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Hygiène en volailles : Contrôler souvent son eau de boisson est payant

Pour inciter ses éleveurs à se préoccuper régulièrement de leur eau de boisson, l’organisation de production Nouri’Vrai a adopté la démarche Aqua’Expert proposée par Synthèse Élevage.

Analyser, corriger, contrôler et enregistrer avec la démarche Aqua'Expert lancée par Synthèse Élevage.
Analyser, corriger, contrôler et enregistrer avec la démarche Aqua'Expert lancée par Synthèse Élevage.
© P. Le Douarin

Après l’air et avant l’aliment, l’eau est le second élément indispensable à la bonne vie des oiseaux. Pourtant, « en moyenne à peine la moitié des bâtiments avicoles font l’objet d’une analyse bactériologique annuelle de leur eau de boisson, assure Jean-Luc Chambin de Synthèse Élevage. Et pour ceux analysés, la moitié a une eau de boisson non conforme ». Autrement dit, la très grande majorité des bâtiments d’élevage n’offre pas de conditions satisfaisantes d’abreuvement.

Cette situation n’est pas nouvelle, comme si les éleveurs estimaient que l’eau est naturellement saine, sachant que beaucoup font confiance à leur équipement de désinfection mais que peu le contrôlent. « Les éleveurs perdent entre 10 et 15 % de leur marge poussin-aliment à cause de la qualité dégradée de leur eau de boisson » selon le vétérinaire Éric Châtaigner (groupe Chêne Vert).

Faut-il se contenter de cela et continuer à élever avec de l’eau de qualité moyenne, voire médiocre ?

Aurélie Préhu, responsable de l'OP Nouri'Vrai. « La réduction de l’usage des antibiotiques passe par un meilleur management de l’élevage. On peut aider les ...
Aurélie Préhu, responsable de l'OP Nouri'Vrai. « La réduction de l’usage des antibiotiques passe par un meilleur management de l’élevage. On peut aider les éleveurs à améliorer l’eau de boisson. » © P. Le Douarin

 

Aurélie Préhu, responsable de l’organisation de production Nouri’Vrai dans la Sarthe, a décidé que non. « Depuis plusieurs années, nous travaillons à la réduction de l’usage des antibiotiques. Cela passe par un meilleur management de l’élevage, soutient-elle. L’eau est un point important à améliorer et on peut aider les éleveurs. En 2021, nous avons été intéressés par l’idée de Synthèse Élevage de mettre en place une collaboration structurée impliquant l’éleveur, le technicien et un vétérinaire. »

De gauche à droite : Émilie Herviou (Synthèse Élevage), Aurélie Préhu, Éric Chataigner (Chêne Vert), Mickael Jousse et Jean-Luc Chambin

Une démarche en quatre phases

Aqua’Expert se déroule en quatre phases : prélever, analyser, interpréter et conseiller, modifier et contrôler.

Analyser son eau de boisson une fois par an c'est bien mais pas suffisant.
 

Chez Nouri’Vrai, la campagne 2023 de prélèvements d’eau s’est achevée mi-mars. Quatre mercredis à suivre, le technicien d’élevage est allé faire les prélèvements au point d’arrivée (eau du réseau y compris) et en bout de ligne de chaque bâtiment abritant des animaux.

Les eaux ont été ensuite analysées dans un seul laboratoire (Bio Chêne Vert). Puis les résultats ont été centralisés par Synthèse Élevage qui les fait interpréter par Éric Châtaigner, vétérinaire partenaire de la démarche.

Mi-avril, l’équipe technique de Nouri’Vrai a fait le point avec le vétérinaire pour examiner chaque résultat. L’échange permet d’établir un projet de plan de progrès personnalisé que chaque technicien va proposer et discuter avec ses éleveurs. Ils peuvent être accompagnés par Florian Morin de Synthèse élevage. « Les conseils d’amélioration sont progressifs et tiennent compte de l’existant. Il n’est pas question de demander de tout changer pour se rééquiper à neuf », souligne Éric Châtaigner.

Pour fédérer les éleveurs dans cette démarche collective, une réunion annuelle de restitution sera organisée avant l’été, pour rappeler les bonnes pratiques et pour faire le bilan des progrès.

Rendre le contrôle régulier

En plus des actions correctrices, un contrôle hebdomadaire de la présence de biocide a été préconisé. Sans contrôle régulier, comment savoir si la qualité de désinfection est au rendez-vous ? Synthèse Élevage fournit aux éleveurs des bandelettes de vérification du pH et du taux de biocide utilisé (chlore actif ou peroxyde). Pour se situer, il suffit de les tremper et de comparer la couleur obtenue à celles d’un nuancier.

