, les « Passeports JA », a été présenté fin mai. De gauche à droite : Damien Craheix (responsable du pôle Stratégie des ...
En Bretagne, Eureden muscle son offre « installation »

Le groupe coopératif Eureden met la main à la poche pour accélérer son nombre de jeunes adhérents installés et compenser en…

Lucie Mainard, éleveuse de poules bio en Vendée :« L’agriculture n’était pas mon rêve d’enfant mais mon rêve d’adulte. J’ai choisi de m’installer avec ma ...
Prix "Femmes, agriculture et territoires" : l’avicultrice Lucie Mainard récompensée 

L’éleveuse de poules pondeuses bio installée en Vendée a reçu le prix « Femmes, agricultures et territoires », pour…

Publicité
Titre
je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Volailles
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Volailles
Newsletter COT’Hebdo Volailles (tendances et cotations de la semaine)