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« Vendangeur d’un jour est un véritable produit touristique »

Ludovic Walbaum, vigneron en sud Ardèche, vice-président des Vignerons indépendants en charge de l’œnotourisme et président de la fédération d’Ardèche, croit au potentiel de l’offre Vendangeur d’un jour pour toucher de nouveaux publics. Interview.

Une centaine de domaines membres des Vignerons indépendants proposent l'activité Vendangeur d'un jour.
Une centaine de domaines membres des Vignerons indépendants proposent l'activité Vendangeur d'un jour. Parmi eux, le domaine Walbaum en Ardèche.
© Sébastien Gayet

Pourquoi défendez-vous les vendanges touristiques ?

Lorsque j’ai pris en charge l’œnotourisme, j’ai fait une tournée en Alsace où ce concept est né il y a une dizaine d’années. J’ai tout de suite identifié son intérêt. C’est dans l’ADN du vigneron de partager ce qu’il fait. Nous sommes 80 % à accueillir sur nos exploitations. Du côté des visiteurs, un tourisme de l’expérience, du savoir-faire se développe, qui n’existait pas il y a cinq ou dix ans.

La période de vendange est évidemment compliquée pour les domaines, mais c’est le moment où les gens peuvent le mieux matérialiser comment travaille le vigneron, sa vision des choses, quelles sont les contraintes. C’est un moment de transmission, de transparence et aussi de convivialité. On rend la culture du vin plus accessible, sans intellectualisation.

Pour Ludovic Walbaum, vice-président des Vignerons indépendants en charge de l'œnotourisme, la vendange touristique s'inscrit dans le courant en plein développement du tourisme d'expérience.

Quelles sont les particularités de cette offre œnotouristique ?

« Vendangeur d’un jour » est une marque déposée avec un cahier des charges. La formule prévoit un cadre : 1 à 2 heures de vendange, un casse-croûte… Le nom unifié donne une visibilité commune nationale. L’expérience est tarifée, validée juridiquement.

C’est un véritable produit touristique. Il doit être coproduit, coanimé et commercialisé avec les acteurs du tourisme : les offices du tourisme, les agences régionales du tourisme… L’idée, c’est d’attirer des publics nouveaux par la porte d’entrée du tourisme. En Auvergne Rhône-Alpes, nous développons ce produit dans le cadre du comité vins qui porte le plan de filière au niveau régional et souhaite placer la région parmi les leaders de l’œnotourisme. On s’appuie sur des moyens de communication régionaux.

Comment s’organiser pour en proposer dans son domaine ?

Le vigneron doit être là mais nous, nous avons une personne en charge de l’accueil. Fin juillet, nous bloquons une ou deux dates sur la période de vendange et nous les communiquons aux professionnels. Ça peut être dans un week-end ou pas. Chaque domaine adapte le programme. Certains vont proposer de vendanger un rang de blanc puis d’aller voir le pressurage puis de goûter. D’autres vont plutôt prévoir deux rangs complets de vendange puis aller au chai montrer la transformation et déguster différents stades d’élaboration. Nous sommes parfois obligés de reporter à cause de la météo mais c’est rare. Les gens viennent vivre ce que l’on vit.

Est-ce que le produit se développe ?

Ici, dans notre fédération, une dizaine de vignerons indépendants ont répondu à l’appel. Dans le Languedoc par exemple, ils sont 12 à 15 à en organiser sur 400 adhérents. Mais on ne cherche pas à faire de la masse, ça progresse petit à petit. C’est souvent un produit que l’on propose en plus d’autres activités. Ce n’est pas avec Vendangeur d’un jour que l’on débute en œnotourisme.

Peut-on mesurer un impact pour le domaine ?

On forme de nouveaux clients ambassadeurs de nos vins. Les photos des vendanges circulent sur les réseaux sociaux, ça intéresse la presse régionale, nationale et même les chaînes d’info. On peut imaginer des processus commerciaux pour prolonger le contact avec les touristes. Par exemple, certains domaines proposent une réservation pour que les participants puissent commander la cuvée qu’ils ont contribué à vendanger. L’œnotourisme est une plus-value économique. Ça complète les salons. C’est aussi une démarche export grâce aux clients étrangers que l’on reçoit. Pour eux, nous expédions avec Chronopost ou UPS. Aujourd’hui, 50 % de notre chiffre d’affaires est en vente directe.

Un cadrage départemental

À ce jour, une centaine de domaines se sont lancés dans Vendangeur d’un jour au sein des Vignerons indépendants. Les fédérations Alsace, Ardèche, Champagne, Vaucluse, Gironde et Hérault développent l’offre au niveau départemental avec les acteurs du tourisme. La formule était encore au ralenti en 2021, mais plus à cause d’une toute petite récolte que de la Covid.

Le tarif peut être, par exemple, de 35 euros à 55 euros en Alsace ou de 25 à 45 euros en Ardèche, selon le type de repas proposé. Les offices du tourisme qui commercialisent touchent une commission variable, en moyenne autour de 10 %.

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