Trois idées pour attirer les touristes au caveau
Sylvie Plessis, vigneronne dans le Maine-et-Loire, a réalisé trois aménagements simples pour inciter les promeneurs à pousser les portes de son caveau de vente.
Sylvie Plessis, vigneronne dans le Maine-et-Loire, a réalisé trois aménagements simples pour inciter les promeneurs à pousser les portes de son caveau de vente.
C’est par une route étroite et peu fréquentée que l’on accède au Moulin de Chauvigné où Sylvie Plessis et sa fille Manon cultivent 13 hectares de vignes. Ce chemin est régulièrement emprunté par les promeneurs, car une fois arrivé à son point culminant, à savoir au niveau de l’entrée du Moulin de Chauvigné, une vue imprenable sur la vallée de Savennières s’offre à eux. « J’ai la chance de n’avoir rien à faire pour attirer les touristes chez moi, reconnaît Sylvie Plessis. Mais il fallait que je leur donne envie de pousser les portes du caveau. »
La vigneronne, qui ne souhaite pas pour autant y allouer un gros budget, imagine alors un « sentier Sensoristique », marque qu’elle fait déposer. « Le sentier Sensoristique du Moulin est né en 2017, à la veille de nos portes ouvertes alors que notre vignoble a gelé. Je voulais éviter que toutes les discussions se focalisent sur ça », raconte-t-elle. Elle imagine alors trois ateliers.
1 - La table panoramique
La vue, parfaitement dégagée permet d’observer les villages situés sur l’autre rive de la Loire. Sylvie Plessis a donc installé une table panoramique précisant le nom de ces villages et les situant à l’aide de flèches. On y retrouve également la direction des grandes villes françaises et du monde. Les différentes appellations produites au Moulin de Chauvigné sont indiquées en dessous, afin d’aiguiser la curiosité. « Et si jamais on n’est pas là, il y a un QR code qui redirige vers notre site internet », indique Sylvie Plessis. Cette installation lui a coûté 300 euros.
2- Le parcours ampélographique
Juste derrière s’étend une partie des vignes du Moulin de Chauvigné. « On a huit cépages différents sur 300 m », précise Sylvie Plessis. En 2016, la vigneronne fait réaliser une étude complète de terroir qu’elle utilise à la fois pour ses choix techniques, mais aussi dans son discours commercial. « Je trouve les résultats tellement intéressants que je me suis dit qu’il fallait que je les partage », raconte-t-elle.
Avec sa fille, elles se munissent d’ardoises (les mêmes que celles utilisées sur les toits) et de craies, et retranscrivent les grandes lignes de cette étude. « On parle du sol, du climat, des spécificités des différents cépages, ainsi que du déroulement de l’année dans un domaine viticole. On a également dessiné et légendé les différents stades phénologiques de la vigne », développe-t-elle. Sylvie Plessis utilise un aérosol de type vernis ou rustol pour fixer la craie. Les ardoises sont placées au pied des piquets de bois en début de rang.
3- L’obélisque aromatique
Enfin, Sylvie Plessis a construit un obélisque sur lequel elle a mis 13 bocaux en verres renfermant des arômes. « Les fragrances sont faites à partir d’huiles essentielles, d’arômes et de parfum. Il y a une treizième fragrance, dont la recette maison est 'secret-défense', qui illustre l’odeur de la lune », s’amuse-t-elle. Sur le bas de l’obélisque, on retrouve les petites ardoises sur lesquelles la vigneronne pose des questions au recto, et indique les réponses au verso. L’ensemble lui a coûté un peu moins de 400 euros.
Le sentier Sensoristique est proposé au domaine dans le cadre d’une visite guidée d’1 h 45 avec dégustation. Si la productrice y consacre un peu de temps pour la maintenance, elle estime le retour sur investissement rapide. « C’est un concept qui nous ressemble, et il est très apprécié pour nos visiteurs », se réjouit Sylvie Plessis. D’autres idées lui sont par ailleurs venues pour faire évoluer le concept, de type prestation de restauration. « Mais on se retrouve bloquées par le plan local d’urbanisation. À force de vouloir tout verrouiller par des règlements, on s’essouffle et on se décourage. C’est dommage », regrette-t-elle. Un constat que de nombreux vignerons semblent malheureusement partager, à l’heure où les consommateurs sont pourtant à la recherche de davantage d’authenticité et de proximité dans leurs relations avec les producteurs.