Biosécurité maximale en sélection dinde chez Hendrix Genetics
L’activité sélection dinde d’Hendrix Genetics a exceptionnellement ouvert les portes d’une de ses fermes où la rigueur fait partie du quotidien, pour optimiser la sélection et sauvegarder ce patrimoine génétique.
L’activité sélection dinde d’Hendrix Genetics a exceptionnellement ouvert les portes d’une de ses fermes où la rigueur fait partie du quotidien, pour optimiser la sélection et sauvegarder ce patrimoine génétique.
Vous ne saurez pas où se trouve ce site de trois bâtiments qui se fond dans le paysage avicole du Maine-et-Loire. Il fait partie des huit sites de sélection que détient l’activité dinde d’Hendrix Genetics en France.
Le sélectionneur élève, mesure, trie et reproduit des lignées pedigree. Il les multiplie au niveau grand grand parental (GGP) et les croise ensuite au niveau grand parental (GP) pour aboutir aux parents des dindonneaux commerciaux.
« Ici, nous sommes les mains et les yeux des généticiens basés au Canada, résume Christophe Baron, le responsable de la sélection opérationnelle. Nous exécutons à la lettre les schémas d’accouplements qu’ils conçoivent. » Sans lui et son équipe, ces généticiens ne pourraient pas désigner les reproducteurs de la prochaine génération.
Une dinde en France pour servir l’Europe
Le groupe Hendrix Genetics s’est lancé dans la dinde en 2007 avec le rachat du sélectionneur canadien Hybrid Turkeys. Puis en 2011, il acquiert Grelier, le principal accouveur de dindes, qui détenait des grands parentaux du concurrent.
La troisième date clé est 2019, avec la mise en route des activités de sélection en Europe. « Nous savions qu’il y avait un décalage entre la sélection réalisée pour le marché américain et les besoins européens », constate Samuel Alain, directeur de production de l’activité dinde en France. « Le contexte américain est différent (sanitaire, méthodes d’élevage, nutrition) avec des objectifs axés sur la viande (croissance et IC) et moins sur la reproduction. »
D’où le lancement d’une sélection avec des lignées résidant en France. Le premier produit à sortir a été la dinde lourde Converter Novo, vendue en Europe de l’Est (Allemagne, Pologne, Russie) et Italie. Le second est la dinde médium Evo destinée essentiellement au marché Français.
Une organisation au millimètre
Cette nouvelle activité a nécessité l’ajout de cinq sites aux trois sites Grelier, totalisant 22 fermes, organisés sur le même modèle : périmètre sécurisé (clôtures, caméras de surveillance), décontamination des véhicules exclusivement de l’entreprise, sas sanitaire central et par bâtiment, matériel et personnel dédié à chaque bâtiment, conduite tout plein-tout vide…
À cela s’ajoutent les procédures visant à éviter toute intrusion de pathogènes. « C’est la première fois que je m’autorise une visite sur ce site réaménagé depuis quatre ans », souligne Samuel Alain. La douche est obligatoire en entrant et sortant, avec changement intégral de tenue.
Pour limiter les risques de disparition génétique, les populations (12 lignées pedigree et leurs croisements) sont réparties sur les différents sites. Fin 2021, le nombre de pays de sauvegarde génétique (« back-up ») est aussi passé d’un à trois, dont la France.
Une rigueur quasi militaire
Ce dispositif de sélection met en place de l’ordre de 120 000 animaux par an, par cycle de sept semaines. Seulement 30 à 40 000 seront conservés pour la reproduction. « Ce tri important concerne surtout les lignées pedigree, puisque nous gardons de 1 % à 10 % des candidats qui génèrent la prochaine génération pedigree ou entrent dans le circuit des GGP. »
Dans cette ferme de ponte, outre le respect rigoureux de la biosécurité, le personnel veille à ne commettre aucune erreur d’identification lors des gestes techniques : fréquents prélèvements sanitaires, insémination hebdomadaire (cinq femelles pedigree par mâle), marquage manuel des œufs de pedigree collectés dans les nids trappe, inscription manuelle sur la tablette des données qui remontent aux généticiens…
Le moindre doute conduit à l’élimination des œufs, comme ceux pondus au sol. « Nous éditons un rapport mensuel d’erreurs par opérateur. Cela peut paraître stressant, concède Christophe Baron, mais c’est ainsi qu’on minimise le niveau de risque. »
C’est seulement au prix de cette somme de détails et d’efforts que le sélectionneur de terrain sera en mesure de fournir aux accouveurs - puis aux éleveurs - les reproducteurs ayant les qualités validées par le généticien.
Les sept dindes Hendrix Genetics
Une nouvelle souche médium
Le Space 2022 a été l’occasion du lancement de la nouvelle version de la souche médium Grade Maker Evo, comme évolution. La dernière souche lancée a été la dinde lourde Converter Novo, sélectionnée en Europe pour l’Europe, et qui a remplacé la Converter américaine en 2020.
Sélectionnée en France, la successeure de la Grade Maker, a été officialisée mi-septembre au Salon de l‘élevage à Rennes. Elle a été conçue en 2020 à partir de deux scénarios de croisements génétiques, suivis d’essais en petit nombre pour valider ces hypothèses, puis par la production des reproducteurs GGP avant les tests de confirmation et la montée en puissance du nombre des parentales.
« Il s’agissait de répondre aux attentes du terrain en matière de réduction de l’indice de consommation et de la mortalité, argumente Samuel Alain, directeur production de la branche dinde. De plus, la production des dindes parentales s’accroît ainsi que le taux d’éclosion. »
Les premières parentales sont déjà en ponte dans la division accouvage d’Hendrix Genetics. Les autres accouveurs pourront en distribuer courant 2023, lorsque 100 % des parentales naîtront selon ce schéma génétique.