Bien-être des volailles de chair
L’Anvol veut faire front commun face à l’Agribashing
L’interprofession de la volaille de chair souhaite reprendre la main pour répondre aux critiques sur les conditions d'élevage, portées par les associations animalistes mais aussi tout récemment par le journaliste très médiatisé Hugo Clément, qui a diffusé sur son compte twitter une vidéo tournée dans un élevage de poulets fournisseurs de Mc Donald.
L’interprofession de la volaille de chair souhaite reprendre la main pour répondre aux critiques sur les conditions d'élevage, portées par les associations animalistes mais aussi tout récemment par le journaliste très médiatisé Hugo Clément, qui a diffusé sur son compte twitter une vidéo tournée dans un élevage de poulets fournisseurs de Mc Donald.
Pour la première année d’existence de l’Anvol, les sujets de préoccupation n’ont pas manqué, notamment les critiques sur les conditions d’élevage. Au point d’en faire le sujet de sa première assemblée générale. Afin d’éclairer le débat, l’interprofession a fait appel à deux experts : le chercheur Jean-Louis Peyraud, qui a exposé pourquoi un monde sans viande était un non-sens, à tous points de vue (sociétal, humain, agronomique, écologique, économique, nutritionnel) et le communicant Hervé Leprince, qui a démonté la mécanique de la principale entreprise antiviande de France. Le chercheur de l’Inra a beaucoup insisté sur la nécessité de « ne plus raisonner en silo » (productions végétales d’un côté et animales de l’autre) et de retrouver une complémentarité entre animal et végétal, pour aboutir à une cohérence territoriale dans un meilleur respect de la durabilité, qui générera une plus-value aux agriculteurs, à leurs filières et bien entendu à la planète.
Comprendre pour dénoncer le risque de dérive antispéciste
Quant à Hervé Leprince, sollicité pour conseiller les professionnels agricoles bretons confrontés aux crises environnementales, il suit désormais les mouvements de protection animale. Leur fonds de commerce réside dans la suppression de la souffrance causée par les systèmes d’élevage et l’abattage. Le communicant distingue trois catégories d’ONG animaliste : les welfaristes réformatrices prônant une amélioration des conditions d’élevage, les végans abolitionnistes de l’élevage, et les antispécistes considérant l’animal à l’égal de l’homme. Ce qu’il dénonce, c’est le Business model de la plus médiatique des ONG végan. Derrière un idéal végan, l’ONG dissimule l’antispécisme et même un changement radical de notre société. Sa stratégie déroulée par étapes progressives : dénoncer (filmer la souffrance et la mort), médiatiser, communiquer pour influencer (via les réseaux sociaux, les écoles…), indigner l’opinion, monétiser ses actions (par la récolte de dons), se développer (62 salariés et 30 000 adhérents en 2018), influencer (l’économie et le politique) pour finalement pousser à légiférer en faveur de ses idées. Cette mécanique bien huilée a jusqu’ici été très efficace, comme peut en témoigner la filière de l’œuf de consommation.
Revenir à une forme de bon sens face à la radicalisation
Néanmoins, il semble que le mouvement s’essouffle. Les extrémistes sont déçus par la loi Egalim qui n’a pas assez pris en compte leurs aspirations. Cela les pousse à plus de radicalité sous la forme d’une désobéissance civile et de la multiplication d’effractions d’élevages. Jean-Louis Peyraud et Hervé Leprince estiment qu’il faut répondre aux critiques « en prenant de la hauteur ». Pour le communicant : « Redonnez du sens à vos activités agricoles et agroalimentaires. Vous vous êtes focalisés sur votre mission qui était de remplir des estomacs, sans vous adresser aux cerveaux. » Il propose de réaffirmer cinq vérités : « Depuis toujours l’Homme est par nature omnivore ; il est aussi un animal mais avec une éthique ; l’élevage apporte une alimentation durable au niveau mondial et il favorise la biodiversité. Enfin, les animaux d’élevage sont une partie indissociable de notre culture. » Hervé Leprince souligne la confiance du consommateur vis-à-vis des produits avicoles français. « Défendez ce capital en lui parlant directement pour contrer une ultraminorité. » Jean-Louis Peyraud souligne « la nécessité de travailler collectivement, toutes filières confondues. Méfiez-vous des initiatives qui risquent de vous diviser, comme celle de l’étiquetage Casino ». Pour répondre, les filières chair ont déjà mis en place des guides de bonnes pratiques et des outils d’audit internes, comme Eva et Ébène, certifiant le « bien élever ». Mais, il faut aller plus loin pour réagir, notamment à la prolifération des étiquetages Bien-être telles que Better chicken (CIWF), Ferme France (distribution et entreprises agroalimentaires), Poulet bien élevé (Casino et ONG) qui bousculent la segmentation par le mode d’élevage (standard, certifié, label rouge, bio). Un groupe de travail, présidé par Jean-Louis Zwick (présent du comité pintade CIP), vient d’être créé de l’Anvol. « Je m’engage à déboucher sur l’établissement d’un socle minimum sur le bien-être. Il repose sur la définition qu’en donne l’organisation mondiale de la santé animale (OIE), mais il faudra aussi englober les bénéfices allant au-delà de l’animal. Cela nous permettra d’aboutir à une communication positive », a précisé Jean-Louis Zwick. Le chantier est vaste et le temps presse.
"Soyez fiers de ce que vous faites"
Loué nouveau partenaire de Casino
Depuis décembre dernier, 200 000 poulets vendus à la marque Casino Terre & Saveurs (produits par Avigers et abattus par FSO) ont comporté un étiquetage bien-être, en plus du logo label rouge. En février, les volailles de Loué ont rejoint la démarche, semant le trouble dans la filière chair. Éric Cachan, président du Synalaf et éleveur de Loué, s’en explique : « Cette démarche a été enclenchée par trois ONG (CIWF, La fondation droit animal, Oaba), et bientôt quatre (Welfarm), et pas par Casino. Elle a été mise en place avec des producteurs (FSO dans le Sud-Ouest). Le référentiel construit depuis deux ans s’appuie sur 230 critères concernant l’ensemble de la filière. Il est contrôlé chez chaque éleveur par un tiers externe, ce qui lui donne une crédibilité certaine. Cette démarche paraît pertinente pour le label rouge qui n’a pas su suffisamment communiquer sur le bien-être. Nous devons saisir l’opportunité de reprendre la main avec des ONG constructives, car ne pas répondre aux sollicitations c’est prendre le risque d’avoir tout le monde en travers de notre route. Enfin, nous ne cherchons pas à dénigrer les autres modes de productions. »