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Des poulets sous les cerisiers et les abricotiers

Dans la Drôme près de Romans sur Isère, Bernard Guignard a associé l’élevage des poulets label rouge de l’Ardèche avec la production de fruits.

Bernard Guignard a planté des arbres fruitiers presque aussitôt après s’être installé à Meymans, dans la Drome, pour prendre la suite de son père sur une exploitation de 30 ha de céréales complétés par un élevage de poulet label et de lapin. « Arrivé en 1988, j’ai construit deux bâtiments supplémentaires en 1990 pour avoir six ateliers de volailles uniquement (dont un 200 m2) avec 6 ha de parcours installés sur des surfaces en pente. La rivière Isère coule à quelques centaines de mètres de là. Et j’ai commencé à planter des fruitiers en même temps. » L’éleveur ne s’est pas contenté du minimum réglementaire. Entre 1990 et 2000, sur les zones enherbées plus ou moins pentues il a planté successivement des vergers d’une seule espèce par parcours : environ 200 cerisiers, une bonne vingtaine de noyers, 250 abricotiers et une cinquantaine de pruniers. Ils sont venus compléter l’espace libre devant les bâtiments, en contrebas du haut des parcours déjà boisé naturellement.

Une intégration paysagère réussie…

Son intention était de créer des vergers qui apporteraient un revenu supplémentaire et auraient un impact positif sur les volailles. Il considère qu’il a atteint son objectif. « Dans notre secteur, les étés sont très chauds. Créer de larges zones ombragées, c’est un plus pour les poulets qui en dehors de ces périodes chaudes sont plus incités à sortir. » Ils peuvent aussi manger les fruits tombés, mais montent peu dans les arbres. Un de ses parcours planté d’une quarantaine de cerisiers a été étudié par l’antenne Sud-est de l’Itavi dans le cadre de l’étude Casdar Bouquet évaluant les services rendus. Le site a été bien noté en matière de bien-être animal et de qualité environnementale, du fait de sa forte densité en arbres (ombrage et 90 % du sol non nu) empêchant le ruissellement et le lessivage sur ces terrains pentus. Le stockage de carbone sous forme ligneuse est élevé, vu la quantité d’arbres et leur âge. Ces arbres absorbent les déjections – « Je n’ai jamais fertilisé » note Bernard – et bénéficient peut-être de la prédation des insectes indésirables. Bernard n’en est pas sûr et l’Itavi s’est plutôt intéressé aux insectes volants pour évaluer la diversité faunistique. Celle-ci a été jugée faible avec une prédominance des papillons par rapport aux autres espèces d’insectes. En revanche, il a été observé une grande variété de plantes mellifères à longue durée de floraison qui compensent la faible diversité arboricole. L’Itavi souligne qu’en assurant une continuité des habitats avec les parties naturellement boisées, ces parcours contribuent à la biodiversité.

… Mais une satisfaction à améliorer

Bernard aimerait bien que ses poulets réduisent l’impact négatif de la drosophile qui pond dans ses cerises, d’autant que depuis quelque temps, les arboriculteurs sont ennuyés par l’interdiction du diméthoate. « Je ne traite que si nécessaire », précise l’éleveur. Il estime récolter en moyenne une dizaine de tonnes d’abricots (environ 40 kg par arbre) et 5 t de cerises (25 kg par pied) pour un chiffre d’affaires de l’ordre de 10 000 €. Le temps de travail annuel sur le parcours a été évalué par l’enquête Casdar à 80 heures, hors récolte, ce qui est jugé élevé. C’est surtout la période de récolte qui pose souci. Pour réaliser cette tâche (cueillette et tri), l’agriculteur travaille en famille car « trouver de la main-d’œuvre devient de plus en plus difficile. » Il estime à environ 600 heures le temps nécessaire. « Avec le recul, je me dis parfois que j’aurais pu planter du peuplier ou de l’acacia pour réduire les interventions et pour produire uniquement du bois. Mais tout de même, je n’ai pas de regret. »

Les principaux services rendus

. confort animal

. esthétique

. recyclage des nutriments : valorisation des déjections, ruissellement évité, stockage du CO2 atmosphérique

. préservation de la biodiversité : continuité des milieux écologiques, diversité de la prairie mellifère

Des poules pour compléter les noix

Entre Valence et Grenoble, la vallée de l’Isère est une zone traditionnelle de production de noix. Ses producteurs la considèrent comme un métier à part entière, car elle nécessite de la technicité et d’investir dans du matériel de récolte et de tri relativement coûteux. Dans une démarche de diversification, des nuciculteurs ont mis en place des ateliers de poules pondeuses alternatives. Ces deux productions s’associent assez bien, avec des traitements limités (4 au maximum par an) et des temps d’intervention réduits grâce à la mécanisation poussée. Ils sont réalisés avec les oiseaux dans le poulailler. De plus, les noyers apportent beaucoup d’ombre. Plantés en rangées (environ 200 pieds par hectare, souvent des variétés Franquette ou Fernor), ils entrent en production vers 5-6 ans pour un cycle de 30 à 40 ans. L’idéal serait de les planter avant de construire.

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