Les atouts de la lumière venue du toit du poulailler
Chez Martine et Gérard Jéhannin, la lumière naturelle rentre par des tabatières occultables. Une alternative aux fenêtres sur les côtés, moins coûteuse et plus compatible avec leurs bâtiments de 1994 à ventilation transversale.
Chez Martine et Gérard Jéhannin, la lumière naturelle rentre par des tabatières occultables. Une alternative aux fenêtres sur les côtés, moins coûteuse et plus compatible avec leurs bâtiments de 1994 à ventilation transversale.
Positionnée sur les rampants, la trentaine de fenêtres fixes en toiture fait rentrer une lumière douce et diffuse dans leurs poulaillers de chair. À Bréal-Sous-Montfort (Ille-et-Vilaine), Martine et Gérard Jéhannin ont investi en 2018 dans des tabatières, commercialisées par Sodalec, pour répondre au critère de 3 % de surface en lumière naturelle. Leurs deux bâtiments de 1200 m2 ont été construits en 1994 pour produire du poulet lourd Princior. D’une largeur de 15 mètres, ils sont équipés d’une ventilation transversale et d’une entrée d’air par une jupe extérieure avec des longues trappes.
« L’installation de fenêtres sur les deux longs pans était difficilement compatible. Elle aurait nécessité de les placer sous les trappes et de revoir entièrement la ventilation. Ajouté au coût des fenêtres, l’investissement était trop coûteux et peu rentable. »
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Pas d’entrée directe de rayons du soleil
L’installation des tabatières a été réalisée en 2018 par un charpentier durant le vide sanitaire. Elle a nécessité seulement 2,5 jours de travail pour les deux poulaillers. Insérées entre deux pannes et d’une surface d’1,5 m2 (1,16 m x 1,28 m), les trente tabatières par poulailler sont réparties en quinconce sur deux lignes, pour une meilleure homogénéité. « Au-delà, d’une largeur de 15 m, on préconise d’installer 4 rangées », précise Fabrice Poisbeau, dirigeant de Sodalec.
Les tabatières sont occultables à 100 % et de manière graduelle grâce à un store à lamelles. L’ouverture des volets existe en version automatisée, reliée à la régulation du bâtiment, ou en version manuelle, comme chez Martine et Gérard Jéhannin, qui actionnent les quatre treuils en deux tours de manivelle. « Toujours fermés la nuit, les volets sont ouverts en permanence en journée à partir de 4 à 5 jours d’âge, précise Martine. Sauf en cas de grosse chaleur. » La tabatière est constituée de deux plaques en polycarbonate translucides, qui permettent une diffusion plus homogène de la lumière.
« Il n’y a pas d’entrée directe de rayons du soleil, qui pourraient gêner les poussins, complète Gérard. L’éclairage est homogène. Les poulets sont bien répartis dans le poulailler. Pas de risques non plus de chauffer une ligne d’eau ou de dérégler la sonde de température, comme cela peut arriver avec des fenêtres sur les côtés. »
Un coût de 12 euros par mètre carré
Après deux ans de recul, l’éleveur n’y voit que des avantages. « Il est bien plus agréable de travailler à la lumière naturelle. » Il n’a vu aucun impact technique sur les résultats techniques, ni de problèmes de griffures ou de nervosité. « Habitués à la lumière, les poulets sont moins stressés, en cas d’enlèvement de jour », a-t-il remarqué. Le passage à la lumière naturelle leur est revenu à 12 €/m2, bien moins que des fenêtres latérales qui nécessitent un investissement d’environ 20 €/m2.
Une tabatière facile à installer
Pour des bâtiments neufs ou rénovés, le système de tabatières est conçu sur mesures, en fonction des dimensions de la charpente.
Les lames isolantes du volet d’occultation situées dans le caisson sont actionnées par un câble. La tabatière existe en deux versions d’isolation : l’une avec une seule plaque de polycarbonate de 25 mm (coefficient d’isolation Rc totale de 1,126) et une version renforcée, comme dans ces deux poulaillers, avec deux couches de polycarbonate de 10 et 25 mm (Rc de 1,911).
Témoignage : Stéphane Dahirel, éleveur à Lanouée (56)
« Le système de tabatières est une bonne alternative aux fenêtres sur les côtés, en particulier pour les bâtiments anciens à ventilation latérale. Leur installation à hauteur d’hommes et des deux côtés, liée à certains cahiers des charges, oblige parfois à faire un compromis sur l’emplacement des trappes d’entrées d’air, par manque de place sur les longs pans. La priorité numéro un est d’avoir un poulailler bien ventilé. La maîtrise de l’ambiance est un facteur clé du bien-être animal. Par ailleurs, le poulet est gêné par les rayons directs du soleil.
Je suis pour la lumière naturelle dans les poulaillers neufs et rénovés, mais on doit viser une obligation de résultat et pas de moyens. Pourquoi pas réfléchir à des solutions mixtes pour atteindre l’objectif de 3 % de surface, avec une entrée de lumière par le toit, associée à des fenêtres translucides sur un des côtés, sans perturber la ventilation. Un compromis en faveur du bien-être animal mais aussi de notre droit à la vie privée. »