Pas d’effet des huiles essentielles sur le mildiou au champ
Si certaines essences de plantes montrent une efficacité contre le mildiou en laboratoire, il n’en va pas de même en conditions réelles.
Si certaines essences de plantes montrent une efficacité contre le mildiou en laboratoire, il n’en va pas de même en conditions réelles.
Les résultats du Casdar « huiles essentielles » ont été dévoilés à l’occasion des journées PNPP, organisées par l’Institut technique de l’agriculture biologique (ITAB), les 26 et 27 mai derniers. Ils mettent en évidence que les extraits de plantes comme le thym, l’origan ou le clou de girofle ont un effet sur Plasmopara viticola, mais qu’il n’est pas suffisant pour lutter contre le parasite au vignoble.
Pour arriver à ce résultat, les chercheurs ont commencé par tester plusieurs huiles essentielles en laboratoire. Sur disques foliaires, différentes solutions contenant des extraits d’eucalyptus, de thym, d’origan et de clou de girofle à 0,2 % ainsi qu’un adjuvant (Tween 20) ont été mises en contact avec le mildiou. Lorsque l’inoculation a été proche du traitement, l’efficacité a été bonne : 70 % pour le clou de girofle, 80 % pour le thym et jusqu’à 90 % pour l’origan, avec une mise en contact dans les six heures. Une efficacité qui a diminué drastiquement quand les chercheurs ont retardé l’inoculation, et a affiché 10 % seulement sur une contamination arrivant 24 heures après traitement. Ce qui fait dire à Nicolas Aveline, de l’IFV, et Marc Chovelon, du Groupe de recherche en agriculture biologique, que les huiles essentielles possèdent de véritables propriétés antifongiques, mais n’ont aucune rémanence.
Le rôle des adjuvants n’est pas négligeable
Les scientifiques ont également mené des essais sur vignes en pots. Les huiles essentielles, toujours à la concentration de 0,2 %, ont été couplées cette fois-ci avec les adjuvants Elton et Heliosol. Si le mildiou s’est bien développé, les intensités d’attaque ont été globalement plus faibles que sur le témoin non traité. Il est toutefois difficile d’imputer ce résultat aux extraits de plantes seulement, car les adjuvants seuls ont également montré une influence. Les meilleurs résultats ont été obtenus avec les combinaisons thym/Elton et clou de girofle/Heliosol. Dans un troisième temps, l’IFV a réalisé des essais dans le vignoble de Bordeaux, en combinant les huiles essentielles avec de faibles doses de cuivre (100 grammes par hectares). L’efficacité de ces préparations a été de 65 % en moyenne, par rapport au témoin non traité. Un résultat certes honorable, mais qui ne diffère pas de celui d’une faible dose de cuivre seul. Au niveau des différentes espèces, seul le thym montre une relative homogénéité dans l’ensemble des essais. Alors quel avenir pour les huiles essentielles en viticulture ? Il faudra avant tout identifier les composés chimiques antifongiques et leurs facteurs de dégradation, mais aussi améliorer leur formulation, pour mieux les solubiliser.