Pour demeurer une référence mondiale sur le marché Premium, quels investissements réalisez-vous ?
Olivier Rochard - « Nous avons récemment investi 10 millions d’euros supplémentaires dans nos sites de sélection Premium en France, un segment de marché qui représente aujourd’hui 2 % du marché mondial et 30 % de notre chiffre d’affaires, et il est certain que nos coûts de fonctionnement annuels ne vont pas diminuer ! Par ailleurs, nous investissons 25 millions de dollars pour la R&D aux États-Unis sur les lignées conventionnelles. Être entrés dans le groupe Aviagen en 2018, qui lui-même appartient au groupe familial allemand Erich Wesjohann Group (1), nous permet de conforter nos investissements tout en conservant notre indépendance d’entrepreneur. C’est un privilège de travailler au sein d’un tel groupe. »
Dans quelle mesure l’épidémie d’influenza aviaire a-t-elle pénalisé votre activité et réorienté votre management ?
O. R. - « La grippe aviaire a bien sûr affecté nos exportations. Nous n’avons jamais été contaminés dans nos installations, toutefois la présence de foyers d’influenza à proximité a entraîné des conséquences. Cet hiver, un cas répertorié à 5 kilomètres de notre couvoir breton nous a obligés à le fermer durant près de trois mois (sauf pour les livraisons en France). Nous avons dû trouver rapidement une solution et l’appartenance au groupe Aviagen nous a apporté une flexibilité que nous n’avions pas auparavant. Des œufs produits en différentes régions de France ont pu être incubés dans le couvoir d’Aviagen France et dans le couvoir Hubbard en Pologne. Ainsi, nous avons réussi à livrer presque tous nos clients, hormis au Japon où c’est difficile depuis un an, eu égard aux conditions sanitaires en France. »
Cette crise sanitaire influence-t-elle vos choix de développement ?
O. R. - « Elle nous pousse en effet à vouloir produire plus près des consommateurs. Cette exigence va d’ailleurs dans le sens des mesures d’atténuation à prendre pour lutter contre les changements climatiques. Nous expédions en effet des poussins partout dans le monde. Voilà pourquoi nous étudions les possibilités d’implantation également en Asie, mais aussi en Afrique et en Amérique latine.
Par ailleurs, je crois personnellement que nous devons adopter de nouvelles approches pour devenir encore plus durables. Notre entreprise est au service d’un marché mondial et nous devons rester flexibles et adaptables, plus que jamais peut-être, pour répondre à des marchés en constante évolution et instables. Des solutions comme le “carbon farming” (NDLR : stockage du carbone dans le sol obtenu en changeant les pratiques agricoles) sont connues et prouvées depuis fort longtemps. »
Il paraît donc difficile d’imaginer quel poulet sera demain élevé dans le monde ?
O. R. - « On ne sait pas exactement en effet… Toutefois, la force de Hubbard est de s’adresser aux divers segments du marché sur les différents continents tout en restant principalement orienté “efficacité alimentaire”. Nous pouvons répondre aux attentes grâce à notre large gamme de lignées et à la flexibilité de nos équipes. La formation et le management de ces équipes sont d’ailleurs essentiels pour Hubbard. »
Propos recueillis par Louisette Gouverne
(1) EW Group est leader mondial de la génétique en volailles (pondeuse, poulet, dinde) et aquaculture (saumon, tilapia)