Zoom sur les capteurs de végétation
La viticulture de précision est rendue possible par le développement des capteurs. Voici un point sur leur mode de fonctionnement et leur utilité au vignoble.
La viticulture de précision est rendue possible par le développement des capteurs. Voici un point sur leur mode de fonctionnement et leur utilité au vignoble.
Dans les indices de végétation, le plus connu est le NDVI (Indice de végétation par différence normalisée) calculé à partir de deux longueurs d’onde, le rouge (longueur d’onde de 650 nm) et le proche infrarouge (entre 750 et 1500 nm). Il est obtenu par des capteurs dont les vecteurs peuvent être un satellite, un drone, un tracteur, un homme à pied ou encore un piquet connecté planté dans la parcelle. La vigne nous apparaît verte car elle absorbe la couleur complémentaire, le rouge. Ainsi une absorption importante dans le rouge se traduit par un NDVI élevé, signe d’une bonne activité de la photosynthèse et donc d’une biomasse importante et/ou bien nourrie en azote ! Il existe des outils utilisables directement par le viticulteur, comme le green-seeker ou la pince N-tester, par exemple. La zone analysée par un N-tester est toutefois de 6 mm2 environ, ce qui nécessite de multiplier les mesures. L’avantage de ces outils aux sols est qu’ils s’affranchissent des conditions météo, mais ils couvrent peu de surface par rapport au drone ou au satellite. L’indice NDRE (Indice red-egde par différence normalisée) calculé avec la longueur d’onde dite du "red-edge 735 µm" va plus loin dans la réponse. Il est davantage discriminant que le NDVI et plus précis sur des cultures denses. Il permet donc une approche plus fine sur la nutrition azotée, notamment en cultures pérennes.
La température des feuilles comme indicateur de la sécheresse
Les données satellites se sont elles aussi affinées avec la mise sur orbite du duo Sentinelle 1 & 2. Ces satellites fournissent deux images par semaine incluant de nombreuses longueurs d’onde. Les sociétés qui interprètent ces signaux sont de plus en plus nombreuses sur le marché, fournissant à leurs clients des analyses qui leur sont propres. Le lidar quant à lui est un laser capable de voir et reconstituer la structure des feuilles. Il est utilisé au plus près de la végétation à l’image du portique pont roulant du Phénofield Arvalis à Ouzouer-le-Marché dans le Loir-et-Cher. La chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire teste une autre piste : mesurer le stress hydrique de la vigne par la différence de la température de surface des feuilles avec la température ambiante. « En effet lorsque l’eau vient à manquer, la feuille ferme ses stomates, réduit son évapotranspiration et s’échauffe, explique Christophe Bersonnet, ingénieur du service agronomique. La mesure de la température des feuilles est réalisée sans contact grâce à des thermomètres infra-rouge. L’intérêt principal est de considérer la plante comme le capteur. "
Des satellites pour cibler les rosés
La cave Rhonéa, à Beaume-de-Venise dans le Vaucluse, utilise depuis 2018 la cartographie satellite Œnoview, proposée par l’ICV. C’est en juillet, juste avant la véraison, que sont pris les clichés. À l’approche des vendanges, carte en main Mathilde Joumas, responsable production, parcourt le vignoble avec les adhérents pour optimiser les allotements et vinifier des lots homogènes. Sur la carte, des couches colorées représentent les strates d’importance de végétation : en vert les plus vigoureuses et en rouge les parcelles à récolter en premier. « Cette année nous avons ciblé les rosés. Les parcelles « vertes », les mieux dotées en azote sont destinées aux cuvées thiolées. Celles dont l’indice est plus bas permettront de vinifier des ventoux arrondis, plus amyliques », explique-t-elle.