Adapter ses pratiques d’élevage plein air à la claustration
Imposée par la législation sur l’influenza aviaire depuis 2015, la mise à l’abri en bâtiments clos demande d’importants changements de pratiques aux éleveurs de poulets de chair plein air, que l’Itavi passe en revue.
Imposée par la législation sur l’influenza aviaire depuis 2015, la mise à l’abri en bâtiments clos demande d’importants changements de pratiques aux éleveurs de poulets de chair plein air, que l’Itavi passe en revue.
La gestion de la litière est un vrai défi dans les bâtiments plein air de petite taille (moins de 400 m²) qui ne sont pas conçus pour élever des volailles de chair en claustration. C’est ce que confirme l’enquête menée par l’Itavi en octobre 2022. Un peu plus de la moitié des éleveurs de poulets de chair rencontraient encore des difficultés dans la gestion de la claustration.
51 % indiquaient avoir rencontré des difficultés liées à une litière se dégradant vite, altérant l’ambiance (hausse de l’humidité, des poussières, de l’ammoniac) et pouvant avoir un impact négatif sur l’état de santé ainsi que sur le comportement des animaux.
Le choix essentiel de la litière
Bien gérer la litière commence par choisir un matériau bien absorbant pour limiter la fréquence de repaillage, donc la surcharge de travail et le surcoût. Des matériaux friables facilitent la mise en place et favorisent le comportement de grattage. Les volailles vont entretenir naturellement la litière et son brassage manuel pourra être évité.
La paille entière ou en brins longs est déconseillée. Elle n’est pas assez absorbante, croûte rapidement et est plus difficile à étaler en présence d’animaux. La cosse de sarrasin est également à proscrire sur un sol en terre battue avec une ventilation pas assez puissante. Ce matériau étant très peu absorbant, l’évacuation de l’humidité se fera seulement par le chauffage et la ventilation.
Extrêmement absorbants et friables, les granulés de sciure et les bouchons de paille sont idéaux, mais leur coût relativement élevé incite à les utiliser en ajout ou en litière mixte. Par exemple, en complément de menue paille, copeaux ou sciure qui manquent un peu d’absorbance, ou en complément de miscanthus ou anas de chanvre-lin très absorbants mais pas assez friable.
Les granulés de sciure ou bouchons de paille peuvent être limités à la zone d’abreuvement pour stopper la propagation de l’humidité à toute la litière.
S’organiser pour repailler sereinement
Le second défi est de réussir à repailler en présence des animaux, sans risquer d’affolements et d’étouffements par tassement, tout en respectant la biosécurité. Le repaillage est un moment de stress pour des animaux, qui n’ont pas été habitués à ces interventions dans leur espace de vie, comme pour les éleveurs. 31 % des enquêtés rencontrent des difficultés avec des affolements et des étouffements de volailles. Pour éviter les tassements, il est conseillé de compartimenter la salle avec des barrières mobiles pour limiter le nombre d’animaux en cas de « mêlées ».
S’équiper d’une pailleuse-souffleuse à tuyau souple envoyant la litière neuve par-dessus les animaux peut également être bénéfique. Restant à l’extérieur des bâtiments, ce matériel respecte la biosécurité.
Gérer l’ambiance pour diminuer le stress
La luminosité, la ventilation et les enrichissements permettent de réduire le stress comportemental se traduisant par de la nervosité, du picage et des griffures, d’autant plus si les animaux ont été habitués aux parcours avant d‘être claustrés.
Réduire l’intensité lumineuse, et empêcher les rayons directs du soleil, limite l’agitation des animaux. Mais la réglementation européenne impose de respecter une intensité minimale de 20 lux sur au moins 80 % de la surface pendant la photopériode, et au minimum 6 heures d’obscurité cumulée par jour, dont 4 heures ininterrompues.
Bien ventiler évite l’accumulation préjudiciable de gaz (CO2 et NH3) et d’humidité. Pour les bâtiments à ventilation statique, fermer les trappes d’accès au parcours empêche la bonne circulation de l’air. Ajouter des brasseurs d’air mobiles peut être une solution pour homogénéiser la température, dé stratifier l’air, assécher la litière et limiter la production d’ammoniac. En revanche, attention aux courants d’air qui favorisent l’entassement des volailles et les maladies respiratoires.
L’ajout d’enrichissements est conseillé pour distraire des animaux habitués à explorer les parcours. Un large choix est possible : accessoires mobiles (ficelles, chaînes, bouteilles plastiques…), produit alimentaire (grit, maerl, grain jeté au sol), bloc à picorer, ballot de paille/luzerne/foin en perchoir ou suspendu, perchoir et balançoire. Il est important d’associer plusieurs dispositifs, de les changer régulièrement et d’adapter leur nombre à l’espèce, ainsi qu’à la quantité d’animaux.
En savoir plus
Consulter les informations sur la biosécurité vis-à-vis de l’influenza aviaire (réglementation, fiches pratiques, publications, diagnostics…) disponibles sur le site Itavi.
Les erreurs à éviter contre le picage
- Attention à l’ajout de sel dans l’eau de boisson pour occuper les animaux autour des abreuvoirs. Le sel est peu efficace ; il augmente la consommation d’eau, induit des troubles digestifs et dégrade la litière ;
- Attention aux confusions sur des compléments alimentaires, dont le nom contient les termes « stress » ou « calm ». Ils ne sont pas forcément destinés à améliorer le comportement, mais à lutter contre le stress immunitaire. Demander conseil à son vétérinaire ;
- Attention aux vues sur parcours. Le rayonnement solaire pénétrant dans le poulailler augmente l’agitation. La vision du parcours depuis un jardin d’hiver peut entraîner de l’agressivité chez les animaux qui cherchent à atteindre l’extérieur.