Analyser, corriger, contrôler et enregistrer avec la démarche Aqua'Expert lancée par Synthèse Élevage.

Les éleveurs peuvent aussi reporter ce résultat sur l’Appli Aqua’Check, consultable par leur technicien et le vétérinaire mandaté, lesquels réagiront si la situation se dégrade. Sur ce point, Aurélie Préhu concède qu’il existe des marges de progrès, les éleveurs oubliant d’entrer les informations. « Cette traçabilité pourrait nous être utile pour certains cahiers des charges de clients nous demandant de plus en plus de prouver ce qu’on annonce. »

Un outil qui pousse à s’améliorer

En moins de deux ans, cette démarche collective et individualisée porte ses fruits. Le taux de lots de volailles du quotidien non traités par des antibiotiques est passé de 39 % à 55 % avance Aurélie Préhu, et de 70 à 87 % en volailles de qualité. « L’impact est plus important en production de dinde », souligne-t-elle, probablement en raison d’une plus grande sensibilité digestive.

Aujourd’hui, l’eau est un sujet régulièrement débattu aux réunions du service technique Nouri’Vrai. « Grâce à la démarche Aqua’Expert qui nous met 'la pression', l’eau de boisson n’est plus la grande oubliée. »

« J’ai eu moins d’entérites et je traite moins »

Après seulement trois lots de dindes produites depuis le démarrage de l’action de sesnibilisation à la qualité d'eau de boisson lancée par son groupement Nouri'Vrai, Mickaël Jousse constate que le sanitaire de ses dindes s’améliore.

 

 

Mickaël Jousse produit de la dinde depuis 2001 à Neuville-sur-Sarthe, au nord du Mans, avec trois poulaillers que ses parents ont fait construire en 1977 (deux de 700 m²) et en 1989 (1 200 m²), et qu’il a rénovés.

Entré dans la démarche Aqua’Expert début 2022, Mickaël Jousse constate une amélioration des performances sur le troisième lot sorti. « Je me situe dans les performances standard du sélectionneur. Sur ce dernier lot, j’ai alourdi mes dindes femelles de 150 g à 200 g et je n’ai plus du tout d’entérites. J’ai aussi moins soigné avec des antibiotiques. » Les trois bâtiments ont été traités au 1er lot de 2022, un seul au lot suivant ainsi qu’au troisième achevé au printemps.

L’éleveur utilise l’eau d’un puits qu’il désinfecte. Quand la première campagne d’analyses a été lancée, l’eau était contaminée aux entérocoques en bout de ligne dans deux des trois bâtiments. Le vétérinaire a suspecté un défaut de désinfection, lié à l’équipement ou au biocide (du peroxyde d’hydrogène). « Cela m’a permis de voir que le tuyau acheminant le peroxyde était percé après la pompe doseuse et qu’il se perdait en partie. »

Penser à s’occuper de son eau

En plus de cette réparation, Mickaël est passé à la chloration par des comprimés de DCCNa à diluer. L’eau traitée alimente aussi la maison d’habitation. « Si l’eau est consommée par la famille, il est préférable de ne pas employer un biocide très oxydant », conseille Éric Châtaigner.

L’éleveur a aussi fait décaper ses canalisations avec de l’air et de l’eau sous pression avec l’appareil mis à disposition par Nouri’Vrai. « Il y a eu un énorme rejet de dépôts noirâtres, mais c’est paraît-il normal la première fois », commente Mickael Jousse.

Chaque semaine, l’éleveur a pris aussi l’habitude de contrôler le pH et l’excédent de biocide avec des bandelettes. « Ce contrôle régulier oblige à s’occuper de son eau. En revanche, je renseigne peu l’appli Aqua’Check qui permet au technicien et au vétérinaire de me suivre. » Il préférerait l’indiquer sur la fiche d’élevage numérique qu’il renseigne sur l’appli de Nouri’Vrai.

 

Qui est Nouri’Vrai

Constituée en organisation de production depuis 2011, l’entreprise sarthoise Nouri’Vrai travaille sous contrat avec cinquante éleveurs de volailles, essentiellement en poulets et dindes du quotidien, mais aussi vingt-et-un en label rouge de l’Orléanais. Totalisant 105 000 m², ils sont situés à l’est de la Sarthe et sur les départements limitrophes (Orne, Eure et Loir, Loir et Cher).

Propriété du groupe LDC, Nouri’vrai est issue de la fusion entre les Aliments Richard (de Bessé sur Braye) et Huttepain Bouix (de Piacé). Elle produit 150 000 tonnes par an d’aliments pour porcs, volailles, ruminants et lapins.

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