[Mise à jour ] Grippe aviaire : Point de situation en France au 23 décembre
Omniprésente en France, la très forte menace de contamination des volailles par un virus H5N1 hautement pathogène pousse les autorités à « taper fort ». Bilan des premières semaines de la saison 2021-2022.
Omniprésente en France, la très forte menace de contamination des volailles par un virus H5N1 hautement pathogène pousse les autorités à « taper fort ». Bilan des premières semaines de la saison 2021-2022.
Ce jeudi 23 décembre Julien Denormandie était l’invité matinal de la radio RMC. Il a notamment confirmé ce que laissait comprendre un communiqué de presse après l’apparition du premier foyer d’influenza H5N1 dans le Gers.
Les autorités ont pris la décision de réaliser des abattages préventifs autour des foyers index afin de prendre une longueur d’avance sur les virus H5N1 qui semblent plus contagieux que les H5N8 de l’an dernier. Il s’agit d’éviter la vague partie de l’ouest des Landes en 2020-2021. Souvenons-nous qu’à la même période, le H5N8 commençait à se répandre et qu’il a débordé le dispositif de lutte entre Noël et Nouvel an.
Selon le service de presse du ministre, " sont abattues préventivement toutes les volailles dans un rayon de 1 km autour du foyer, tous les palmipèdes et les galliformes en plein air dans un rayon de 3 km. Le zonage est calculé sur la base de distances." Quant l'interprofession, elle précise que "les volailles situése dans le rayon des 3 km peuvent être valorisées après une analyse négative."
Cette décision est aussi confortée par la diffusion massive du virus sur l’ensemble du territoire
Un virus qui s’est largement répandu
Dans son bulletin hebdomadaire de veille sanitaire du 21 décembre, la plateforme ESA (Epidémiosurveillance Santé animale) rappelle que « les couloirs de migration qui traversent le territoire métropolitain sont fortement contaminés », que ce soit celui longeant la mer du Nord, la Manche et la façade Atlantique et celui descendant par la Saône puis la vallée du Rhône. « La menace est présente dans chaque département. »
Pour mémoire, trois foyers à virus H5N8 ont été déclarés en France au mois de septembre sur des basses-cours à la suite d’introductions de volailles contaminées en provenance de Belgique. Il s’agissait de « restes » de l’épizootie de 2020-2021.
Depuis septembre également, les volailles devaient être confinées dans les zones à risque particulier (puis à risque de diffusion en octobre) et la mesure a été étendue à tout le territoire le 4 novembre avec le passage en risque influenza élevé.
Faune sauvage depuis début novembre
Prises au vu du contexte sanitaire européen (cas en Allemagne, Pays Bas et Royaume Uni), ces décisions se sont révélées pertinentes, au regard des événements qui ont suivis, à commencer par l’avifaune.
Dans la région Grand-Est quelques jours plus tard ( à partir du 9 novembre), de nombreuses mortalités ont commencées à être découvertes, particulièrement en Lorraine. Des centaines d’individus d’espèces différentes (cygnes, oies cendrées, bernaches, grues, aigrettes) furent trouvées depuis.
Le Morbihan a été touché le 20 novembre à Languidic, en pleine zone d’élevage avicole avec deux oies captives confirmées H5N1 début décembre.
L’Ain a été atteint à Birieux avec plusieurs oiseaux sauvages découverts depuis le 27 novembre. Une autre commune de la Dombes (Bouligneux) a trouvé un cygne mort le 9 décembre.
Dans l’Aude le 14 décembre, la réserve africaine de Sigean a constaté plusieurs mortalités sur ses pélicans. Le parc a été fermé au public pour plusieurs semaines.
Au 21 décembre, la plateforme ESA comptabilisait 15 foyers « autres que volailles » déclarés depuis le 28 août 2021.
CARTE interactive européenne des foyers (réalisation Réussir Volailles)
Elevages commerciaux atteints en décalage
Comme cela a été souvent constaté par la passé, les détections de foyers sont apparus en décalage, le temps que les possibilités de contact virus-volailles se fassent par des vecteurs divers. Du personnel ou du matériel peut être en contact avec un environnement fortement contaminé et lui-même contaminer le troupeau mis à l’abri.
Le premier « cluster » s’est formé dans le département du Nord à partir du 21 novembre. Le site de 160 000 poules de Warhem est situé en zone humide. D’autres cas (poules repros, poulet, dinde) se sont déclarés ensuite (8 au total au 18 décembre) dans un périmètre restreint (moins de 10 km), auxquels il convient d’ajouter un foyer côté belge à 14 km de Warhem.
Le second « cluster » s’est déclaré dans le Gers à partir du 14 décembre. Le foyer de Manciet est proche d’étangs. Partageant du personnel avec deux autres élevages de canards, l’un d’eux a été confirmé positif à Sainte Christie d’Armagnac. Au 22 décembre, deux autres foyers ont été détectés à Eauze et à Sainte Christie d’Armagnac. Distantes d’une quinzaine de km, ces deux communes touchent Manciet. Ce secteur n’est pas classé en zone de diffusion, néanmoins les autorités ont décrété l’abattage préventif des canards de 5 élevages situés à moins de 3 km du foyer de Manciet. On a appris ce 23 décembre qu'un des cinq situé à Manciet avait été contaminé.
Le troisième cluster est apparu le 16 décembre à la limite des Landes et des Pyrénées atlantiques, entre Hastingues (40) et Came (64). A Hastingues l’élevage de canards est situé dans un secteur récemment inondé et où des oiseaux sauvages ont été observés. L’élevage de Came a été détecté le 18 décembre. Selon la plateforme ESA, ces deux élevages sont des autarciques qui n’avaient pas respecté les prescriptions réglementaires de mise à l’abri. A Came, un second élevage s’est révélé positif le 22 décembre.
Selon notre décompte, la France dénombrait 16 foyers d’influenza aviaire du 21 novembre au 22 décembre : 8 dans le Nord, 5 dans le Gers, 1 dans les Landes et 2 en Pyrénées atlantiques.