Un dessin de presse sur bouteille
Dessinateur de presse, Thibaut Soulcié a relevé le défi de dessiner pour la bouteille de la 33e cuvée La Ficelle de la Cave de Saint-Pourçain. Une façon de défendre une certaine idée du vin.
Dessinateur de presse, Thibaut Soulcié a relevé le défi de dessiner pour la bouteille de la 33e cuvée La Ficelle de la Cave de Saint-Pourçain. Une façon de défendre une certaine idée du vin.
Cela fait 33 millésimes que la Cave de Saint-Pourçain (Allier) demande à un dessinateur de presse d’inventer un dessin pour sérigraphier la bouteille de La Ficelle, sa cuvée qui sort rituellement début décembre. Comme il est de tradition, l’auteur du dessin du millésime précédent a proposé un dessinateur pour prendre le relais. Thibaut Soulcié a donc pris la suite de Deligne, et à plus long terme de dssinateurs comme Willem, Tignous ou Honoré. « Je ne m’y attendais pas, mais j’ai l’impression de rentrer dans une famille », s’amuse le dessinateur de 2019.
Comment trouver une 33e bonne idée après les 32 étiquettes déjà réalisées ? L’angoisse de la bouteille blanche n’a finalement pas trop atteint Soulcié. « Chercher des idées, c’est marrant », dit le dessinateur qui collabore à L’Équipe, Marianne, Télérama et Arte 28 min. Également à son actif, quelques albums de bande-dessinée chez Glénat, des planches chez Fluide Glacial ainsi que l’affiche du film Merci Patron de François Ruffin. Autant dire qu’il a vite surmonté la sensation que toutes les bonnes idées étaient déjà prises.
La convivialité du vin comme muse inspiratrice
L’idée de dessiner sur une surface non plane a aiguisé sa créativité. « La bouteille, c’est un support rigolo avec des contraintes. » Et puis la Cave de Saint-Pourçain a su entretenir l’inspiration. Pas seulement avec l’envoi des 32 dessins précédents mais aussi avec deux cartons de La Ficelle 2018.
Selon Soulcié, c’est du partage avec un ami de l’une des bouteilles reçues qu’est venue l’inspiration. « Ce vin facile à boire, qui coulait tout seul, je me suis dit que c’était que de l’amour et du partage ». Il a donc imaginé un couple attablé devant des verres reliés par une ficelle formant un cœur. L’idée du partage correspond bien à l’idée qu’il se fait du vin. Il est du genre « à partager une bouteille à 10 balles entre amis plutôt qu’une grande bouteille. Je suis partisan des bouteilles bien faites à bon prix ».
Dessiner pour une bouteille de vin, est-ce promouvoir de l’alcool ? Soulcié avoue qu’il s’est posé la question quelques secondes même s’il n’est pas vraiment sur une ligne hygiéniste. Mais il s’est dit qu’il allait défendre avant tout un état d’esprit. « Si une aussi bonne équipe a fait des étiquettes, ce n’est pas un hasard », dit-il en égrainant la liste de ses prédécesseurs qu’il admire. Il voit le vin comme le symbole « d’un retour au matériel, à l’authentique et au terroir dont on a besoin. C’est bien que La Ficelle trace ce sillon ». Il se dit aussi admiratif des gens qui font le métier de vigneron.
C’est maintenant à lui de proposer le dessinateur suivant. « J’ai déjà en tête deux noms de dessinateurs talentueux et bons vivants à qui ça pourrait plaire », dit-il avec malice, sans évidemment vouloir les nommer. En attendant, son dessin se retrouve sur 160 000 bouteilles et 5 000 magnums. Un bon tirage à l’échelle de la presse et de l’édition !