Manifestations agricoles : « La situation est très critique, nous sommes en train de perdre le vignoble »
Henri Serral, viticulteur à Portel-des-Corbières, dans l’Aude, va aller manifester demain. Voici les trois mesures qu’il réclame.
Henri Serral, viticulteur à Portel-des-Corbières, dans l’Aude, va aller manifester demain. Voici les trois mesures qu’il réclame.
Henri Serral a 45 ans. Il est installé sur 24 hectares de vigne, à Portel-des-Corbières, dans l’Aude et produit tant de l’AOC languedoc que des IGP pays d’oc, qu’il apporte à la cave coopérative de Coursan. Depuis deux ans, il subit de plein fouet la sécheresse, la hausse des coûts et l’effondrement des marchés. Une conjonction de facteurs qui le met dans une situation critique, qu’il n’estime plus tenable. Il va aller manifester demain 26 janvier et se confie sur ses revendication et sur les mesures qui pourraient l’aider à passer le cap.
Obtenir une baisse des charges
« La première mesure indispensable est une baisse des charges, énonce-t-il. Depuis le Covid et la guerre en Ukraine, les charges ont augmenté de 30 à 40 %. MSA, GNR, phytos, matériel, fournisseurs, fiscalité, tout a augmenté. On arrive à des hausses qui ne sont pas soutenables, et ce d’autant plus que les cours du vin s’effondrent. On n’arrive même plus à vendre, les caves sont pleines, la campagne de distillation n’a pas été suffisante, le marché est atone. »
Que les cours du vin remontent et se stabilisent
Logiquement, sa seconde revendication porte sur les cours du vin. « Il faut absolument qu’ils remontent et que le marché se stabilise ; que la filière se réorganise afin qu’on puisse avoir une visibilité à 10 ans, exhorte-t-il. Là, on navigue à vue, on ne sait pas quelles décisions prendre pour l’exploitation. Moi par exemple, il faudrait que je plante. Mais je ne sais pas si je dois le faire ou pas. Pour l’instant je résiste financièrement, mais pas pour longtemps. »
Avoir accès à l'eau pour sauver le vignoble
Son troisième besoin crucial est celui de l’accès à l’eau. « Il faut que certains secteurs, comme le mien, aient accès à l’eau, réclame-t-il. Nous n’avons pas de pluies hivernales depuis 2 ans. Le vignoble est en train de s’éteindre et nous avec. »
Il imagine deux solutions : des retenues collinaires sur la Berre ou une extension du réseau du Bas Rhône, comme l’avait prévu Georges Frêche avec son projet Aqua Domitia. « Il faut urgemment remettre ce projet à l’ordre du jour, enjoint-il, nous avons à peine 100 mm par an, c’est moins que dans le désert du Sahara. »
« Nous avons peur que la vigne ne démarre pas »
En 2023, ses vignes n’ont poussé que de 20 à 30 cm. « La récolte a été minable, rapporte-t-il, mais cette année nous avons même peur que la vigne ne démarre pas. Nous sommes en train de perdre le vignoble. Il faut que les pouvoirs publics nous aident à passer ce cap. Certains vont devoir arrêter d’exploiter et il faut les aider à arrêter dignement. Quant aux autres, il faut les aider et leur donner accès à l’eau. Sinon, les terres vont être abandonnées et en friche. Cela donnera lieu à des incendies, dénaturera les paysages, avec certainement un impact sur le tourisme qui est important chez nous. »
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