Le high-tech investit la viticulture
Les technologies de pointe vont progressivement envahir notre filière, apportant des gains de performance pour les entreprises et l’assurance de produits conformes aux attentes des consommateurs. Encore faudra-t-il les accepter.
Les technologies de pointe vont progressivement envahir notre filière, apportant des gains de performance pour les entreprises et l’assurance de produits conformes aux attentes des consommateurs. Encore faudra-t-il les accepter.
des nouvelles technologies
a déjà démarré,
à l’image
des drones
qui survolent d’ores et déjà
les vignobles.
" Une technologie est mature quand on l’accepte sans le savoir » indique Sébastien Debuisson, expert en machinisme au Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC). Nous n’en sommes pas encore là avec le high-tech. Il n’empêche, estime Christophe Riou, directeur technique et scientifique de l’IFV (Institut français de la vigne et du vin), les choses vont très vite. « Prenons l’exemple des drones. Il y a deux ans, leur usage en viticulture paraissait surréaliste. Or, en un temps très court, cette technologie est devenue concrète. »
La viticulture entre dans l’ère du big data
Le high-tech serait donc aux portes des exploitations viticoles. Ce qui constitue une première révolution. La deuxième et qui n’est sans doute pas la moindre, tient au fait que tous ces bijoux de technologie soient connectés entre eux et capables de communiquer. « On entre dans l’ère du big data, celle de l’agriculture mesurée », indique Gilbert Grenier, professeur d’automatique et de génie des équipements à Bordeaux Sciences Agro. « Des capteurs vont être positionnés tous azimuts, mesurant tous les paramètres possibles, qu’ils concernent le sol, le climat, la plante, la machine. À partir de ces données, le viticulteur prendra sa décision. » La donnée acquiert ainsi une autre valeur que celle qu’elle pouvait avoir, il y a vingt ou trente ans, poursuit Franck Brossaud, responsable de la coordination technique au BIVB (Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne). « Dans le domaine phytosanitaire, par exemple, le fait d’acquérir des données, de les traduire en risque potentiel permettra de changer les comportements. C’est l’un des enjeux de demain. »
Le smartphone est appelé à devenir notre deuxième cerveau
Reste à savoir si les vignerons sont prêts à cette révolution high-tech. « S’ils peuvent en espérer une simplification de la vie au quotidien et un gain de temps, pourquoi pas. Mais l’enjeu se situe surtout au niveau de l’accès à l’information qui devra être simple et rapide », estime Sébastien Debuisson.
De ce point de vue, le smartphone, appelé à devenir « notre deuxième cerveau », selon les mots de Gilles Brianceau, directeur du cluster Innovin, a de beaux jours devant lui.
La perspective de gains de productivité entrera aussi en ligne de compte lors de l’éventuelle adoption de tous ces nouveaux outils. « Mais les économies à en attendre ne seront pas celles réalisées au niveau des intrants. Les marges de progression seront plutôt dans la performance des entreprises, dans l’assurance d’avoir des produits de qualité régulière, conformes aux attentes des consommateurs », prévient Franck Brossaud.
Gageons toutefois qu’une partie des vignerons se montrera rétive à faire rentrer ces technologies dans les vignes ou au chai. Mais qu’ils se rassurent : le fait de disposer de toutes ces technologies ne les dispensera d’aller dans leurs vignes, analyse Gilbert Grenier. « Tout système automatisé a ses failles et donc la connaissance du terrain reste essentielle. On peut utiliser la machine mais il ne faut pas lui faire confiance. Il faut même avoir la curiosité de la contredire. »
Après, il y a l’acceptation par le consommateur. « La filière s’est bien accommodée du fait de le laisser penser que pour faire du vin, il suffisait de mettre du raisin dans une cuve. Je suis convaincu que la plus grosse révolution sera de faire passer le message selon lequel il y a du high tech dans le vin. Et attention à l’effet boomerang », conclut Christophe Riou.