Grippe aviaire : la vaccination bientôt en essai
L’expérimentation de deux vaccins candidats protégeant les canards de l’influenza aviaire HP doit prochainement débuter sous le contrôle de l’Anses, de l’Inrae et de l’École vétérinaire de Toulouse (ENVT).
L’expérimentation de deux vaccins candidats protégeant les canards de l’influenza aviaire HP doit prochainement débuter sous le contrôle de l’Anses, de l’Inrae et de l’École vétérinaire de Toulouse (ENVT).
Devant commencer ce printemps, l’étude sur la vaccination des palmipèdes répond au besoin scientifique de mieux connaître leurs réponses immunitaires. « Elle n’augure en rien des décisions politiques qui seront prises à l’issue de ces travaux, ni des stratégies techniques, quand bien même les conclusions seraient jugées très positives », a prévenu Nicolas Etéradossi, directeur de l’antenne Anses de Ploufragan aux Journées de la recherche avicole.
L’étude comprend deux phases très cadrées, l’une en élevage contrôlé, l’autre en animalerie protégée. En élevage, seront notamment vérifiées la faisabilité pratique de l’intervention et suivie l’homogénéité de la réponse vaccinale. Les essais au laboratoire P3 de l’Anses-Ploufragan porteront sur la protection directe vis-à-vis d’une épreuve virulente et sur les transmissions indirectes à des canards témoins contacts.
Bloquer la circulation des virus IA HP
Béatrice Grasland, chef de l’unité virologie, immunologie, parasitologie aviaire et cunicole à l’Anses-Ploufragan, a bien précisé que « la vaccination ne sera pas le seul outil de lutte et ne suffira pas à stopper le virus. Elle n’empêchera ni l’infection, ni la diffusion. »
« Le challenge de la vaccination est d’être aussi capable de détecter des circulations du virus sauvage à très bas bruit, avec des outils sérologiques et moléculaires, a souligné le professeur Guérin (ENVT).
"Je n’imagine pas qu’on puisse laisser prospérer le virus en se disant qu’on peut vivre avec. Ce serait prendre le risque de laisser émerger un virus virulent qui pourrait passer à l’Homme. Les virus du clade 2.3.4.4.B ne se prêtent pas à une approche 'd’équilibre'. Ce serait dangereux. »
Au dire des spécialistes, si vaccination il y a, cela ne pourrait techniquement pas pouvoir se faire avant la saison 2023-2024, voire la suivante. Frédéric Grimaud, PDG du sélectionneur Grimaud Frères et du laboratoire Filavie fait partie des rares opérateurs avicoles ouvertement favorable à la solution vaccinale depuis 2015. D’après lui, un vaccin inactivé pourrait être fabriqué en six à sept mois sous certaines conditions, mais pas avant la prochaine saison.