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Le groupe Michel cible les éleveurs de poules bio en vente directe

Avec LV’Direct, le groupe Michel lance une nouvelle offre de produits et de services spécifiquement destinée aux producteurs d’œufs bio commercialisant en direct.

Fabricant d’aliments de bétail initialement basés en Ille et Vilaine, les Ets Michel devenus Groupe Michel ont depuis quelques années fait le pari de la diversification de leur activité de nutrition animale — leur cœur de métier — et d’organisation de la production avicole. Parallèlement à leur forte implication dans la production en filière longue (1) qui reste dominante en volume (près de 900 000 volailles mises en place par semaine), ils ont décidé de renforcer leur présence auprès des éleveurs traditionnels et des revendeurs sur les marchés, ainsi que de s’intéresser à l’aviculture de loisir. Le groupe veut répondre aux multiples attentes des consommateurs en s’impliquant dans quatre domaines : la production conventionnelle (standard et certifiée), la production biologique, les circuits courts et l’agriculture de loisir. Avec pour leitmotiv de « ne pas opposer les systèmes de production, précise Matthias Michel, car ils sont complémentaires. »

Répondre à une demande spécifique

Depuis quelques mois, l’activité circuits courts vient d’être renforcée. La nouvelle offre baptisée LV’Direct vise les éleveurs bio de poules pondeuses qui commercialisent eux-mêmes leurs œufs. « Notre étude de marché préalable a montré qu’il était possible de proposer nos services à de petits élevages pour qui l’œuf est un complément", explique Pierre Benoît, l’ingénieur agricole responsable de la nouvelle activité. Tout juste diplômé de l’École d’agriculture d’Angers (Esa), il connaît bien le sujet. C’est lui qui a porté le projet durant les deux ans de sa formation en alternance chez Michel. Il a ainsi sondé une cinquantaine d’éleveurs pour connaître leurs difficultés et leurs attentes. « Ce sont souvent des élevages récents (moins de dix ans) complémentaires d’une production maraîchère vendue en direct. L’œuf bio (dans 85 % des cas) répond à une demande des clients. » N’ayant pas de difficultés de commercialisation, ces « néoéleveurs » ont appris sur le tas. Leurs nombreuses interrogations portent sur le réglementaire, le sanitaire, la qualité de l’aliment et des poulettes, le suivi technico-économique. Pierre Benoît a donc construit une offre adaptée.

Une offre globale centrée sur la poule

L’accès à ces éleveurs passe d’abord par la fourniture de poulettes bio prêtes à pondre. « Nous proposons des souches à œufs blancs, bleutés, roux ou bruns foncés, livrées en petit volume à partir de 50 oiseaux avec un panachage possible. » Le nombre commandé varie de 50 à 700 poulettes. « Nous leur expliquons bien les cinq mois de délai minimal pour planifier les poulettes, sachant qu’elles sont élevées en âge unique et avec un suivi sanitaire identique aux poules non bio. La quinzaine d’élevages partenaires a l’agrément sanitaire salmonelles. » Chaque lot est aussi audité et le client reçoit le dossier technique complet. Ce qui le rassure et peut être présenté en cas de contrôle. « Nous envisageons aussi de proposer un kit de prélèvement et d’envoi pour le contrôle salmonelle, afin d’inciter ceux ayant moins de 250 poules à le faire », précise Pierre Benoît. Les propositions sont l’aliment bio, sans OGM et enrichi en oméga 3 (certification Bleu Blanc Cœur), en conditionnement adapté (sac, bigbag, vrac) et des produits d’hygiène et de santé, non médicamenteux et certifiés AB. Pour aller plus loin, Pierre Benoît termine la mise au point d’un bâtiment d’élevage fabriqué avec un ancien container maritime. Enfin, un service digital d’accompagnement devrait être construit cette année. La plateforme pourrait concerner les consommateurs qui seront redirigés vers les producteurs (cartographie, site d’éleveur…). Pour les éleveurs, le responsable envisage des informations techniques, sanitaires et réglementaires, de créer un forum de discussion, voire une bourse d’échange d’œufs. « Tout est imaginable mais nous n’interviendrons pas sur la commercialisation des œufs. Nous savons que ces éleveurs tiennent à leur indépendance et à leur liberté d’entreprendre. »

(1) Regroupant les maillons sélection-accouvage, fabrication d’aliments, organisation de la production, élevage et abattage puis transformation.

