Pourquoi la qualité sanitaire du poussin est-elle devenue si primordiale ?
Gérard Munsch - « Depuis quelques années, les poulets à croissance rapide ont un très haut potentiel de performance, mais ils sont plus sensibles et moins robustes aux écarts de conduite. Ayant des exigences supérieures, ils nécessitent plus de savoir-faire technique et des conditions irréprochables (ambiance, eau, nutrition…). Ils réagissent aussi plus fort aux stress de toutes sortes. Par ailleurs, il y a de moins en moins de filet de sécurité avec le moindre recours aux antibiotiques en préventif, donc moins de droit à l’erreur à tous les niveaux. »
Comment les Scandinaves ont-ils fortement réduit l’usage des antibiotiques ?
G. M. - « Ils travaillent à 95 % avec une seule souche à croissance rapide, ce qui facilite la gestion en flux tendus, notamment avec de faibles durées de stockage des œufs à couver. Leurs outils d’incubation sont beaucoup plus récents qu’ici. Leurs bâtiments d’élevage de poulets sont plus adaptés (sol béton, meilleure maîtrise de la température et la ventilation les deux à trois premiers jours, du CO2, de la lumière) et ils utilisent un aliment différent. Les éleveurs sont à la pointe de la technologie et ils ont réalisé d’importants investissements. Il en est de même au niveau des parentales avec des investissements importants dans la nutrition en phase avec la génétique, de sorte que le poussin démarre plus vite sous de très bonnes conditions. Il est primordial de bien nourrir le poussin les trois à quatre premiers jours pour qu’il mette en route son tube digestif. »
Comment évoluent les E. coli pathogènes en accouvage ?
G. M. - « Depuis trois ans, le sérotype pathogène dominant change chaque année. Les accouveurs parviennent à mieux maîtriser les colibacilles sur les parentaux en ayant recours à des autovaccins très ciblés. Ceux-ci sont efficaces sur nos repros et diminuent la pression et le portage sur la descendance. Mais quand un type de E. coli recule grâce aux autovaccins, un autre le remplace. Il faut revoir les formules d’autovaccin en permanence, en utilisant des souches issues des parentales et même de poulets commerciaux. Les sélectionneurs doivent aussi travailler la robustesse de leurs produits ! "
Quels moyens de prévention employez-vous ?
G. M. - « La recherche du stress minimum est un souci constant en élevage et en couvoirs. Avoir des outils modernes est primordial, d’où des investissements continus dans les élevages et les couvoirs du groupe. Après la ponte, le soin aux OAC est très important (désinfection et stockage). Nous ne stockons pas un œuf, mais un embryon. Nous travaillons donc à l’optimisation des durées de stockage. Nos élevages et nos techniques sont constamment en phase avec la génétique (densité, bien-être animal, confort des reproducteurs, nutrition) jusqu’aux moyens de transport des OAC et des poussins. Les autovaccins sont toujours employés et constamment actualisés. La formation continue de nos collaborateurs est essentielle. BD France offre aussi son service technique et son expérience européenne à ses clients. »
Que penser de la technique d’éclosion à la ferme ?
G. M. - « Le poussin qui naît dans son bâtiment d’élevage mange et boit tout de suite La qualité du poussin ne change pas, mais il subit moins de stress d’éclosion et de transport. En revanche, il faut un bâtiment performant pour offrir 70 % d’hygrométrie et 36 °C à l’embryon à naître, donc plus de préchauffage avant la mise en place. Les résultats de la technologie Nest Born, mise au point par notre maison mère Belgabroed, montrent une nette baisse de l’usage des antibiotiques et un gain d’un jour d’élevage. La technique est prête et elle sera mise à la disposition de ceux qui le demandent. Le bémol reste le sexage des poussins, encore impossible in ovo. »