Quand la machine à vendanger aide à lutter contre le botrytis
En Nouvelle-Zélande, le domaine Villa Maria fait un passage de machine à vendanger peu après la floraison. Cela permet de faire tomber les capuchons floraux et de limiter les contaminations précoces de botrytis. Résultat : jusqu'à 50 % de pourriture en moins.
En Nouvelle-Zélande, le domaine Villa Maria fait un passage de machine à vendanger peu après la floraison. Cela permet de faire tomber les capuchons floraux et de limiter les contaminations précoces de botrytis. Résultat : jusqu'à 50 % de pourriture en moins.
Une fois que la fleur est passée, c’est devenu le même rituel tous les ans au domaine Villa Maria, en Nouvelle Zélande. On sort la machine à vendanger du hangar. Et ce n’est pas une sortie futile destinée à lui faire prendre l’air, puisqu’il s’agit de secouer les parcelles de sauvignon, en vue de limiter le développement du botrytis. À la base, le domaine avait mené des essais il y a une dizaine d’année pour voir si cette pratique permettait d’éclaircir les vignes, dont la charge peut flirter avec les 100 hl/ha. « Et nous nous sommes aperçus aux vendanges que les modalités secouées étaient dans un état sanitaire bien meilleur que les autres, explique Oliver Powrie, chef de culture au domaine Villa Maria. Même dans les endroits où le rendement avait été amputé de seulement 3 %, le botrytis lui avait réduit de moitié. »
Le consultant néo-zélandais Mark Allen s’est penché sur la question, et pour lui il n’y a pas de doute. Après plusieurs études, la principale explication vient du fait que le secouage permet de faire tomber les capuchons floraux dans lesquels s’installent les foyers précoces de botrytis. Dès lors, il a cherché à savoir quelles sont les paramètres et réglages à prendre en compte, et donne des recommandations techniques au vignoble pour mettre en place une telle pratique.
Rouler à 5 km/h avec seulement deux secoueurs pour ne pas faire de casse
Dans l’idéal, il préconise de passer lorsque les baies ne se touchent pas, et qu’elles font un peu moins de 5 millimètres. Cela correspond à un poids de la grappe d’environ 50 grammes. « Si l’on passe trop tôt, la fleur est trop légère et il n’y a pas l’énergie cinétique nécessaire pour faire tomber le capuchon, témoigne Oliver Powrie. Au domaine Villa Maria nous faisons en sorte de passer vers le stade petit pois. »
Concernant la machine à vendanger, il faut enlever les collecteurs (noria ou écailles) et faire en sorte de rouler entre 5 et 6 km/h avec un secouage réglé entre 460 et 490 coups/min. Le pincement des secoueurs doit quant à lui être réglé entre 40 et 60 mm. « Lorsque l’on monte au-dessus de 490 battements/min ou que l’on descend en dessous de 5 km/h d’avancement, on fait alors baisser les rendements des vignes », précise Mark Allen.
Le nombre de secoueurs doit lui aussi être adapté. Il faut seulement en garder une paire à hauteur de la moitié du tronc, et une autre environ 5 cm au-dessus de la zone des fruits. Il est possible d’en ajouter une troisième paire et de se rapprocher de la zone des fruits (2 cm) lorsqu’on veut éclaircir par la même occasion. En fonction des réglages, Oliver Powrie peut éclaircir grâce à la machine à vendanger jusqu’à 50 % de la récolte. « Il est donc important que chaque viticulteur teste en amont les réglages avec sa machine avant de généraliser l’opération, pour s’ajuster et être sûr de faire le travail approprié », rappelle Mark Allen.
Le consultant a par ailleurs réalisé des calculs statistiques d’efficacité vis-à-vis du botrytis. Sur les 152 essais, il obtient une baisse moyenne de l’infestation de 52 %. Des résultats qui concordent avec ce qu’observe Oliver Powrie. « Cette technique nous permet de réduire de moitié les foyers de pourriture, parfois plus et rarement moins », affirme-t-il.