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Le perchage s’invite dans les élevages de volailles de chair

Acté en 1999 par la directive européenne poule pondeuse, le besoin de perchage est progressivement pris en compte en poulet et dinde, à travers l’émergence de labels Bien-être animal.

Pour des raisons d’ordre pratique visant l’efficacité maximale, les salles d’élevage des poules pondeuses et des volailles de chair ont longtemps été réduites à leur plus simple expression. Les animaux avaient à leur disposition la mangeoire et l’abreuvoir pour assurer leur fonction de production (croître ou pondre) et leurs congénères pour interagir. Pas le moindre endroit pour se percher. Sous la pression des organisations welfaristes, cette situation a commencé à évoluer par le secteur qui était allé le plus loin dans la logique de rationalisation de l’élevage et de l’optimisation des coûts. Établie en 1999 et appliquée en 2012, la directive européenne impose 15 cm par poule logée.

Une affaire de poids en chair

En volailles de chair, l’introduction du perchage est toute récente, hormis pour les pintades qui en disposent depuis longtemps. Pour les autres espèces de volailles, la question ne s’est pas posée, tant que les organisations welfaristes ne sont pas intervenues. Il était admis que les volailles n’avaient pas besoin d’exprimer d’autres comportements que boire et manger. Nos volailles modernes se toilettent, battent des ailes, grattent la litière et se perchent s’ils en ont l’occasion

 
En poulet à croissance lente, le perchage de type perchoir ne pose aucune difficulté particulière © A. Puybasset
En poulet à croissance lente, le perchage de type perchoir ne pose aucune difficulté particulière © A. Puybasset

Dès leur deuxième semaine de vie, tous les poulets se perchent spontanément, mais en proportion très variables selon l’âge et la souche. En revanche, ils se perchent beaucoup moins que les poules pondeuses ; plus légères que les mâles, les femelles sont aussi plus enclines à le faire.

 
Le perchoir jetable en carton conçu par Terrena pour ses poulets Nouvelle agriculture © Terrena Innovation
Le perchoir jetable en carton conçu par Terrena pour ses poulets Nouvelle agriculture © Terrena Innovation

 

Avec l’âge, les poulets occupent de plus en plus les niveaux hauts (une cinquantaine de cm), mais la fréquentation décline. Plus la souche est à croissance lente, plus elle se perche nombreuse et longtemps. Les souches à croissance rapide délaissent les supports dès 3-4 semaines. Selon Christine Leterrier, chercheuse à l’Inrae ayant travaillé sur l’ossification des volailles, l’hypertrophie des pectoraux complique la marche de l’animal qui devient de moins en moins mobile et modifie son centre de gravité. Il a du mal à se tenir en équilibre et à sauter.

Si on leur donne la possibilité les poulets standards utilisent des plateformes © Anses
Si on leur donne la possibilité les poulets standards utilisent des plateformes © Anses

Les études montrent que ce poulet va préférer la plateforme ayant de préférence une rampe d’accès. C’est ce qu’ont pu constater Maryse Guinebretière et Alassane Keita, lors d’un essai achevé en novembre dernier à l’Anses de Ploufragan. En résumé, plus le type génétique s’alourdit vite plus le perchoir doit s’abaisser et s’élargir.

Pas d’avantages directs pour l’éleveur

Outre, l’expression des comportements, des chercheurs ont étudié les effets de supports de perchage sur des critères quantifiables comme la réduction des boiteries, la consolidation du squelette, l’amoindrissement des altérations (dermatites diverses, ampoules…), la réduction de la peur et du stress. Leurs résultats sur des poulets sont plutôt en faveur de l’absence d’améliorations significatives. Pour les éleveurs, poser des perchoirs signifie surcoût financier, surtout surcoût de travail et encombrement du bâtiment.

Une plateforme conçue par un éleveur morbihannais avec des palettes de bois et du caillebotis plastique © J. Fillon
Une plateforme conçue par un éleveur morbihannais avec des palettes de bois et du caillebotis plastique © J. Fillon

Un éleveur morbihannais de dinde a cessé d’utiliser les plateformes : « je passais au moins une heure à décaper une plateforme en caillebotis d’environ 4,5 m², sans plus-value au bout du compte. »

Des équipements du commerce sont déjà proposés pour concilier prix, nettoyabilité, légèreté, praticité, robustesse : perchoirs en A en poulet label, barre fixe basse en poulet certifié, plateforme en dinde et poulet à croissance rapide… Pour trouver celui qui convient, les éleveurs vont devoir faire des tests.

La segmentation par le bien-être animal

Alors pourquoi mettre des perchoirs, et combien ? Le sujet dépasse la problématique d’élevage. L’enjeu, c’est l’émergence d’une nouvelle gamme s’ajoutant aux bio, label rouge, certifié, standard. Depuis quinze ans environ, les ONG welfaristes militent pour enrichir les milieux, faire sortir les volailles à l’extérieur, réduire les densités et diminuer les vitesses de croissance. En 2016, une trentaine d’ONG d’Europe ont publié la charte du Better (ou European) Chicken Commitment à généraliser d’ici 2026 sans attendre qu’une législation l’impose. En France, les deux principaux opérateurs français ont proposé leur cahier des charges qui prend en compte une partie de cette charge, notamment le perchage. L’ECC-BCC impose 2 mètres linéaires pour 1000 poulets (ou un m² de plateforme assez large pour positionner deux poulets sur chaque côté). Mais ce chiffre ne fait référence à aucun consensus scientifique.

La prise en compte du bien-être animal en volailles de chair est durablement engagée comme en témoigne depuis 2017 l’étiquetage français sur le bien-être animal, comprenant 5 niveaux décroissants (A à E).

 

 

 

Le système de notation de l’association étiquette bien-être animal (AEBEA) comprend 230 critères, dont le perchage obligatoire. « Pour ne pas ajouter de confusion, nous nous sommes alignés sur la charte ECC-BCC pour le niveau moyen C, explique Aurélia Warin, coordinatrice de l’AEBEA. Et nous avons doublé pour être en A ou B. Idéalement, il faudrait plus, mais c’est déjà une avancée notable. » L’étiquette est déjà en vigueur chez Les Fermiers de Loué (LDC), Les Fermiers du Sud-Ouest (Galliance-Maïsadour), Système U, Carrefour (et ses fournisseurs Fermiers d’Auvergne et Duc en marque distributeur). Le législatif s’en saisit. Le 16 décembre, les ministres de l’Agriculture de l’UE demandent à la Commission de proposer un dispositif volontaire d’étiquetage Bien-être annoncé. Il sera accordé aux produits répondant à des normes plus strictes que la législation et établis sur des critères pertinents, mesurables et vérifiables.

Un enrichissement réussi

Pour la chercheuse Ruth C. Newberry, un enrichissement est réussi en élevage quand il :

Augmente les comportements naturels des oiseaux,
Maintient ou améliore la santé des oiseaux,
Améliore l’économie du système de production,
Est pratique à mettre en œuvre.

 

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