Le Val de Loire se penche sur les causes de bas rendement
Des études menées par l’IFV Centre Val de Loire ont identifié les carences azotées comme une cause majeure de bas rendement. La forte prévalence du court-noué est une autre source d’inquiétude pour les rendements futurs.
Des études menées par l’IFV Centre Val de Loire ont identifié les carences azotées comme une cause majeure de bas rendement. La forte prévalence du court-noué est une autre source d’inquiétude pour les rendements futurs.
« Et dire que l’année où l’on décide de mettre en place une étude pour identifier les causes de bas rendements est l’année où l’on bat des records de récolte », ironise Marie Bonnisseau, référente technique au pôle Centre Val de Loire de l’IFV. Sur le vignoble de la cave Robert et Marcel, à Saumur, Marie Bonnisseau a suivi en 2018 et, par la force des choses en 2019, un réseau de parcelles présentant généralement des rendements inférieurs à ceux autorisés dans les cahiers des charges. En parallèle, Guillaume Delanoue, ingénieur à l’IFV Centre Val de Loire a effectué le même travail en Indre-et-Loire, en partenariat avec la cave des producteurs de Vouvray.
À Saumur comme à Vouvray, d’importantes carences en azote ont été relevées. " Cela explique en partie pourquoi les jeunes vignes ont jusqu’à 10 % de manquants dans le secteur saumurois", pointe Marie Bonnisseau. Pour Guillaume Delanoue, il est urgent de considérer « l’enherbement comme un axe stratégique à intégrer au plan de gestion de la parcelle ». D’autant que les analyses de ΔC13 et les suivis d’indices d’arrêt de croissance (IAC) démontrent que l’eau ne manque pas. « Dans les cas les plus extrêmes, on a un stress modéré », assure Guillaume Delanoue. Il attire par ailleurs l’attention des viticulteurs sur le fait d’éviter les extrêmes. " Les sols du côté de Vouvray sont peu profonds et sujets à l’érosion, les laisser nus est une aberration. À l’inverse nos analyses montrent que des couverts implantés depuis plus de dix ans créent une forte concurrence pour l’azote. Il faut les détruire ou au moins alterner un rang sur deux. » Le spécialiste déplore par ailleurs le « blanc scientifique » qui existe aujourd’hui sur le trajet effectué par l’azote entre le sol et la plante.
Le court-noué, une maladie bien présente mais difficile à détecter
« En moyenne, 12 % des vignes expriment des symptômes de maladies du bois, avec des cas plus extrêmes à Vouvray », relate Marie Bonnisseau. En 2018, les techniciens ont réalisé un test Elisa par parcelle sur 30 parcelles dans chacun des deux bassins. Un tiers des tests s’est avéré positif, révélant ainsi la présence de court-noué. « En 2019, on a réduit le nombre de parcelles testées à 10 sur chaque zone, avec cette fois 16 tests par parcelles. Les résultats sont très alarmants puisque 9 parcelles sur 10 ont au moins un pied atteint de court noué », s’inquiète Marie Bonisseau. Pour le moment, la maladie ne cause pas de millerandage et n’impacte donc pas les rendements. « Mais la présence de virose n’est jamais une bonne nouvelle, et on voit bien dans les vignobles du sud que la maladie commence à s’exprimer quand l’eau vient à manquer », déplore Guillaume Delanoue.
En phase de finalisation, les travaux menés par Marie Bonnisseau et Guillaume Delanoue viennent compléter ceux effectués dans cinq autres réseaux nationaux dans le cadre du programme Longvi. Ils doivent aboutir d’ici le mois d’avril à la mise à disposition des chambres d’agriculture d’un protocole pour diagnostiquer les causes de bas rendements. « Ces diagnostics doivent aider à la mise en place d’actions collectives pour lutter contre le dépérissement du vignoble », conclut Marie Bonnisseau.