Influenza aviaire: le gouvernement fixe un nouveau cadre sanitaire
Après quarante réunions de travail et des mois de concertation, le ministère de l'Agriculture a présenté, jeudi 8 juillet, le nouveau plan anti-influenza pour l’amont des filières avicoles, qui est applicable sans délai.
Après quarante réunions de travail et des mois de concertation, le ministère de l'Agriculture a présenté, jeudi 8 juillet, le nouveau plan anti-influenza pour l’amont des filières avicoles, qui est applicable sans délai.
Alors qu’un foyer était déclaré ce jour dans une basse-cour du Loiret, Julien Denormandie a annoncé la signature par toutes les parties prenantes du nouveau plan sanitaire qui vise à anticiper, prévenir et gérer une quatrième crise sanitaire liée à des virus influenza devenus endémiques dans l’avifaune sauvage.
Les mesures se sont considérablement étoffées et affinées par rapport à celles de 2017, basées sur le suivi partiel des mises en place et des mouvements (avec contrôle antigénique) et sur la claustration obligatoire, mais rendue partielle par une dérogation permettant d’avoir jusqu’à 3200 animaux présents dehors.
Quatre mesures urgentes
Quatre dispositions sont considérées comme urgentes et impérieuses. « Le timing est très serré, a concédé Francis Geyger le coordonnateur du plan, mais nous le tiendrons. »
Mesure la plus emblématique et la plus débattue, la claustration avec dérogation devient une mise à l’abri obligatoire sans dérogation, mais avec des adaptations selon le mode d’élevage et l’espèce.
Préalablement, Julien Denormandie avait pris soin de souligner son attachement à tous les systèmes de production et d’évoquer des décisions s’adaptant à la réalité tout en s’appuyant sur l’expertise scientifique.
Six catégories sont définies selon l’espèce et le système de valorisation : canards Pag en bâtiment fermé (à 6/m2 maxi), Pag en abri léger (4/m2), Pag en élevage autarcique avec petit bâtiment (parcours sous filet, 2/m2) ou oies reproductrices, galliformes en petit élevage autarcique ou sous signes de qualité (parcours avec filet), gibier sous filet intégral, autres volailles en bâtiment fermé. Chaque catégorie se voit attribuer une liste de prescriptions (détaillées dans le tableau téléchargeable). Les moyens matériels seront différenciés après «analyse de risques» indique le ministère.
Troisième mesure, la déclaration des mises en place et mouvements d'animaux devient obligatoire et se fera par moyen numérique (fin des déclarations Cerfa) de manière à être sûr d’avoir tous les cheptels et gagner du temps en cas d’enquêtes à réaliser lors d’un foyer.
Troisièmement, abandonnant la notion de zones à risques particulier liées à la circulation de l’avifaune sauvage dans les zones humides, le gouvernement va créer par décret des Zones à risque de diffusion (ZRD) dans les régions les plus denses en élevage et en volailles (toutes espèces confondues).
Si un virus s’y introduit, c’est là qu’il a le plus de « chance » de diffuser. Une cartographie a été définie avec deux grandes zones, une en Pays de la Loire, l’autre dans le sud-ouest recoupant les zones atteintes en 2021.
Lors des périodes à risque influenza élevé, ces zones seront soumises à des réductions de densité en palmipèdes uniquement, et à un renforcement des mesures de biosécurité liées aux transports. Ces dispositions seront du ressort d'un accord interprofessionnel à venir.
Quatrième mesure : le bâton. Les indemnisations d’abattages sanitaires seront conditionnées au respect de la réglementation, sous entendu pas de compensation pour celui qui n'aura pas coché toutes les cases...
Plan d’actions à long terme
Ce cadre sanitaire s’accompagne d’un renforcement de la biosécurité, étendue à tous les intervenants entrant dans les élevages.
Les mesures ne se cantonnent plus à des intentions. Un certificat de biosécurité de chaque élevage va être mis en place avec un audit vétérinaire, lui même vérifiable sur site par un agent des services vétérinaires. Les éleveurs vont être formés à l’observance des règles de biosécurité.
Finalisées cet été par des mesures réglementaires et interprofessionnelles, ces mesures seront complétées par un plan d'action qui s'étalera sur plusieurs années. Il est également prévu une révision en mars 2022, à l’issue de la période à risque.