Dans le Gers, Vivadour developpe l'œuf Bio
La production d’œufs bio est en plein essor à la coopérative gersoise Vivadour. Associée à Cocorette, elle cherche de nouveaux éleveurs pour lui livrer 50 millions d’œufs par an d’ici 2022.
La production d’œufs bio est en plein essor à la coopérative gersoise Vivadour. Associée à Cocorette, elle cherche de nouveaux éleveurs pour lui livrer 50 millions d’œufs par an d’ici 2022.
Actuellement, Vivadour compte douze éleveurs pour une production gersoise d’œufs bio commercialisée par Cocorette, à la marque Œuf du Gers bio. Pour répondre à la demande croissante des consommateurs, une dizaine de nouveaux élevages verront le jour sur 2021-2022. La coopérative prospecte toujours pour étoffer son réseau et atteindre l’objectif de Cocorette, fixé à 50 millions d’œufs bio par an produits dans le Gers. Une production rentable qui permet de sortir de bons revenus.
Un bâtiment très automatisé
Sylvain Dusseau s’est installé pour reprendre l’exploitation familiale en 2016 à Terraube après avoir eu son entreprise de travaux publics. Il a débuté sa seconde bande de 6 000 pondeuses bio début septembre 2020. Trois hectares de parcours entourent le bâtiment, conformément au cahier des charges. L’exploitation bio de 25 hectares lui assure 20 % d’autonomie alimentaire pour ses poules.
« J’ai investi 360 000 euros, environ 60 euros par place. Mon bâtiment de 1 200 m2 (coque NTD de 13 m de large sur 90 m de long) est équipé en chaînes plates réglables en hauteur et sur relevage avec perchoirs en A, pipettes avec perchoir, pondoirs, de la marque Big Dutchman, détaille Sylvain, qui s’est fourni auprès d’Élevage Service (40), tandis que le pesage automatique et l’équipement de la ventilation longitudinale dynamique (ordinateur, extracteurs en pignon, volets à crémaillère des deux côtés) sont de chez Tuffigo-Rapidex. »
« La ventilation dynamique est importante pour bien renouveler l’air et ainsi prévenir les problèmes sanitaires et améliorer le confort des poules. En période de fortes chaleurs, j’ouvre partiellement les volets côté opposé aux turbines, ce qui réduit considérablement la température ressentie par les poules. L’été dernier, je n’ai eu aucune mortalité, j’ai donc pu limiter le stress des poules et donc éviter une chute de ponte. » Doté des automatismes qui facilitent le travail quotidien (distribution de l’aliment, programmation de l’éclairage, contrôle de la lumière, gestion de la ventilation, alarmes…), le bâtiment est connecté et piloté à distance.
Un travail important au vide sanitaire
Pour financer une partie du projet, Sylvain Dusseau a choisi de louer la toiture avec environ 600 m2 de panneaux photovoltaïques d’une puissance de 100 Kwc. « Avec cette location toiture avec bail emphytéotique sur trente ans, j’ai opté pour le versement d’une soulte qui m’a permis d’avoir un apport pour l’emprunt », précise Sylvain.
Chaque jour, l’éleveur passe deux ou trois fois dans le bâtiment pour surveiller ses animaux. Au moment du ramassage des œufs du matin, il en profite pour observer les poules et détecter d’éventuels soucis. « C’est important d’être réactif avec ce type d’élevage », souligne l’intéressé. Il repasse à la mi-journée, puis le soir, pour achever la collecte des œufs tardifs. Pour conditionner les quelque 5 600 œufs pondus en moyenne chaque jour, Sylvain Dusseau a opté au second lot pour une alvéoleuse qui lui permet d’y passer 35 minutes au lieu de deux heures en manuel. Un temps qu’il reporte sur la surveillance des poules.
Arrivées à 17 semaines en septembre, les poules sont réformées à 72 semaines. Trois semaines sont requises pour démonter tout le matériel, curer et évacuer les fientes vendues à un agriculteur bio, laver puis désinfecter. Puis vient le remontage complet avant une deuxième désinfection. Sylvain Dusseau fait appel à une entreprise pour le lavage et la désinfection du bâtiment. Cette période qui tombe en été chez lui demande une grande disponibilité.
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Une coopérative aux petits soins des éleveurs
Son élevage s’est avéré rentable dès le départ. Sur la première bande, il a dégagé 84 000 € de marge PCA (vente des œufs - achat poulettes - aliment), soit 14 € de marge PCA/poule ; c’est 65 000 € de marge brute annuelle (en incluant les autres charges et le vide sanitaire) soit 10,80 €/place au lieu des 8,30 € annoncés dans les prévisionnels prudents de Vivadour.
« Avec 2 millions d’œufs produits, Sylvain a eu d’excellents résultats techniques et économiques. Habituellement, on observe une mortalité de 5 à 6 % avec une production moyenne de 315 œufs par poule », constate Mathilde Egidio, chargée de développement de la Filière œufs bio. « Sylvain a fait 2,5 % de mortalité, avec plus de 330 œufs par poule. Il a démontré une très bonne maîtrise de son élevage. »
Vivadour accompagne les éleveurs dans toutes les étapes du projet jusqu’à la mise en place des animaux : l’étude de faisabilité, le juridique, le photovoltaïque, le dépôt du permis, les relations avec des fournisseurs référencés et les organismes bancaires, les réunions de chantiers… s’ajoutent le suivi technique au moins hebdomadaire et au besoin la permanence technique des week-ends. Surtout, la coopérative peut se porter cautionnaire des prêts contractés par les éleveurs sur la durée d’amortissement. Enfin, Vivadour avance gratuitement le coût de l’aliment qui est retenu sur les paiements d’œufs. « C’est beaucoup plus sécurisant et pratique pour gérer notre trésorerie », confirme Sylvain Dusseau.
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Les chiffres clés de Sylvain Dusseau
- 360 000 € investis :
- 190 000 € pour le gros œuvre et la coque (emprunt sur 15 ans) ;
- 170 000 € pour les équipements intérieurs y compris l’emballeuse (emprunt sur 7 ans)
- 300 000 € de chiffres d’affaires (CA) par bande
- 226 000 € charges (1) (70 % pour l’aliment)
- 74 000 € de marge brute (sur 59 semaines vide sanitaire compris)
- 65 000 € de marge brute sur 52 semaines, avant annuités
Cocorette dans le Sud-Ouest
Dans le Sud-Ouest, Cocorette organise sa production exclusivement avec Vivadour et une trentaine de producteurs gérés en direct, dans le Gers et départements limitrophes. En 2020, la production globale s’est élevée à 80-90 millions d’œufs dans le Sud-Ouest. Cocorette s’appuie sur le site de conditionnement du groupe Matines à Brugnens (32) et non plus sur son site de Montauban.
« Nous développons une production au plus près de nos sites et des consommateurs, pour avoir des céréales locales, explique Pascal Lemaire, PDG de Cocorette. Le marché des œufs bio est en plein essor et renforcé par une consommation recommandée pour la santé. L’œuf est une source de protéines peu coûteuse ; il correspond également à un retour au fait maison et à la nature. »
Devenue récemment une filiale du groupe coopératif picard Noriap, Cocorette est un spécialiste de l’œuf alternatif (plein air, bio, label rouge). Il revendique 600 éleveurs sous contrat et un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros en 2019. Ses 700 millions d’œufs commercialisés (80 % d’alternatifs) sont conditionnés dans six centres et distribués à 95 % en GMS et un peu en RHD.