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Viser la productivité, un impératif en engraissement

La baisse généralisée des prix des aliments et l’embellie des cours en viande bovine ouvrent des perspectives de rentabilité en engraissement. Avant de sauter le pas avec sa propre production, il faut néanmoins s’assurer de l’adéquation de son projet avec les capacités de production de son exploitation, à commencer par la maîtrise de la ration.

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Des matrices de prix personnalisées, largement développées dans les prestations de conseil, permettent d’évaluer avec précision les risques et opportunités d’engraisser ses broutards.
© L. Pouchard

« Les naisseurs ont souvent tendance à se bloquer par rapport au prix du maigre et de l’aliment et en oublient la recherche de performance », soulève Pierre-Antoine Comte, responsable du service technique au groupe Sicarev Coop. Or, en engraissement, « il est important de raisonner en termes de marge, c’est-à-dire la plus-value laissée par l’animal engraissé par rapport à une vente de broutard », souligne Catherine Entraygues, responsable qualité et service développement zone Auvergne au Groupe Altitude.

Des gains de productivité à aller chercher

Des matrices de prix personnalisées, largement développées dans les prestations de conseil, permettent d’évaluer avec précision les risques et les opportunités d’engraisser ses broutards. Est-ce que le développement de l’engraissement occasionne des investissements en bâtiments, matériel ? Quelle ration peut être pratiquée et combien va-t-elle coûter ? Quel mode de distribution choisir ? Quelles performances l’éleveur est capable d’aller chercher ? À combien se chiffrent les coûts opérationnels (frais d’élevage…) ? Tous ces éléments doivent être considérés pour arriver à une marge prévisionnelle nette par animal.

« Il faut bien sûr les compétences pour engraisser, mais dès lors que l’éleveur est technique et rigoureux, l’engraissement est vecteur de revenus », assure Pierre-Antoine Comte, avant d’ajouter : « Le nerf de la guerre, c’est la recherche de productivité. Ce qui fait qu’un système est compétitif, c’est la dilution des charges de structure par le rendement. » Aussi, « les exploitations qui enregistrent les plus hauts niveaux de productivité sont assurément les systèmes naisseur-engraisseur », ajoute Raphaël Colas, responsable commercialisation chez Feder, qui estime un écart de 30 à 40 % en kilos vifs produits par UMO.

Le coût de la ration fait la différence

Dans leur accompagnement, les conseillers insistent particulièrement sur la réflexion à mener sur la valorisation de ses fourrages. « Le coût de la ration définit si un atelier est rentable ou non, appuie Raphaël Colas, de Feder. Dans notre discours, nous mettons l’accent sur l’autonomie. Certains de nos adhérents naisseur-engraisseur achètent moins de 100 kg de tourteaux par animal engraissé. Ces systèmes sont très résilients techniquement par rapport aux aléas climatiques et économiquement, ils se trouvent complètement détachés de la volatilité du prix des céréales. » Ces derniers insistent aussi sur le fait que l’engraissement n’est pas réservé qu’à ceux qui font de l’ensilage de maïs.

Le Groupe Altitude l’a illustré en comparant pour des mâles salers purs la marge sur coût alimentaire de quatre rations sèches (enrubannage, ensilage d’herbe, aliment et foin + aliment) par rapport à une base ensilage de maïs avec des niveaux d’autonomie variant de 1,55 à 1,70 euro par jour et par animal. La maquette de calcul aboutit à des marges nettes par jour et par jeune bovin toutes positives, se situant entre 1,31 et 2,05 euros. « Les performances économiques ont été démontrées pour tous les types de fourrages, preuve que l’engraissement s’adapte aussi aux systèmes de montagne », souligne Catherine Entraygues, d’Altitude. ​​​​​​

Un travail de fond pour inclure l’herbe

« L’herbe incluse dans les rations d’engraissement doit être de très bonne qualité (fauches précoces), prévient Pierre-Antoine Comte, de Sicarev Coop. Mais à partir du moment où les critères nutritionnels sont atteints, il n’y a pas de raison que les résultats ne soient pas au rendez-vous. » Reste la question de la céréale qui n’est pas toujours évidente dans les zones très herbagères, mais « je suis persuadé que des troupeaux à fort potentiel génétique sont en capacité de gagner en compétitivité par le GMQ réalisé, même sur la base de rations sèches assez coûteuses. En revanche, l’éleveur qui s’inscrit dans cette logique doit compenser le poids de ses charges opérationnelles par la rationalisation de ses charges de structure, notamment de mécanisation », reprend-il.

L’optimisation de sa marge passe, quoi qu’il en soit, par « la réalisation de pesées régulières », rapporte Vincent Lecoq, conseiller Bovins croissance et coordinateur technique chez Littoral normand, rappelant que l’âge et l’indice de consommation sont étroitement corrélés. « Le pilotage au plus près des performances d’engraissement aide à estimer ce rapport gain/coût et échelonner les dates de sortie en fonction », note-t-il.

En termes de logement, « aujourd’hui, le montage d’un bâtiment d’engraissement est vite rentabilisé avec la pose de panneaux photovoltaïques. Les frais d’amortissements qui restent à la charge de l’éleveur varient entre 30 à 40 euros par place », situe Raphaël Colas, responsable commercialisation chez Feder. Dans la conception, pas besoin d’aller chercher compliqué : « Une barre au garrot suffit », remarque Catherine Entraygues, du Groupe Altitude. Il faut simplement s’assurer que les cases sont correctement dimensionnées. « Attention également à vérifier que le débit d’eau est suffisant dans le bâtiment. Il faut compter 4 litres par kilo de MS ingérée », ajoute l’experte.

Autre point à ne pas négliger, le temps disponible pour la surveillance. « Nous estimons que la perte d’un animal à l’âge de 18 mois vient rogner la marge moyenne de cinq taurillons, surtout au regard des cours actuels pratiqués dans la viande », évoque Vincent Lecoq, de Littoral normand.

Pour en savoir plus, lire | Bovins viande : l'engraissement des mâles prend du poids

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