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Comment répondre positivement aux attaques anti-élevages

Face aux attaques sur l’élevage, garder une communication positive est essentiel, comme l’a montré le grand débat organisé au Space par le Syndicat des rédacteurs de la presse agricole et agriculteurs de Bretagne.

Le résultat d’un incendie criminel dans l’Orne en septembre 2019.
Le résultat d’un incendie criminel dans l’Orne en septembre 2019.
© J. Pertriaux

En 2019, Dominique Gautier, éleveuse de porcs dans les Côtes d’Armor, reçoit pendant quatre jours une équipe de télévision de France 5 qui prépare un film sur l’histoire de l’agriculture bretonne. Mais quelques mois plus tard, elle découvre que seules 3 minutes montrant la pollution due aux porcs et le départ à l’abattoir ont été gardées pour un reportage sur les algues vertes.

Quant à Guillaume Divanach, éleveur de porcs et vaches laitières dans le Finistère, le 28 août 2020 il découvre sur ses bâtiments des tags comparant l’élevage au nazisme.

Troisième exemple, pendant le dernier Space, L214 a diffusé une vidéo tournée illégalement au mois d’août dans un élevage de poules reproductrices.

Une poignée d’antispécistes non représentatifs

 

 
Les attaques contre les élevages sont contre-productives car le grand public n’y adhère pas dans sa grande majorité.
Les attaques contre les élevages sont contre-productives car le grand public n’y adhère pas dans sa grande majorité. © L'Agriculteur Normand

 

Face à ces actions et la multiplication des attaques, les éleveurs se sentent démunis. « Tellement de choses ont été mises en place, mais les médias nationaux ne relaient pas ces évolutions », déplore Dominique Gautier.

« Il ne faut pas confondre le bruit médiatique et l’opinion du grand public, tempère Eddy Fougier, politologue et spécialiste des mouvements contestataires. Les antispécistes sont très peu nombreux et leurs actions sont contre-productives. Le grand public n’y adhère pas et a majoritairement confiance dans les agriculteurs. »

La Covid-19 a un peu fait bouger les lignes. « Avant la crise, on ne parlait pas de souveraineté alimentaire, note François Arnoux, agriculteur en Vendée, très actif pour défendre l’agriculture. Les gens ont pris conscience qu’il y avait de bons produits près de chez eux et que les agriculteurs font du mieux qu’ils peuvent. »

En réponse à ces attaques, les éleveurs doivent continuer à communiquer positivement. Après avoir effacé les tags, Guillaume Divanach a fait recouvrir le bâtiment d’une fresque colorée « Nourrir notre humanité ». « Voir son exploitation comparée à Auschwitz ne s’oublie pas facilement, souligne-t-il. J’ai voulu rappeler le rôle fondamental de l’agriculture. »

User prudemment des réseaux sociaux

Après un « coup de gueule » sur les réseaux sociaux, Dominique Gautier communique encore avec le voisinage, à ouvrir sa ferme et à intervenir sur les réseaux sociaux. « Nous voulons continuer à dialoguer avec les consommateurs qui nous font confiance, assure-t-elle. Il faut utiliser tous les moyens pour expliquer et écouter les attentes. Une vidéo avec de l’émotion a aussi beaucoup de force sur les réseaux sociaux. »

La prudence reste toutefois de mise. « Il est important de riposter sur les contre-vérités, estime Eddy Fougier. Mais intervenir sur les réseaux sociaux peut aussi être dangereux. Un terme mal utilisé peut entraîner un lynchage numérique. »

Prendre suffisamment de recul

Les médias grand public ne doivent pas non plus être négligés. « Les interventions sur les réseaux sociaux interpellent et permettent à des journalistes qui veulent comprendre et bien transmettre de nous contacter », estime François Arnoux.

Dans tous les cas, la communication doit rester positive et non violente. Au final, ces actions violentes restent très minoritaires. « Il faut en tirer du positif et ne pas le prendre pour soi, estime Guillaume Divanach. C’est l’élevage qui est attaqué. Quand on voit le soutien que l’on a par ailleurs, on grandit. J’ai vu que j’avais de la légitimité à répondre à ces attaques. »

Selon Eddy Fougier, il faut aussi prendre du recul car d’autres enjeux très importants se jouent. « Quand l’Anses préconise de limiter sa consommation de charcuterie à 150 g par semaine, que de grands acteurs économiques investissent dans les substituts de viande et que le Giec dit qu’une priorité est de lutter contre le méthane, c’est à ces enjeux qu’il faut répondre en priorité. »

Utiliser la voie judiciaire

Tous les moyens légaux doivent être utilisés pour répondre aux attaques. « La voie judiciaire fonctionne, assure Eddy Fougier. La cellule Demeter et des plaintes entraînant grosses amendes et prison ferme limitent les actions violentes des mouvements extrémistes. »

La voie politique peut aussi être utile. Aux Pays Bas, le parti Mouvement agriculteurs-citoyens créé par la journaliste agricole Caroline van der Plas, fait campagne pour attirer l’attention des médias et a remporté un siège de député en 2021. En France, la discussion avec les politiques locaux et nationaux permet aussi de faire passer des messages.

L’Anvol milite pour développer l’élevage

Au-delà des actions antiélevages, l’interprofession Anvol s’attelle à l’acceptabilité des nouveaux bâtiments et à comment répondre aux oppositions le plus souvent locales.

Construire est crucial pour répondre aux attentes sociétales tout en continuant à consommer français. Par exemple, le besoin de surface supplémentaire est chiffré à plus 35-40 % s’il fallait passer d’un poulet conventionnel à un poulet Better chicken commitment.

Après un premier état des lieux réalisé cette année, l’Anvol a lancé en septembre un appel solennel aux parties prenantes (citoyens, consommateurs, élus…) pour les exhorter à accepter de nouveaux poulaillers.

Un plan d’actions était également prévu, mais il a été retardé par la crise de l’influenza aviaire. Au-delà de la mise à disposition des éleveurs d’outils de communication avec leur voisinage, une coordination des parties impliquées par le projet est envisagée, ainsi qu’un volet juridique.

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