Avant-garde
Quand le smartphone sera indispensable
Les applications sur smartphone dédiées à la viticulture et à l'oenologie sont encore peu nombreuses. Mais les choses devraient évoluer rapidement. Et les possibilités offertes par la réalité augmentée devraient presque être de l'ordre de l'infini...

I l existe un site Internet qui recense (presque) toutes les applications pour smartphone concernant l'agriculture mais bien peu sont spécifiquement dédiées à la vigne et au chai. On en trouve quelques unes néanmoins. Il y a notamment celles développées par le BIVB (Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne) mais réservées à ses cotisants. Trois applications développées par le BIVB Elles sont au nombre de trois: un calculateur de surface externe du couvert végétal pour adapter le rognage ; un outil concernant la chaptalisation et calculant le poids de saccharose à ajouter afin d'obtenir le degré alcoolique souhaité et enfin, le calculateur SO2 moléculaire pour connaître le niveau de SO2 suffisant pour protéger le vin pendant l'élevage. Il y a également OEnotools, application gratuite à télécharger pour Iphone ou Android, développée par OEnobrands en collaboration avec Olivier Zébic, ingénieur agronome et oenologue et directeur associé de Zébic Sarl, qui effectue les calculs et conversions communément utilisés en oenologie. Et puis, il y a la petite dernière, Irribox, éditée par le même Olivier Zébic, téléchargeable en Applestore pour " un prix modique " qui est un outil d'aide à la décision d'irriguer et qui permet d'estimer le volume d'eau et la durée d'ouverture des vannes nécessaires en fonction de la taille des baies, de la surface foliaire, du stade phénologique et des variations climatiques. La liste n'est pas exhaustive. "Mais en tous cas, c'est parti ", estime Bruno Tisseyre, de Supagro Montpellier. Même si d'autres secteurs de production comme les grandes cultures ont une longueur d'avance sur la viticulture. " Le smartphone va devenir un outil professionnel incontournable d'aide à la décision et d'accès à différentes bases de données".
La réalité augmentée et le champ des possibles
Un avis que partage Christophe Guizard de l'Irstea (Institut national de recherche en science et technologies pour l'environnement et l'agriculture) : " Le smartphone est en fait un ordinateur doté d'un GPS, d'une boussole et d'un appareil photo, le tout tenant dans la main. Ce qui en fait un outil de collecte de données et grâce à la géolocalisation, de traçabilité, appelé à prendre de l'ampleur. " Mais ce qui devrait doper l'usage professionnel des smartphones dans un premier temps, estime Olivier Zébic, est la fonction de reconnaissance d'image. " On commence ainsi à voir apparaître des applications intelligentes.Dans le domaine des grandes cultures, existe ainsi une application qui prend une photo d'un champ de blé et indique à son utilisateur si des carences en azote se sont produites. " Et puis, il y la réalité augmentée qui ouvre un champ des possibles quasi infini. " La réalité augmentée consiste à greffer sur une image prise avec le téléphone des éléments contextuels. C'est encore confidentiel et les prototypes sont plutôt d'ordre ludique. On peut prendre par exemple, en photo un paysage de vigne et obtenir des informations sur le terroir ", explique Benoit Tisseyre. Pour l'heure, les applications développées sont plutôt à destination du grand public mais bientôt, des applications professionnelles vont être disponibles. " Un technicien affichera sur son écran une parcelle et disposera de données sur le propriétaire, le cépage. Pourront se superposer les caractéristiques pédologiques de la parcelle. Et je suis loin d'imaginer toutes les potentialités qu'offre cette technologie. La question qui se pose est de savoir si celle-ci continuera de fonctionner sur un téléphone ou si dans un cadre professionnel, un dispositif spécial telles des lunettes sera mis au point. Ce n'est qu'une simulation pour l'instant, mais une vidéo montre un agriculteur chaussé de lunettes particulières qui entre dans son étable et voit tout de suite quelle vache est malade. Technologiquement, on n'en est plus très loin. Un des enjeux pour demain puisqu'on va pouvoir intégrer toujours plus d'informations est de savoir qui va le faire, quelles sociétés. La profession doit s'interroger sur ce point. Mais en tous cas une chose est sûre : l'histoire est en marche. " CLAUDINE GALBRUN
Le Smartgrappe Un outil de diagnostic portable
“ AVEC LE SMARTGRAPPE, NOUS AVONS VOULU UTILISER TOUTES LES TECHNOLOGIES QUE RECÈLE UN SMARTPHONE pour le transformer en capteur à la vigne ”, indique Christophe Guizard qui a travaillé à sa conception. Un des premiers développement du Smartgrappe est le suivi colorimétrique d’une grappe afin de constater l’évolution de la maturité. Ce n’est pour l’heure qu’un prototype mais d’ores et déjà, d’autres développements tel le suivi des maladies sont prévus pour en faire, associé à un modèle de décision, un outil de diagnostic portable, fiable et précis. Le dispositif est constitué d’un boîtier sur lequel vient se poser le smartphone qui à tout moment pourra retrouver sa fonctionnalité première de téléphone. Ce qui permettra aussi de partager avec des professionnels, des techniciens n’importe où dans le monde, les informations recueillies. L’appareil photo du smartphone n’étant pas suffisamment fiable pour assurer une répétabilité parfaite des mesures colorimétriques, ce boîtier va compenser ces faiblesses et permettre ainsi une prise de vue de qualité et une mesure répétable. Un logiciel spécifique permet ensuite à partir de cette simple photo d’extraire les paramètres recherchés. Dans le cas du suivi colorimétrique, le résultat apparaît sous la forme d’un visuel graphique simple à interpréter. “ Avec le Smartgrappe, l’outil de laboratoire sera désormais au champ. ” !