Recycler un container en poulailler

Avec son concept de poulailler de ponte prêt à l’emploi, LV’Direct boucle son offre de services.

LV’Direct va commercialiser le Kontenœuf, un poulailler de ponte clés en main, fabriqué à partir d’un container maritime usagé de 40 pieds (12 m de long, 2,35 m de large et 2,39 m de haut avant transformation). Le premier prototype réalisé à Plancoët, dans les Côtes-d’Armor, est en cours d’aménagement. Dans quelques semaines, il sera testé chez un éleveur bio du Morbihan.

 

 
L'extrémité de la salle d'élevage peut être ouverte et grillagée, avec les portes latérales et une casquette pour protéger des intempéries © P. Le Douarin

 

Les parois intérieures sont isolées avec du panneau sandwich lavable à haute pression. Sur chaque côté, cinq volets de ventilation haute ont été installés, ainsi qu’une trappe basse pour la sortie vers le parcours. Elle donne accès à un jardin d’hiver de 12 m2 en structure métallique repliable, en option. Ou les poules auront aussi directement accès au parcours. La surface intérieure est de 21 m2, sachant qu’une extrémité du container sera aménagée en sas (stockage d’aliment ou matériel, arrivée du tapis de collecte des œufs).

 

 
L'intérieur, pas encore aménagé, a une surface de 21 m2 au sol. © P. Le Douarin

 

L’autre extrémité pourra être ouverte en journée, tout en étant obturable par deux grilles amovibles.

 

 
Un jardin d'hiver de 12 m2 est dépliable de chaque côté. © P. Le Douarin

 

L’intérieur comprendra une partie nids et une partie perchoirs séparées. 

Pour augmenter le nombre de poules bio à loger, s’ajoutera un caillebotis de 13 m2 surélevé et équipé d’un tapis à fientes. Pierre Benoît a calculé loger jusqu’à 348 poules bio (6/m2), dont 204 sans les deux jardins d’hiver. « Nous souhaitons limiter l’investissement à 35 000 euros, ce qui reviendra à environ 100 euros par poule logée avec 348 animaux. » Enfin, un panneau photovoltaïque relié à une batterie assurera l’autonomie énergétique (éclairage, moteurs de tapis). Une réflexion est en cours pour rendre le container de plus de 4 tonnes déplaçable sur la parcelle (roues et accroche démontables).

Les activités avicoles du groupe Michel

Sur l’exercice 2018-2019, le groupe Michel a fabriqué 800 000 tonnes d’aliments de bétail (+ 3 %), dont 40 % pour la volaille, 10 % pour les ruminants et 50 % pour le porc. Et il a commercialisé 35 millions de volailles vivantes.

- Les aliments des volailles sont fabriqués dans trois usines : 150 000 t chez Michel à Saint-Germain-en-Coglès (35), 120 000 t chez Braud à Ancenis (44) et 30 000 t chez Michel Volailles ouest à Saint-Gérand (56). Une nouvelle usine bio devrait être opérationnelle en 2021 ;

- En filière longue, la production de volailles de chair standard et certifiées est organisée par usine (entités Braud, Michel, MVO), à laquelle s’ajoutent celles des œufs bio (M’Bio), des volailles (Selco) et des poulettes (Aliponte) ;

- En filière courte, L’Élevage de l’Hôtel d’air (22) (ex Gaec de Patrick Roullier racheté en 2018), produit sur 11 000 m2 un million de volailles démarrées (poulettes prêtes à pondre et poulets essentiellement) auquel s’ajoute un million de volailles démarrées (poulets et pintades essentiellement), élevées par des éleveurs partenaires. LV’Direct s’occupe des pondeuses bio.

- En aviculture de loisir, Distrigalli vend des poules et de l’aliment (marques Magalli et Tite Cocotte) aux particuliers (via des jardineries, animaleries, grands magasins de bricolage).

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