Ne pas négliger le chaulage des vignes
Le suivi du pH, et si besoin le chaulage, sont essentiels pour s’assurer du bon fonctionnement du sol, notamment dans le cas d’une fertilisation organique. Un contrôle tous les trois à quatre ans est nécessaire sur sol acide.
Le suivi du pH, et si besoin le chaulage, sont essentiels pour s’assurer du bon fonctionnement du sol, notamment dans le cas d’une fertilisation organique. Un contrôle tous les trois à quatre ans est nécessaire sur sol acide.
« Le suivi du pH des sols en viticulture n’est pas toujours bien réalisé, constate Jean-Yves Cahurel, du Pôle Beaujolais-Bourgogne-Jura-Savoie de l’IFV. Assez souvent, on retrouve dans le Beaujolais des pH inférieurs à 5,5, alors que les préconisations sont de ne pas descendre en dessous de 5,8. Une explication est sans doute que, comme beaucoup de vignes y sont implantées sur des coteaux, à des densités élevées, il n’est pas possible d’y passer un épandeur et les apports doivent se faire à la main. La situation évolue un peu car les viticulteurs font aujourd’hui plus attention au sol, mais des progrès sont possibles. » Un pH trop bas peut entraîner des problèmes de toxicité sur jeunes plants, liés à certains minéraux (aluminium, cuivre, manganèse) dont la solubilisation augmente quand le pH diminue. Un sol trop acide a aussi des effets négatifs sur son fonctionnement et celui des micro-organismes. Cela pénalise l’absorption de certains éléments nécessaires à la vigne et dont la dissolution est dépendante du pH. « Le magnésium, le phosphore sont alors moins disponibles pour la plante », détaille Jean-Yves Cahurel. Enfin, un sol trop acide se traduit par une dégradation de sa structure.
Chauler quelques mois avant la fertilisation organique
Un contrôle du pH tous les trois à quatre ans est donc essentiel. « Il faut faire appel à un laboratoire, recommande l’ingénieur. Et comme le pH varie dans l’année et diminue notamment quand il y a beaucoup de minéralisation, il est conseillé de le contrôler à chaque fois en hiver. » Dès que le pH est inférieur à 5,8, un amendement basique est recommandé. « Les apports doivent viser un pH de 6 à 6,2. Après l’intervention, le pH remonte, mais il redescend ensuite », poursuit-il. Si un fort redressement est nécessaire, il est conseillé de le faire sur deux ans, pour éviter des apports trop massifs qui impacteront fortement la vie du sol.
En entretien, un chaulage tous les trois à quatre ans suffit en général. Les apports sont à réaliser en hiver et surtout avant l’ajout de matière organique. « Le contrôle du pH, et si nécessaire le chaulage, est un préalable essentiel pour la minéralisation de la matière organique, insiste Jean-Yves Cahurel. Si le pH est trop bas, la fertilisation organique ne sert à rien, car la matière organique est peu minéralisée et libère donc moins d’éléments minéraux, notamment de l’azote et du phosphore. » Le chaulage doit être réalisé quelques mois avant la fertilisation organique. « L’important est surtout de ne pas le faire en même temps et d’éviter l’apport d’amendement organique trop rapidement après le chaulage », prévient l’expert. La dose d’amendement basique à apporter dépend de la remontée de pH souhaitée et du type de sol. « Les sols lourds, argileux, ont un pouvoir tampon important et nécessitent des apports basiques plus élevés pour faire évoluer le pH. Les sols légers, notamment les sols sableux, ont besoin d’apports moins importants mais plus fréquents », précise enfin Jean-Yves Cahurel.
Les produits à action lente suffisent en entretien
Le chaulage peut se faire avec des produits crus (calcaire, craies, dolomies, marnes), à action lente, ou avec des produits cuits (chaux), à action rapide. « L’action des produits cuits est rapide mais brutale et ces produits ne doivent être utilisés que lorsque le pH est très bas et qu’on veut le redresser rapidement, estime Jean-Yves Cahurel. En entretien, les produits à action lente suffisent. Ces derniers ont toutefois une action plus ou moins rapide selon leur finesse et leur solubilité carbonique. Dans une situation de redressement d’une vigne en place, par exemple, on conseille d’utiliser un produit cru à finesse élevée et solubilité carbonique importante. » La dolomie, qui apporte du magnésium, est à privilégier sur des sols déficients en cet élément. Un produit cuit sous forme de granulés devra obligatoirement être incorporé au sol après épandage, au risque de perdre toute son efficacité après recarbonatation. L’enfouissement est moins impératif avec les produits crus.
en bref
Le contrôle du pH est un préalable essentiel à la fertilisation organique.
S’il est inférieur à 5,8 un amendement basique est recommandé.
Les produits de chaulage crus sont à privilégier, sauf en cas de pH très bas.