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L’Itavi fait un état d’avancement des recherches sur l’ovosexage des poussins

Plusieurs solutions techniques de sexage de l’embryon de poulet in ovo sont en cours de développement dans le Monde, avec des degrés de maturité variés. L’Itavi fait le point.

Sur le modèle utilisé fin 2018 par Seleggt, les œufs contenant des mâles sont retirés par un bras automatique, après avoir subi le test de détection du sulfate d'œstrogène. © Seleggt
Sur le modèle utilisé fin 2018 par Seleggt, les œufs contenant des mâles sont retirés par un bras automatique, après avoir subi le test de détection du sulfate d'œstrogène.
© Seleggt

Le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume a annoncé le 28 janvier 2020 le lancement d’un plan sur le bien-être animal dans lequel figure l’interdiction de l’élimination des poussins mâles de souche ponte d’ici fin 2021. Pour y parvenir, il faudra sexer avant leur naissance tous les embryons de souche ponte (environ 100 millions d’œufs incubés par an). Pour remporter ce défi, la solution retenue devra permettre un tri à la fois précoce, fiable, sans impact négatif sur l’embryon, rapide, utilisable à grande échelle par les couvoirs et économiquement acceptable par l’ensemble des acteurs de la filière. Pourtant les techniques d’ovosexage sont encore pour la plupart au stade du laboratoire. La problématique de l’élimination des poussins mâles n’est pas nouvelle et elle a donné lieu à des recherches d’alternatives qui n’ont pas toutes avancé avec la même rapidité. Ces démarches peuvent être regroupées en quatre catégories de solutions : moléculaire, génétique, spectrale et hormonale, ces deux dernières étant les plus avancées.

Une méthode hormonale déjà sur les rails

L’évaluation de la concentration en hormones sexuelles spécifiques d’un sexe (sulfate d’œstrogène) permet de différencier les mâles des femelles à partir de 9 jours d’incubation. Cette technique est toutefois invasive puisqu’elle nécessite de percer la coquille pour prélever du liquide allantoïque à analyser. Le prélèvement peut résulter à une réduction du taux d’éclosion (1,4 à 12,7 points selon la souche). La méthode développée par le consortium germano-néerlandais Seleggt est opérationnelle avec une précision annoncée de 97 % et le coût par œuf de 1 à 3 centimes d’euro. Mais avec 3 000 œufs traités actuellement par heure, la cadence de mise en œuvre est faible. Seleggt travaille actuellement à améliorer la rapidité du process en vue d’une application dans les couvoirs de grande capacité.

Des méthodes spectrales non invasives prometteuses

Les méthodes physiques basées sur l’imagerie hyperspectrale, la spectroscopie Raman ou le proche infrarouge, laissent la possibilité d’être non invasives. Ce sont celles qui ont probablement une plus forte chance de remplir toutes les conditions du succès. Deux équipes se détachent. En Allemagne, Agri Advanced Technologies GmbH (AAT), filiale du groupe Erich Wesjohann (Aviagen, Hubbard, Hy-Line, Lohmann), a mis au point un prototype de détermination du sexe dans les lignées de pondeuses qui présentent un dimorphisme sexuel pour la couleur des plumes. Elle fonctionne sur des embryons âgés de 13 jours, avec une précision globale d’environ 97 % (plus de 20 000 œufs testés par heure et par machine). Son coût est de 0,5 à 1 centime par poulette. L’intérêt de cette méthode est sa rapidité et le fait qu’elle n’entraîne aucun risque de contamination pour l’embryon, ni de blessure. Elle ne fonctionne que pour les souches brunes avec un dimorphisme sexuel sur la couleur du plumage. Le stade tardif auquel elle est pratiquée est son plus gros handicap, l’embryon mâle à éliminer étant susceptible d’être sensible à la douleur. C’est pourquoi l’université de Göttingen développe une technique d’électronarcose.

Au Canada, la technologie spectrale Hypereye serait capable d’identifier à la fois le sexe et la fertilité de 30 000 à 50 000 œufs à couver par heure, avec une précision de 95 à 99 %, pour un coût par œuf estimé à environ 3 centimes. Des prototypes ont été testés dans des couvoirs de l’Ontario. Sa commercialisation était prévue pour 2019, mais les porteurs du projet ont cessé de communiquer.

Pistes génétiques plus difficiles à mettre en œuvre

D’autres recherches se sont intéressées à la détection de molécules non hormonales liées à des différences entre les mâles et les femelles. Contrairement aux humains et aux mammifères, les oiseaux mâles possèdent 2 chromosomes sexuels Z, et les femelles possèdent 1 chromosome sexuel Z et 1 chromosome sexuel W. C’est la piste qu’a développée la société française Tronico, avec un financement important des pouvoirs publics. Cette méthode est également invasive, puisqu’elle nécessite le prélèvement de tissu embryonnaire cérébral à 9 jours d’incubation. Enfin, il existe le test génétique du marquage du chromosome sexuel mâle développé par le projet israélien Eggxyt. Il permet d’identifier les embryons mâles avant même l’incubation. Bien que non invasive et fiable à 100 %, cette technique liée au sexe imposerait au préalable une manipulation génétique des femelles reproductrices pour introduire ce marquage dans leurs chromosomes sexuels. Il aurait donc très peu de chance d’être autorisé au niveau européen. À moyen terme, il est fort probable qu’une solution technologique émergera et que l’euthanasie des poussins mâles fera partie des pratiques du passé.

Les alternatives à l’ovosexage

- Le développement de souches « à double fin » : c’est une solution alternative à l’abattage des poussins mâles. Ces souches ont l’avantage d’être destinées à la fois à la production d’œufs et de viande. Cependant, les mâles de souches double fin n’ont pas les performances de croissance des souches à viande. Le surcoût de production doit rester raisonnable pour être supporté par le consommateur.

- l’élevage des mâles frères des poules pondeuses : actuellement, cette option semble difficile à mettre en place à grande échelle, à cause du surcoût sur les produits et surtout de la nécessaire réorganisation des filières. Mais c’est une solution qui peut s’avérer intéressante à petite échelle.

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