Préparation des traitements et épandage, quel masque choisir ?
Si la première voie d’exposition aux produits phytosanitaires se fait par les mains, il ne faut pas négliger la protection des voies respiratoires. Quel masque porter et quand ? Voici les règles à suivre.
Si la première voie d’exposition aux produits phytosanitaires se fait par les mains, il ne faut pas négliger la protection des voies respiratoires. Quel masque porter et quand ? Voici les règles à suivre.
En ce qui concerne les voies respiratoires, la préparation des bouillies phytosanitaires est souvent la phase la plus exposante, notamment lors de l’emploi des produits en formulation poudre WP, et peut nécessiter le port d’un masque « passif » de type A2P3 (se référer à l’étiquette). Ces masques permettent d’arrêter les particules mais aussi les gaz (ou vapeurs) et embruns, notamment à l’incorporation des produits lors de la préparation de la cuve. Ils existent avec des cartouches intégrées équipées de filtres à charbon actif contre les gaz organiques (A2) et d’un filtre antipoussière (P3). Ils ont une durée de vie maximum de six mois. « Quand les cartouches sont saturées, l’opérateur perçoit un goût ou une odeur, cela signifie qu’il faut changer les masques », explique Fabien Vermot Desroches, directeur technique chez Axe Environnement.
Ce type de masque existe aussi en version dotée de cartouches interchangeables. Là encore, les cartouches doivent être changées au minimum tous les six mois et le masque tous les cinq ans. Des modèles avec visière permettent de protéger à la fois les voies respiratoires, les yeux et la face.
Des masques à action ventilée en cas d’exposition forte lors des applications
Les masques A2P3 sont soit des masques à ventilation « libre » – c’est-à-dire que c’est l’inspiration de l’applicateur qui assure le passage de l’air dans le filtre – soit des masques à ventilation « assistée » qui aspirent l’air extérieur et envoient l’air filtré au niveau des voies respiratoires. Les masques à ventilation assistée sont recommandés pour des situations d’exposition forte et/ou prolongée comme l’application de produits phytosanitaires sans cabine de tracteur, en pulvérisation à dos ou avec des chenillards. Le coût d’un masque A2P3 à ventilation libre est de l’ordre de 40 euros, celui d’un masque à action ventilée approche des 1 000 euros.
« L’idéal est toujours de penser à la prévention en amont, pour réduire le recours aux EPI, rappelle toutefois Gérard Bernadac, médecin conseiller technique national à la MSA. Cela passe par exemple par l’emploi d’un système de transfert fermé pour la préparation, d’une cabine classe 4 (il est possible d’adapter une cabine existante), ou encore par un bon entretien du pulvé pour éviter les pannes qui conduisent à sortir du tracteur. » Lorsque la cabine n’est pas de classe 4, le masque n’est pas préconisé, mais l’expert précise que le risque chimique doit être évalué par l’employeur. « Les produits qui émettent des vapeurs ou des gaz sont essentiellement les insecticides, illustre-t-il. De même, les pulvés à jets projetés réglés à moins de 2 bars représentent un risque moindre que des pneumatiques, dont les gouttelettes sont très fines. » La MSA aide gratuitement les entreprises dans l’évaluation des risques chimiques.
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Entretien des masques
Après usage, les cartouches et filtres ou le masque entier doivent être nettoyés et stockés dans une boîte hermétique (type plastique alimentaire), hors du local phytosanitaire, afin de limiter la saturation des charbons actifs
Attention, les filtres ne durent pas plus de six mois
Au bout de 20 à 30 heures d’utilisation ou dès perception d’odeurs, changer les masques. L’élimination des masques se fait via le circuit Adivalor « Eco EPI ».
Pour en savoir plus sur les EPI phyto et leur gestion, rendez-vous sur le site officiel https://ephyto.fr/.
Une obligation légale pour employeur et salariés
« La mise à disposition et le port d’équipement individuels de protection (EPI) pour la préparation et l’application des produits phytosanitaires sont une obligation pour l’employeur et ses salariés », rappelle Julien Durand-Réville, responsable santé à Phyteis.
L’article R 4412-11 du Code du travail précise en effet que « l’employeur définit et applique les mesures de prévention visant à supprimer ou à réduire au minimum le risque d’exposition à des agents chimiques dangereux, et notamment en prévoyant un matériel adéquat ainsi que des procédures d’entretien régulières qui protègent la santé et la sécurité des travailleurs ». L’article R4412-19 ajoute que « l’employeur assure l’entretien des équipements de protection collective ». Côté salariés, l’article L.4122-1 du Code du travail stipule « qu’il incombe à chaque travailleur de prendre soin, en fonction de sa formation et selon ses possibilités, de sa santé et de sa sécurité ainsi que de celles des autres personnes concernées par ses actes et ses omissions au travail ».