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La génétique des poulets colorés Sasso séduit en Afrique

À travers Sasso, son activité volaille traditionnelle, le sélectionneur Hendrix Genetics valorise en Afrique et en Asie le patrimoine génétique des poulets colorés « made in France », alliant rusticité et performances.

Partout dans le monde, le poulet à plumage blanc et à croissance rapide est le produit standard par excellence. C’est lui qui répond le mieux aux marchés de la viande « minerai » fournie à un prix ultracompétitif. Mais, de nombreux pays perpétuent encore une production de poulets colorés, en proportions variables selon les continents.

Par exemple, avec des consommateurs friands de volailles plus goûteuses, le segment coloré pèse environ 50 % du marché au Vietnam et en Chine. Partout traditionnelle et moins intensive, cette production est réalisée avec des races locales ou bien des souches sélectionnées, comme celles de la Sasso.

« Nous sommes uniquement spécialisés dans la génétique des souches colorées à croissance lente ; et reconnu comme tel au niveau mondial », affiche Édouard Perrault, le directeur commercial. Sasso a fait le choix de ne se consacrer qu’à la génétique de la croissance lente. « Nous n’avons plus l’intention de sélectionner pour produire un poulet 'intermédiaire', issu d’une femelle à croissance lente croisée avec un mâle à croissance rapide. » Cependant, Sasso continuera ses ventes de parentales pour ces marchés.

Un débouché qui s’est mondialisé

Initiée en 1989 par Yves de la Fouchardière son directeur de l’époque et amplifiée par son successeur Louis Perrault depuis 1996, l’exportation connaît une forte croissance depuis trois ans. « Après avoir été un sélectionneur français majoritairement dédié au marché du label rouge, Sasso est devenu un sélectionneur pour le marché mondial », précise Édouard Perrault.

Son slogan n’est plus « sélection, tradition, innovation », mais « colors your world ». Le mouvement s’est accéléré depuis 2017 avec son intégration dans le groupe Hendrix Genetics, sélectionneur mondial multiespèce (hormis en poulet de chair jusqu’alors). Le chiffre d’affaires de la marque Sasso a ainsi doublé en quatre ans, avec 90 % réalisés hors de France.

« Les produits génétiques que nous développons pour le label rouge collent parfaitement aux attentes de qualité et de production de ces marchés. » Par rapport aux races autochtones, les poules parentales Sasso donnent plus de poussins aux accouveurs et de performances aux producteurs. Atout supplémentaire, ces poules laissent apparaître le phénotype des mâles sur les produits terminaux.

Le potentiel est en Afrique et en Asie

L’Afrique et l’Asie constituent le marché du futur, du fait d’une démographie forte et croissante, ainsi que de cultures favorables au poulet coloré de qualité. De plus, en Afrique subsaharienne, le niveau de consommation de viande est faible. Ne disposant de moyens modernes de production, une part élevée de la population encore rurale et pauvre pratique l’élevage traditionnel.

« Notre succès en Afrique réside aussi dans le développement d’un concept allant au-delà de la génétique. » Les accouveurs de l’ouest du continent commencent à appliquer le système de production de volailles démarrées éprouvé à l’Est. Ils fournissent les poussins avec le support technique, les vaccins et les aliments à des agents. Ce sont majoritairement des femmes, d’où leur nom de Mother unit. Celles-ci élèvent quelques centaines à quelques milliers de poussins, qu’elles revendent ensuite en petit nombre. Ce dispositif réduit considérablement la mortalité chez les producteurs et les coûts de distribution. Ce modèle de développement et d’amélioration de l’aviculture traditionnelle a séduit la Fondation Gates, donateur du projet.

 

 

 

Se protéger du risque influenza aviaire

Depuis l’intégration par Hendrix Genetics, deux installations de production de grands-parentaux ont été bâties au Brésil au sein de l’activité pondeuse. « Aujourd’hui, les livraisons vers l’Afrique proviennent à parts égales de la France et du Brésil », détaille Édouard Perrault.

Pour pérenniser durablement l’activité en cas d’épizootie d’influenza aviaire en France ou en Afrique, il fallait diviser le risque. Les précédents dirigeants avaient eu le « nez creux » en créant des installations de sélection isolées au cœur de la forêt landaise. En revanche, l’activité commerciale peut être perturbée si certains pays interdisent l’importation d’animaux vivants.

C’est ce qui a incité le sélectionneur à obtenir le statut de « compartiment » validé par un agrément européen. Ses installations françaises répondent aux recommandations biosécurité de l’OIE. « Nos deux sites de Sabres (Landes) et de Soulitré (Sarthe) sont compartimentés, de sorte que nous pouvons exporter en cas d’influenza. »

Grâce à des ventes en hausse de 50 % depuis deux années, les dirigeants commencent aussi à déconcentrer le site landais comprenant couvoir et animaux (lignées en sélection et grands parentaux GP). Soulitré reste la principale base d’expédition des poussins parentaux par avion. À terme, les ressources génétiques seront réparties sur trois continents (Brésil, Canada et France). « Mais rassurez-vous, conclut Édouard Perrault, la Sasso conservera encore longtemps son ADN et son savoir-faire landais. »

 

Des critères de sélection élargis

Le sélectionneur adapte ses produits parentaux aux conditions subtropicales

« Nous devons écouter les marchés mondiaux pour établir nos objectifs de sélection » estime Édouard Perrault, le directeur commercial. Soixante-dix pourcents des débouchés étant en zone tropicale avec des conditions d’élevage souvent non optimisées, les clients souhaitent un poulet de type 4x4 plutôt qu’une Formule 1.

La résistance à la chaleur et la rusticité sont donc tout aussi importantes que les performances zootechniques. « Nous avons participé à la construction d’un centre de sélection de mâles locaux au Burkina Faso. Depuis deux ans, nous y testons la résistance des frères et des sœurs des pedigrees élevés en France. Les conditions dépassent souvent et longtemps les 40 °C. Cette sélection aura des retombées en France où la chaleur pose un problème trois mois par an. »

Parallèlement, la sélection se poursuit sur le rendement carcasse, plutôt que sur la conformation maximale. La mesure de l’indice de consommation des animaux pedigree est désormais réalisée dans une station collective. Des caméras permettent aussi d’étudier les comportements individuels des volailles équipées d’accéléromètres.
 

 

 

Les dates clés de Sasso

1978 : naissance de la Sélection avicole de la Sarthe et du Sud-Ouest, à l’initiative des organisations label rouge des Landes et de Loué, et installation chez l’accouveur Serge Perrault à Thil (Haute Garonne) ;

1983 : déménagement sur un site neuf à Sabres (Landes) ;

1984 : Yves de la Fouchardière prend la direction ;

1986 : lancement de la première poule pedigree, blanche, naine et « pivot » (récessive, elle laisse passer le phénotype du mâle) ;

1989 : lancement de l’activité export ;

1990 : création du couvoir et du site de grands parentaux de Soulitré (Sarthe) ;

1996 : Louis Perrault prend la direction ;

2017 : Entrée dans le groupe Hendrix Genetics et obtention du « compartiment biosécurité » ;

2018 : création de sites GP au Canada et au Brésil et nomination de Laurent Salles à la direction générale ;

2020 : démarrage de la modernisation de Soulitré.

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