Grippe aviaire : Les 4 scénarios vaccinaux envisagés
Troisième arme contre les épizooties d’influenza aviaire avec la biosécurité et la dédensification, la vaccination sera sans doute mise en œuvre cet automne, avec une stratégie encore en réflexion.
Troisième arme contre les épizooties d’influenza aviaire avec la biosécurité et la dédensification, la vaccination sera sans doute mise en œuvre cet automne, avec une stratégie encore en réflexion.
Le 6 avril, jour de la publication de l’avis scientifique de l’Anses sur la stratégie vaccinale contre l’influenza aviaire (voir encadré), le ministère de l’Agriculture a confirmé son objectif de commencer à vacciner à l’automne. D’ici là, le comité de pilotage du plan d’action va examiner sous l’angle économique les trois scénarios proposés par l’Anses. Il affinera les évaluations d’un groupe de travail de la profession qui a chiffré les coûts entre 35 et 350 millions d’euros, en fonction des productions et des périmètres ciblés (voir la synthèse de ses évaluations ci dessous).
L’aspect financier est une des inconnues de l’équation. Le principal coût concerne les frais de contrôles et de surveillance, plus élevés avec les espèces à vie longue et de petits lots avec des coûts fixes au cheptel. Pour le canard à foie gras, le chiffrage du Cifog oscille entre 1 et 6 euros de vaccination et de surveillance par animal ! Cette interprofession et les autres (Anvol, CNPO) demandent que l’intégralité des coûts soit prise en charge par l’État, qui jusqu’à présent a communiqué sur le financement « d’une part du coût ».
Préserver les exportations de toute nature
La seconde inconnue de l’équation concerne la réaction des pays destinataires des produits français variés (génétique, œufs à couver-poussins, œufs-viandes de consommation, coproduits, foie gras et produits transformés…). Le ministère a prévu des échanges bilatéraux pour convaincre du bien-fondé de sa stratégie et rassurer.
Depuis des mois, les interprofessions demandent un renforcement des contacts, à commencer par le recrutement de personnel. Ce qui a été fait récemment. À la décharge des autorités, il était difficile de communiquer en l’absence d’une stratégie définie.
Jusqu’à présent, aucun pays exportateur n’a vacciné dans le monde. Paul Henri Lava, de l’association européenne des abatteurs (Avec), souligne « qu’une quarantaine de pays fermeront certainement leurs frontières (Japon, Chine, Inde, Arabie saoudite…). » D’autres, y compris Européens, seront à l’affût des réactions et des aubaines qui pourraient se présenter.
C’est pour cette raison que l’interprofession des volailles insiste sur « la protection des exportations » et que le Cifog milite pour une vaccination limitée à six mois par an (octobre à mars) afin d’organiser les échanges hors période vaccinale. De même, le syndicat des accouveurs (Sna) n’envisage aucunement de vacciner.
Trouver les ressources pour vacciner
Enfin, il reste aussi à organiser concrètement les vaccinations et les contrôles. Concernant les vaccins, l’État a annoncé une « précommande » de 80 millions de doses aux laboratoires, ce qui correspond aux besoins pour les populations de canards mulards et Barbarie. Et d’ici septembre-octobre, tout reste à faire pour trouver des vaccinateurs (une à deux interventions par animal en élevage) et des contrôleurs (techniciens, vétérinaires), ainsi qu’équiper si besoin les couvoirs qui pratiqueront les injections à un jour.
Les trois scénarios de l’Anses
Les experts de l’agence sanitaire recommandent d’activer trois scénarios en fonction des moyens disponibles. Rappelant l’endémisation très probable, ils recommandent de vacciner quelle que soit la zone géographique.
Scénario 1 : priorité aux reproducteurs (sélection et multiplication), toutes espèces confondues, afin de préserver le potentiel génétique et la capacité à remettre en place des animaux après l’épizootie.
Scénario 2 : aux reproducteurs s’ajoutent les palmipèdes gras, ainsi que les volailles en plein air les plus à risque (palmipèdes de chair, dindes, poulettes bio) pour limiter l’importance des épizooties.
Scénario 3 : la vaccination est élargie aux autres volailles plein air (chair et ponte), aux palmipèdes et aux dindes en claustration.
La vaccination d’urgence et celle des volailles de chair à durée de vie courte ont été exclues, sachant que l’immunité s’installe en trois à quatre semaines.