Lumière naturelle : Audrey et Pierre conseillent de « bien préparer et suivre le chantier de pose des fenêtres »
Engagés dans Nature d’éleveurs depuis deux ans, Audrey et Pierre Besançon ont fait poser des fenêtres dans leurs deux poulaillers lors de leur « mise aux normes » de juin 2020.
Engagés dans Nature d’éleveurs depuis deux ans, Audrey et Pierre Besançon ont fait poser des fenêtres dans leurs deux poulaillers lors de leur « mise aux normes » de juin 2020.
Éleveurs laitiers installés en 2008 près de Laval et producteurs d’énergies (biogaz et photovoltaïque), Audrey et Pierre Besançon sont des aviculteurs connectés aux marchés. Producteurs de volailles depuis 2009 avec 1500 m2 (plus 1500 m2 en 2011), ils savent bien que leur « patron » c’est le consommateur. Pour « être encore là demain » ils n’ont pas eu d’états d’âme à se lancer dans la démarche Nature d’éleveurs, « pour avoir le droit de produire, estime Pierre Besançon. Mais il faudra qu’on s’y retrouve sur le plan économique. »
L’organisation est primordiale
Cette « mise aux normes » des deux poulaillers, ils y pensaient depuis qu’ils ont rejoint l’organisation de production d’Huttepain Aliments, après le rachat des outils d’Agrial par LDC. « On a demandé les devis en septembre 2019 ; en février 2020 on fixait les travaux pour le mois d’avril, explique Pierre. Mais à cause de la Covid, on a reporté en juin. Le chantier a été terminé pour le démarrage de juillet. »
Le couple insiste sur la préparation du chantier, d’autant plus qu’ici il ne fallait pas seulement poser au minimum 90 m2 de fenêtres (3 % des surfaces d’élevage). La ventilation a été améliorée (rajout de trappes Kan’air et de ventilateurs). De l’équipement supplémentaire a été posé (mangeoires, pipettes, plateformes de perchage) et une moitié de bâtiment revue (toiture étanchéifiée, long pan remplacé).
« Pour savoir qui allait faire quoi et comment, nous avons eu des réunions préparatoires avec le constructeur Dugué pour la pose des fenêtres et l’équipementier Adaf-Somatherm pour la motorisation », précise Pierre. « En fait, ajoute Audrey, nous avons assuré la coordination pour être sûrs de respecter les délais. » Pouvant travailler sur deux poulaillers sans se gêner, les entreprises sont intervenues ensemble. « C’est un plus. Quand il y a un problème à résoudre, c’est fait tout de suite. »
Positionner selon l’existant
Orientés est-ouest et parallèles, les deux bâtiments du constructeur mayennais Coquelin sont quasi identiques, sauf que celui de 2009 avait des volets constructeurs continus et l’autre des trappes Kan’air (Tuffigo-Rapidex). Ça change tout quand il faut placer les ouvertures en minimisant les coûts de transformation.
Avec les trappes placées dessous les baies, l’air est admis à 1,2 m du sol. © P. Le Douarin
Pour le poulailler de 2009, les éleveurs ont fait installer les baies (au minimum 45 m2) à la place des volets côté nord, « à cause de possibles perturbations venant de la route qui longe le bâtiment. » Installées à 1,2 m du sol, des trappes Kan’air ont remplacé ces volets.
Avec les baies placées coté sud sous les trappes, le soleil peut pénétrer, surtout en hiver.
Pour celui de 2011, ils ont fait poser les baies sous les trappes, « car on n’avait pas assez de place au-dessus. » Ici encore, ils ont choisi un seul côté au sud. « Au nord, il y a le stockage de produits à méthaniser avec du passage et de la manutention. »
Les baies en pignons sont obturées manuellement en tout ou rien, comme les baies posées à la place des portes latérales
Faute d’espace, les portes latérales ont été transformées en fenêtres et quatre panneaux ont été insérés dans les pignons Est. « Ce n’est pas gênant, note Pierre, car on n’a pas de forts rayonnements le matin. »
Vingt euros par mètre carré
D’une hauteur utile de 52 cm, les baies double vitrage (4-20-4) fabriquées par Dugué couvrent toute la longueur et diffusent un éclairage uniforme et régulier, surtout avec les baies au nord. « C’est moins gênant qu’avec les baies au sud. Même si la position est plus basse limite, des rayons entrent (surtout en hiver) et cela incite les poussins à se déporter du côté sombre. Avec l’âge, l’effet s’estompe. »
Après presque un an de recul, les éleveurs sont pleinement satisfaits. « On a amélioré nos conditions de travail. C’est très apprécié par nos deux salariés, d’autant que tout le matériel est désormais équipé d’un relevage », souligne Audrey, très attachée à travailler en autonomie.
Pierre note que les poulets se sentent aussi très bien et semblent plus calmes. Il souligne que le taux de non-conformité en pododermatites s’est effondré. « Mais, c’est peut-être à relier à l’amélioration de la ventilation qui a retardé l’âge de la transition des ventilateurs aux turbines. » Ici, le sol est en terre battue et les volailles sont chauffées à l’air pulsé, par la récupération des calories du moteur de la méthanisation.
Sur les 150 000 euros dépensés pour la mise à niveau, les fenêtres avec occultants automatisés ont coûté 60 000 euros (20 €/m2 de surface utile et 650 €/m2 posé), à parts égales par bâtiment et dans la moyenne des chantiers suivis par Pascal Corvoisier (Monsieur Fenêtre de LDC amont). « Côté aides, on a touché 69 000 euros au total, dont 34 000 euros du groupement (fenêtres et rénovation). On veut bien encore évoluer, mais je répète que ce doit être gagnant-gagnant. »
Des occultants en « tout ou rien »
Le système d’occultation diffère selon le bâtiment.
Pour les occultants rabattants, du matériel d’ouverture des volets a pu être récupéré.
Pour les occultants coulissants, le dispositif le plus approprié est un tube enrouleur traversant les fermes au-dessus des trappes.
Côté utilisation, les éleveurs ont choisi la simplicité. « On ouvre les occultants du début à la fin du lot. Les horaires jour/nuit varient selon la saison et on intervient en manuel si besoin. » L’ouverture/fermeture est pilotée par la régulation automatique. « On n’a pas voulu d’asservissement à un luxmètre. Cela diminue les risques de panne ou de dysfonctionnement. L’éclairage reste à la même intensité toute la journée. »