Grippe aviaire : Éloigner les oiseaux indésirables avec un laser
Aux Pays Bas, une étude de l’université vétérinaire de Wageningen (WBVR) a démontré que le laser éloignait l’avifaune sauvage des parcours d’une ferme de poules pondeuses.
Aux Pays Bas, une étude de l’université vétérinaire de Wageningen (WBVR) a démontré que le laser éloignait l’avifaune sauvage des parcours d’une ferme de poules pondeuses.

L’effarouchement pourrait être une solution supplémentaire dans la panoplie de bioprotection contre la grippe aviaire pour éloigner des oiseaux sauvages qui s’approchent pour consommer de l’aliment ou qui sont attirés par un plan d’eau proche de l’élevage. Il faudrait que la méthode soit ni chronophage pour l’éleveur, ni stressante pour les volailles à protéger.
Des chercheurs néerlandais ont exploré la piste des lasers. Ceux-ci sont utilisés depuis un certain temps pour repousser les oiseaux sauvages dans des aéroports, des centres d’enfouissement de déchets, des plates-formes pétrolières et même des vergers. La lumière laser en mouvement effraie les oiseaux, qui ainsi restent à l’écart de la zone balayée. L’effet de la lumière laser sur l’éloignement de l’avifaune proche des fermes avicoles n’avait pas été étudié scientifiquement.
Le Wageningen Bioveterinary Research (WBVR) l’a fait durant l’hiver 2019/2020, dans le cadre d’un projet cofinancé par l’interprofession avicole (Avined), le ministère de l’Agriculture, de la Nature et de la Qualité alimentaire, ainsi que par la société néerlandaise pour la protection des animaux.
Auparavant, les chercheurs du WBVR avaient découvert que les canards colverts visitent le parcours d’un élevage de poules pondeuses presque exclusivement entre le coucher et le lever du soleil. Particulièrement de novembre à février. Une fois à l’extérieur, les volailles peuvent être infectées par un contact avec les excréments que les oiseaux aquatiques sauvages ont laissés ou en buvant de l’eau stagnante contaminée.
Usage en fonction de la présence des poules
Lors de l’hiver 2019-2020, un laser a été installé à 6 mètres de haut dans la partie du parcours attenante au poulailler d’un élevage ayant été plusieurs fois contaminé par des virus Influenza. Huit caméras grand-angle ont été installées en hauteur pour enregistrer les visites d’oiseaux sauvages sur environ 1,5 hectare, avec un mois sans laser et un mois avec. De 10 heures à 17 heures, les poules sortaient et les pâturages entourant la zone d’étude étaient balayés avec le laser. Le reste du temps, c’est le parcours qui était « laserisé ».

« Sans le laser, des canards colverts venaient quotidiennement visiter la zone entre le coucher et le lever du soleil », explique Armin Elbers, épidémiologiste du WBVR. En pataugeant dans les flaques à la recherche de nourriture, les canards peuvent déféquer. Pendant la journée, les poules boivent cette eau. « Nous l’avons vu sur les images vidéo. » Avec le laser en marche, presque aucun canard sauvage ne visitait le parcours (99,7 % des situations).
De plus, les visites entre le lever du soleil et 10 heures ont été significativement réduites (96 % de réduction). Dans les pâturages environnants, les oies n’étaient plus présentes en journée. L’éleveur a constaté l’absence de dégâts de pâturage par des oies. « Nous pensons qu’un laser pourrait être utile en prévention pour éloigner les oiseaux sauvages d’octobre à mars. Les sites en claustration pourraient aussi y avoir recours pour éloigner l’avifaune sauvage des environs du poulailler », estime Armin Elbers. En revanche, cette méthode repousse le danger sans éliminer totalement le risque.
Huit solutions d’effarouchement
Plusieurs méthodes, plus ou moins automatisées, sont employables pour éloigner les oiseaux indésirables, mais ceux-ci peuvent vite s’y habituer.
Canons à gaz (type Tonnfort) : effet limité avec une cadence et un son réguliers ;

Effaroucheur pyro-optique à effet visuel et acoustique (type Proxalys environnement) : Il est basé sur l’émission d’une détonation couplée à des leurres coulissant aléatoirement le long d’un mât ;
Ballons et cerfs-volants (type Scarybird) : à changer régulièrement de place ;
Lasers et flash lumineux, portatifs ou fixés avec tête rotative (type Agriprotech, Bird control) ;
Haut-parleurs émettant des cris d’oiseaux prédateurs (type Bestwarden), à utiliser avec parcimonie ;
Pistolets d’alarme (type Rohm) et lance-fusées nécessitant une présence humaine ;
Rapace apprivoisé conduit par un fauconnier (type franchise As de pic) ;

Drone piloté par un professionnel (type Robird) : méthode onéreuse et ponctuelle comme la précédente.
