« À l’export, la concurrence ne se situe pas entre deux vignerons d’une même région »
Anne Martel-Reison, fondatrice de la société de conseil EOC International, milite pour l’exportation collaborative qu’elle défend notamment dans un livre. Elle nous explique les atouts de cette approche pour le vin.
Anne Martel-Reison, fondatrice de la société de conseil EOC International, milite pour l’exportation collaborative qu’elle défend notamment dans un livre. Elle nous explique les atouts de cette approche pour le vin.
Comment définir l’exportation collaborative ?
Qu’est-ce qui distingue l’approche collaborative d’un collectif ?
Le collectif, c’est une étape mais c’est peu engageant. Ça peut passer par le partage d’un stand, d’un VIE…
Ce n’est pas la même démarche que de se mettre à plusieurs pour se dire : comment on va aborder ensemble le marché allemand, japonais ou américain ? Comment on prospecte, avec quels vins, quel positionnement, quelle politique de prix ?
En quoi le vin est-il adapté aux démarches d’exportation collaborative ?
À travers le vin, il y a la volonté de promouvoir un terroir, une région ou une appellation. Il y a donc une histoire commune, partagée à l’échelle d’une zone viticole ou du pays que l’on peut raconter et mettre en avant.
Cela permet aussi de proposer à l’acheteur potentiel un panel plus large que s’il était en face d’une seule proposition.
Dans votre livre, vous expliquez qu’en France, la démarche collaborative a plus de mal à percer en comparaison d’autres pays comme l’Italie. Quels sont les freins ?
Dans l’imaginaire collectif, l’exportation a tendance à être associée à une démarche individuelle. Il y a aussi une crainte de la concurrence entre vignerons. Pourtant, à l’export, elle ne se situe pas entre deux vignerons d’une même région mais avec d’autres pays : elle est chilienne, sud-américaine, espagnole… Il faut privilégier l’intelligence collective même si ça fait peur au départ.
À plusieurs, on est plus visible que tout seul, cela permet d’atteindre une taille critique et d’accéder à des réseaux.
Concrètement comment une telle démarche se met-elle en place ?
Définir la politique de prix est un élément essentiel. J’ai accompagné un groupe d’une quinzaine de vignerons souhaitant exporter au Brésil et aux États-Unis. Nous avons d’abord discuté pour bâtir une liste de prix commune cohérente. On ne peut pas avoir un vin qui est deux fois plus cher qu’un autre pour un niveau de gamme comparable. Il faut toujours se placer du côté des acheteurs et proposer une complémentarité dans le portefeuille pour que l’offre groupée ait un intérêt pour lui. Avant de définir les actions, il faut aussi disposer d’outils numériques. Cela fait partie du montage du projet que de prévoir, par exemple, un site web avec des portraits réalisés par un photographe professionnel.
Quelle est la taille idéale d’un groupe d’exportateurs ?
De cinq à huit exportateurs, c’est le nombre idéal. Mais au-delà de la taille, ce qui compte avant tout c’est la volonté commune et la présence d’une personne qui porte le groupe, reconnue par les autres et sur laquelle, en tant que conseiller, on s’appuie.
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Quel est le coût d’un accompagnement ?
Le coût d’un accompagnement est évidemment variable selon la mission définie mais Anne Martel-Reison avance, à titre indicatif, des tarifs de « 6 000 à 7 000 euros par an pour l’Europe, de 10 000 à 15 000 euros pour le grand export selon les destinations ».
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