Qui est Sofikig-Titan, numéro deux de la dinde?
Au service des industriels de la viande, le découpeur prestataire SMV est devenu le groupe Sofikig-Titan. Il a fait beaucoup de chemin, au point d’être numéro deux de l’abattage-transformation de la dinde.
Au service des industriels de la viande, le découpeur prestataire SMV est devenu le groupe Sofikig-Titan. Il a fait beaucoup de chemin, au point d’être numéro deux de l’abattage-transformation de la dinde.
Au vu de son chiffre d’affaires (non consolidé) de 190 millions d’euros, le groupe Sofikig-Titan se situerait entre le numéro 7 France Poultry (exportateur des poulets congelés Doux) et le numéro 8 Cargill Foods (fournisseur de Mc Donald’s) dans le palmarès des groupes d’abattage et transformation de volailles . « Même si nous avons un peu grossi, nous restons tout de même un petit poucet par rapport au leader national », tempère Tanguy Rannou, le directeur général de Sofikig-Titan. Car la volonté du groupe reste toujours de cultiver la discrétion en dehors du cercle des professionnels, et de rester « en seconde ligne ».
La chaîne est complète depuis 2022
Sofitik-Titan est une affaire 100 % bretonne cocréée en 2004 par Thierry Le Gall, trentenaire et ingénieur en microbiologie. Partie de rien, la petite entreprise du Centre Bretagne s’est développée au gré des opportunités commerciales et des reprises de sociétés en difficulté. Elle est passée de trois découpeurs prestataires en 2004 à aujourd’hui 600 collaborateurs répartis dans six sites industriels, dont les activités sont liées à la viande de volaille, particulièrement à la dinde.
La caractéristique du groupe est d’avoir une organisation courte, flexible et réactive. Avec des actionnaires managers opérationnels sur un terrain économique qu’ils connaissent parfaitement. Si une opportunité se présente, la décision ne tarde pas à être prise.
En dinde, Sofikig-Titan a trouvé une cohérence au fil des années et des reprises d’entreprises, avec l’abattage (rachat de CADF à Eureden en 2022), la découpe primaire (reprise de TDI en 2014), l’élaboration crue (rachat de Volpin en 2011) et la transformation cuite (reprise de Sovipor en 2020).
Les dates clés de Sofikig-Titan
2004 : création de SMV « au Service des Métiers de la Viande » : prestation de désossage et de parage auprès des industriels de la viande.
2006 : création de SMV Distribution : négoce de viandes multi-espèces en frais ou congelés, principalement en viandes séparées des carcasses (VSM et 3 mm).
2008 : installation de SMV à Carhaix (fabrication de viande séparée et congelée), devenu le siège du groupe
2011 : prise de participation majoritaire de Volpin au Pin (44), spécialisée dans la fabrication de produits élaborés crus.
2014 : achat de la TDI au Tribunal de Commerce (après un dépôt de bilan), spécialisée dans la découpe de dinde
2018 : rachat au Tribunal de Commerce (après un dépôt de bilan) de l’abattoir de poules Socavol à Saint Brandan (22), rebaptisé Socanvol
2020 : rachat au Tribunal de Commerce (après un dépôt de bilan) de Sovipor à Merdrignac (22), qui rejoint Volpin.
2022 : rachat à Eureden de l’abattoir de dindes CADF
Aujourd’hui, 100 000 dindes sont traitées par semaine à l’abattoir spécialisé CADF (Le Faouet-56), soit 1200 tonnes de vif, dont 70 000 sont découpées chez TDI (Trévé-22) pour la vente de viande piécée aux industriels. Une partie étant transformée en produits crus (brochette, paupiette, saucisse… ) par Volpin sur son site historique du Pin (44) ou en produits crus ou cuits panés sur celui de Merdrignac (22), ex Sovipor, pour fournir la restauration commerciale.
S’ajoutent la production hebdomadaire de 200 tonnes de viande séparée issues de différentes espèces chez SMV, et l’abattage hebdomadaire de 180 000 poules et 120 000 poulets chez Socanvol (Saint Brandan-22), un site repris en 2018.
