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Investir pour bien accueillir les ramasseurs de volailles

Éleveurs de volailles sous label rouge, les frères Capitaine ont créé un local permettant à leur équipe d’intervention de se préparer et de se reposer dans de bonnes conditions.

Depuis le mois d’avril, un nouveau local de 16 m2 est opérationnel chez les trois associés de la famille Capitaine, composée de Yann, de sa femme Véronique et d’Erwan son frère benjamin, installés à Pommerit-le-Vicomte dans les Côtes-d’Armor. Il a été placé de manière à être un passage obligatoire pour les visiteurs devant accéder aux six bâtiments label rouge répartis par deux sur le site d’élevage.

« Nous voulions avoir un local suffisamment grand pour conserver tous les documents, mais surtout pour accueillir correctement les ramasseurs », explique Yann Capitaine. Chaque bâtiment d’élevage possède son sas sanitaire, suffisant pour une à deux personnes mais pas assez grand pour permettre à six personnes de s’y changer à l’aise.

Son frère Erwan, qui a été ramasseur dans l’entreprise qu’ils emploient, témoigne de conditions d’accueil parfois difficiles. « Se changer dans le véhicule (NDLR : ce n’est plus permis désormais) ou dehors par tous les temps n’était pas exceptionnel, tout comme casser la croûte dehors ou à l’étroit dans le magasin. Après, il ne faut pas s’étonner si les entreprises n’arrivent plus à trouver du personnel », commente-t-il.

Il déplore également la perte de la convivialité entre éleveurs et équipes. « Parfois, on n’avait même pas un café ou on ne voyait pas l’éleveur ou en coup de vent. Chez nous, on offre systématiquement le casse-croûte à la maison. »

À chacun son rôle et sa place dans le respect

Ces éleveurs estiment qu’il faut respecter chaque intervenant « quel que soit son grade ». En retour, ils comptent être respectés, eux et leurs volailles. « Comment ferait-on sans les ramasseurs ? L’entraide, c’est terminé. »


L’autre intérêt est évidemment sanitaire. Les intervenants laissent leurs tenues de ville en dehors des sas sanitaires, ce qui limite le risque de transmission croisée. Les vêtements réservés à leur intervention sont fournis par leur entreprise, mais pas les chaussures. Cela fait partie de sa prestation, ainsi que d’avoir des véhicules propres, à l’intérieur comme à l’extérieur, notamment lors de l’épizootie d’influenza. « Nous faisons entièrement confiance à l’équipe, assure Erwan. On s’occupe du sanitaire et de l’accueil chez nous. À l’entreprise de gérer la protection sanitaire de son personnel. » Les éleveurs ont bien compris l’exigence du sanitaire au quotidien. « Même en label, on n’a ni le choix ni le droit à l’erreur, d’autant que l’on devient des professionnels à part entière, avec des sites plus grands."

Également maraîchers et pratiquant la vente directe des légumes sur les marchés, les trois Capitaine ont bien conscience de l’enjeu commercial. « Il faut être une vitrine pour les entreprises avec lesquelles nous travaillons. » L’investissement dans ce local de quatre mètres sur quatre s’élève aux environs de 3 000 euros. C’est peu au regard de la praticité et du confort que cela apporte. « Nous avons aussi prévu d’installer d’ici l’automne une plateforme de désinfection attenante pour les véhicules du technicien et vétérinaire, les plus à risque. »

 

Un recrutement de plus en plus difficile

Depuis l’épizootie d’influenza, Brigitte Trémel a durci les précautions sanitaires de son entreprise de ramassage des Côtes-d’Armor qui compte 25 salariés. « Je nettoie mes cinq camions — intérieur et extérieur — presque quotidiennement. Mes gars ont interdiction de s’y changer afin de ne pas colporter des microbes d’un élevage à l’autre. Pendant la période critique, le véhicule était désinfecté à l’entrée et à la sortie de l’élevage. »

Brigitte n’habille pas son personnel des pieds à la tête, leur laissant le soin des chaussures. Elle aimerait bien, mais cette profession rapporte peu à ses patrons et à ses salariés. Ceux-ci touchent environ 11 euros nets de l’heure pour au maximum 100 heures de travail hors transport par mois. « Ils méritent plus, mais les éleveurs auraient du mal à donner plus. » (1)

Depuis 17 ans qu’elle fait ce métier, comme ramasseuse puis comme patronne, Brigitte n’a jamais manqué de travail, « mais j’ai de plus en plus de difficultés à trouver du personnel. J’ai dû embaucher des Roumains, dans les mêmes conditions que les Français », souligne-t-elle. Dans ces conditions, l’accueil par l’éleveur est très important. Tout comme l’exemple qu’il donne.

Difficile de faire respecter des règles d’hygiène si presque rien n’est prévu. « Le minimum c’est au moins de l’eau, du savon et des serviettes, résume la dirigeante. On aimerait bien aussi avoir des toilettes, finit-elle par lâcher, même si j’ai de moins en moins de femmes pour faire ce travail, de plus en plus physique, du fait de l’alourdissement des poulets."

(1) Transport compris, l’heure leur est facturée 27 euros.

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