Conditions de travail : Soulager l’engraissement des canards avec un gant motorisé
Un exosquelette motorisé permet de soulager la main lors de l’engraissement des canards, mais son coût reste prohibitif.
Un exosquelette motorisé permet de soulager la main lors de l’engraissement des canards, mais son coût reste prohibitif.
Il est très improbable que l’engraissement des canards sera un jour entièrement robotisé, car seule l’expérience de l’éleveur permet d’adapter la dose à l’animal. Mais, il n’est pas exclu de rechercher des solutions pour diminuer la pénibilité de gestes rapides réalisés environ 20 000 fois sur un lot de 1 000 canards. « De nombreux éleveurs ressentent des douleurs ou souffrent de troubles musculosquelettiques », estime Éric Fortineau, ergonome. Sont concernées les épaules, spécialement celle du bras qui tient l’embuc, et la main qui pince l’animal et lui ouvre le bec.
Deux types d’exosquelettes
Une étude de la Mutualité sociale agricole et des chambres d’agriculture des Pays de Loire a voulu apporter un début de solution. Deux exosquelettes d’épaule passifs (modèles Hapo et Gobio IP 12) et un exosquelette de main (Iron hand) furent testés.
« Les exosquelettes mécaniques destinés à soulager les épaules peuvent aider lorsque les mains travaillent en hauteur, mais ils ne sont pas adaptés aux gestes de l’engraissement, souligne l’ergonome. Les éleveurs les ont rapidement abandonnés. »
En revanche, « l’exosquelette motorisé de la main essayé pendant tout un lot a apporté une sensation de soulagement aux deux gaveurs », résume Laurine Gabriel, coordinatrice de l’étude à la chambre d’agriculture.
Fragilité et coût exorbitant
L’inconvénient majeur de la main motorisée est qu’elle est fragile et très onéreuse, à l’achat (à partir de 7 000 euros), comme à l’entretien (450 euros pour le gant). Même protégé, ce gant s’use vite et devrait être changé toutes les cinq bandes selon les recommandations du fabricant (100 000 cycles). « Nous avons estimé que cela coûterait environ 1 800 euros d’entretien par an, a calculé Laurine Gabriel.
« Cette solution n’est donc pas déployable à grande échelle. » Néanmoins, ce gant pourrait être utilisé ponctuellement. La conseillère avicole insiste aussi sur l’importance à « écouter son corps », en faisant au moins une pause et en ralentissant la cadence. « On pourrait aussi travailler sur l’amélioration du matériel, notamment la gâchette. »