Les bons outils pour pailler
Mettre en place la litière et la renouveler manuellement est long et fatigant. Cette tache astreignante peut être soulagée par des équipements spécifiques.
Pour réduire la pénibilité et gagner du temps, les éleveurs de volailles sont de plus en plus conduits à mécaniser le « paillage » et le « repaillage ». Cette mécanisation est liée à l’agrandissement des tailles d’élevage, à la recherche d’un meilleur confort de travail (alléger une corvée, garder ses salariés) et d’une meilleure productivité. Enfin, l’amélioration du confort et du bien-être des animaux permet d’exprimer le potentiel génétique, tout en maîtrisant la qualité (état des pattes et du brechet notamment), ainsi que les dépenses de santé. Pour les espèces à durée de vie longue (dinde) ou salissantes (canard) mécaniser le repaillage conduit à le faire plus souvent et mieux. À cela, s’ajoute la nécessité de s’intéresser à la qualité physique de la litière. Plus elle est absorbante, mieux c’est : paille broyée (de céréales ou de colza) ou matériaux fins (copeau, sciure, cosses, menue-paille, miscanthus broyé…). Force est de constater qu’il n’existe pas d’équipement universel. Dépendant grandement de la litière utilisée, le choix d’une machine est aussi influencé par l’espèce (repailler ou pas), par la taille de l’atelier (40 % de paille broyée en poulets label contre 80 % en standard), par les usages ou les préférences individuelles (polyvalence du matériel, organisation du travail, partage de matériel, rapidité du chantier de paillage…).
Séparer ou pas le broyage de la distribution
Pour la mise en place des litières, les éleveurs ont le choix entre une machine fixe qui broie la paille entière sans l’épandre (Electra), des godets épandeurs (FS 200 d’AG dispenser, Multi’dis d’Emily) qui distribuent des litières fines sans broyer, ou des pailleuses hacheuses qui coupent et répandent simultanément. Le broyeur défibreur fixe d’Electra a été récemment modernisé par des éleveurs. Grâce à ses marteaux qui éclatent les tiges, il produit une meilleure litière que la paille travaillée au champ, découpée devant la presse ou bien hachée dans celle-ci par des couteaux.
Avec neuf marques recensées, la gamme des pailleuses hacheuses est large. Pour obtenir une paille à brins courts et défibrés, les modèles les plus performants possèdent une cuve tournante munie d’un rotor à marteaux (Electra, Teagle Tomahawk 400 et 500) ou bien à couteaux (Jet Kidd d’Agram). Les autres pailleuses hacheuses sont constituées d’une caisse contenant la balle ronde ou cubique amenée par tapis jusqu’à un démêleur puis à une turbine de projection. Selon le modèle, la coupe se fait soit avant la turbine soit dans celle-ci, avec un impact sur le débit, et avec un réglage ou pas de la longueur des brins. Beaucoup de pailleuses hacheuses sont polyvalentes "brins longs-brins courts". L’inconvénient majeur de ces machines est la poussière et les projections intérieures de cailloux (dégâts et étincelles).
Distributrices pour le copeau ou la paille broyée
Pour assurer le repaillage avec de la paille déjà broyée ou du matériau fin, le choix est limité aux distributrices mécaniques (Altec, Calvet, Emily, Silofarmer) ou à une distributrice à soufflerie (Dussau) qui elle reste à l’extérieur. Avec la Mécapulse de Dussau, le caisson bâché de 10 m3 réceptionne la litière impérativement fine. Trois rotors démêlent le substrat qui passe dans une vis sans fin pour se retrouver dans une chambre de compression avant d’être propulsé. L’opérateur, qui doit porter un masque antipoussière, asperge le sol avec le tuyau coulissant sur un rail. Équipée d’un tuyau d’expulsion similaire, la pailleuse hacheuse mobile Jet Kidd d’Agram peut être employée de la sorte. Quant aux distributrices mécaniques, enrichies de deux arrivants cette année (Emily et Silofarmer), elles ressemblent à de petits épandeurs. Un tapis fait avancer la litière vers des rotors démêleurs, qui l’éjectent directement (Emily) ou sur un ou deux disques d’épandage (Altec, Calvet, Silofarmer). Lentes et de faible capacité, ces machines ne conviennent pas au paillage initial de grandes surfaces.
Les prix de l’ensemble de ces équipements s’échelonnent de 6500 euros pour un godet distributeur à 30 000 euros pour une distributrice automotrice ou à soufflerie. Ceux des pailleuses hacheuses varient entre 15 000 et 25 000 euros. Un investissement qui peut être mis en commun et qui le vaut bien. Aucun de nos témoins ne voudrait revenir en arrière. Certains parlent même de plaisir de travail retrouvé.