Les connaissances sur la flavescence dorée dans les vignes s’affinent
Facteurs de risques, prévention et capteurs étaient au programme de la journée spéciale flavescence dorée d’InterLoire.
Alors que la pression de la flavescence dorée s’amplifie dans le Val de Loire, l’interprofession ligérienne lui a consacré sa journée technique, TechniLoire, le 25 janvier. Ce qui a permis de faire le point sur les dernières avancées de la recherche, à commencer par l’identification des facteurs de risque. « Les prospections des Gdon-Fredon (1) génèrent des milliers d’observations que l’on peut exploiter pour mieux gérer la flavescence dorée », a rappelé Sylvie Malembic-Maher, chercheuse à l’UMR Biologie du fruit et pathologie de l’Inrae de Bordeaux. Sur le territoire du Gdon des Bordeaux, un système d’information géographique a été créé en regroupant plusieurs sources de données.
L’altitude, l’âge de la parcelle et le cépage, principaux facteurs de risque
Ce qui a permis de déterminer que les principaux facteurs de risque d’infection d’une vigne sont l’altitude, l’âge de la parcelle et le cépage. Les parcelles en cabernet sauvignon, cabernet franc ou muscadelle ont deux fois plus de risques d’être infectées que celles de merlot. Et l’altitude réduit fortement le risque. La probabilité d’infection augmente aussi avec la part de forêts et zones urbaines à proximité et selon la part de vigne dans le paysage. Le modèle permet en outre de discriminer les communes avec plus de 10 % de parcelles infectées et donc d’élaborer des cartes de risque permettant d’orienter les prospections. Les travaux vont être élargis à la Bourgogne et à la Savoie.
Par ailleurs, les chercheurs ont confirmé que vignes ensauvagées ou cultivées au jardin constituent un risque important de recontamination des vignobles. Dans le Bordelais, le projet « Re-Grappons Nous » est mené sur 21 communes par le Gdon des Bordeaux et l'Inrae pour construire des solutions permettant de diminuer ce risque. Onze actions ont été coconstruites, comme d’organiser la gestion des repousses de vignes sauvages, créer des partenariats avec les caves coopératives, mobiliser les associations pour la sensibilisation et l’action collective.
Perturber la rencontre entre phytoplasme et cicadelle
Autre découverte, des chercheurs ont observé que le phytoplasme de la flavescence dorée possède à sa surface une protéine, la Vmpa, qui agit comme une adhésine, et que la protéine de la cicadelle Uk1_LRR pourrait être un récepteur de cette adhésine. Ils ont aussi observé que le phytoplasme pénètre dans la cellule en utilisant la protéine clathrine. « Ces travaux ouvrent la perspective de perturber ces deux phénomènes en inhibant la synthèse des protéines impliquées avec la méthode ARN interférence », a indiqué Audrey Petit, de l’IFV pôle Sud-Ouest.
Des tests de capteurs pas encore concluants
Au rayon des outils, l’IFV a testé quatre capteurs de détection de la flavescence, embarqués sur tracteur (Chouette, Prospect’FD, Bloomfield) ou ULM (Scanopy). Les résultats sont décevants. Le modèle économique n’est de plus pas clairement identifié. « Le projet a toutefois montré les enjeux liés à l’utilisation de tels capteurs dans le cadre d’une lutte collective, a nuancé Éric Chantelot, de l’IFV pôle Rhône Méditerranée. La filière doit réfléchir à ce qu’elle en attend, captation à la parcelle ou sur un territoire. L’utilisation de capteurs multispectraux, jugés trop onéreux, pourrait aussi s’envisager dans le cadre d’une lutte collective. » Les tests pourraient se poursuivre avec les capteurs d’autres sociétés.
Enfin, depuis 2017, la filière Cognac teste Egleek, piège connecté développé par Advensee. Une feuille gluante est associée à une caméra qui capture plusieurs fois par jour une image de la feuille. Un logiciel permet de compter les insectes et d’identifier les cicadelles vectrices de la flavescence dorée. Le piège communique avec un serveur via le réseau GSM et en wifi sur le terrain. Le taux de reconnaissance est supérieur à 50 %. Quand un seuil est dépassé, l’opérateur reçoit un e-mail ou un SMS. En 2023, soixante-six pièges connectés ont été déployés sur les communes en aménagement de lutte, réduisant les déplacements de 50 %. Les travaux se poursuivent, pour notamment réduire le coût qui est actuellement de 775 euros par piège et 219 euros par an d’abonnement.
à suivre
La pression monte en Val de Loire. Après éradication des premiers foyers détectés en 2001, 2013 et 2016, la flavescence dorée resurgit en Val de Loire depuis 2021. Trois foyers sont en cours de gestion en Indre-et-Loire (56 parcelles en 2022, 78 en 2023) et Maine-et-Loire. Une prospection encadrée est assurée par les vignerons. En Centre-Val de Loire, l’autosurveillance de 10 % du vignoble est en cours depuis 2018. En Pays de la Loire, un plan d’action collective établi en 2023 a permis de prospecter 2 % du vignoble Anjou-Saumur (objectif 5 % en 2024).
Des applications pour simplifier la prospection
En Charentes, Vigivignes Charentes sert à déclarer les ceps symptomatiques directement sur la parcelle. Les pieds sont géolocalisés, ce qui facilite la venue des techniciens. L’application permet aussi de consulter une fiche de diagnostic, d’accéder à la fiche prospection en ligne et de trouver des contacts.
Dans l’Hérault, l’application mobile Vigifl@V permet à tous les acteurs d’enregistrer leurs observations sur un même outil, simplifiant la traçabilité de la surveillance. La Fredon visualise les données saisies en temps réel et reçoit des alertes en cas de signalement de symptômes.