Un accompagnateur de l’agro-industrie
La ligne directrice du groupe est toujours la même : servir et fournir des clients industriels et la restauration commerciale avec des produits adaptés – du « cousu main » - en qualité et en prix, sans chercher à les concurrencer sur leur propre terrain.
L’absence de marque et d’une gamme grand public permet à Sofikig-Titan de réaliser des économies et lui procure une meilleure flexibilité face aux demandes des clients. « En matière d’innovation sur les produits élaborés, nous ne sommes pas des fers de lance, reconnaît Tanguy Rannou. Nous sommes plutôt des suiveurs, puisque c’est le travail de nos clients acheteurs de viande. De plus, nous ne sommes entrés dans les produits cuits que depuis 2020, avec le rachat de Sovipor. Nous sommes encore trop jeunes pour cela. »
En revanche du côté de la découpe, « nos lignes de fabrication sont totalement orientées sur la performance et le produit, que ce soit par le prix ou par la qualité du travail (niveau de parage, absence de corps étranger, bon piéçage, conditionnement). »
Chasser les coûts superflus
« Notre premier concurrent, c’est l’importation européenne, notamment polonaise, espagnole et italienne. » Il estime qu’il n’y a pas de place pour une production de niche qui surenchérirait le prix, excepté en dinde festive. « On se bat sur l’origine France, en cherchant à ne pas être trop décalés en termes de coûts. Pour les produits élaborés que nous fabriquons, nous essayons aussi de jouer la carte France », ajoute le directeur général.
« Notre évolution nous a un peu éloignés de notre métier initial (découpe de dinde et viande séparée), pour aller vers d’autres volailles (poulet et poule avec Socanvol) et vers l’élaboration après la reprise de Sovipor. Mais, la découpe primaire de dinde reste encore une activité importante qui fournit les industriels salaisonniers (jambon de dinde surtout). »
Et Tanguy Rannou de conclure : « Dans un marché de la dinde globalement en baisse, nous souffrons comme tout le monde, mais sûrement moins que certains. il faut bien reconnaître que ces dernières années, nos volumes ont stagné, voire se sont un peu réduits. »
« Nous avons besoin des consommateurs »
Pour résister face au poulet lourd français et à la concurrence de la dinde étrangère, le directeur général de Sofigik-Titan compte sur le patriotisme des consommateurs de viande de dinde.
Pour Tanguy Rannou, le poulet lourd ne va pas prendre toute la place de la dinde, même s’il coûte moins cher à produire. Mi-2023, l’écart de prix est de l’ordre de 400 euros la tonne (1 600/1 700 €/t de dinde sur pied contre 1 200/1 300 €/t en poulet).
Concernant la technologie de transformation, la dinde garde une avance, avec ses grosses pièces, notamment pour les produits de charcuterie. De même, la viande de dinde ne connaît pas les défauts de qualité du poulet (stries blanches, muscles durs…). La sélection génétique semble moins sujette à ces difficultés.
Une production bien maîtrisée
« En revanche, un des principaux dangers c’est la viande d’importation, notamment face aux Polonais qui n’ont pas les mêmes contraintes réglementaires et sociales que nous. Mais, faute de comparaison, je ne peux pas dire si cela se joue à la production ou en aval."
Le point fort de la dinde française est d’être une production ancienne et maîtrisée techniquement, estime Tanguy Rannou, même si elle reste exigeante. « Nous sommes satisfaits au plan qualitatif. Les éleveurs de dinde connaissent moins d’aléas que les éleveurs de poulet lourd. » À l’avenir, avoir suffisamment d’éleveurs de dinde pour fournir les volumes nécessaires sera un sujet de préoccupation. « La concurrence du poulet lourd ne joue pas en notre faveur, ni l’âge moyen des éleveurs. »
« Pour contrer la concurrence étrangère européenne et le poulet lourd, nous aurons besoin de consommateurs qui achètent de la dinde « origine France ». À la filière de leur donner l’envie d’acheter des produits de dinde et l’envie de cuisiner sa viande. »