VITICULTURE DURABLE
La biodiversité contre les insectes prédateurs
ont été identifiées au château
Guiraud.
“Toute utilisation d’insecticide a été abandonnée en 2004 et il n’y a pas d’attaques de vers de la grappe ou de cicadelles depuis ”, indique Xavier Planty, gérant et co-propriétaire du Château Guiraud, premier grand cru classé en sauternes qui vient d’obtenir la certification bio. L’abandon des traitements insecticides a fait suite à l’implantation, il y a une dizaine d’années, de haies basses, installées en suivant les conseils de Marteen Van Helden, professeur à l’Enita de Bordeaux et spécialiste de la biodiversité viticole. Ces haies sont orientées “ dans le sens du rang de vigne et de manière à ne pas provoquer d’accumulation d’air froid ”, précise Xavier Planty. Deux types d’espèces végétales ont été choisies : des espèces à feuilles persistantes (charme, buis…) et des espèces à développement précoce au printemps (saule nain, châtaignier…). “ Cette végétation permet d’abriter les insectes et de leur fournir une nourriture précoce. Par ailleurs, le rôle de la strate herbacée est très importante car elle favorise les insectes. Il n’y a donc pas de désherbage ”, explique Xavier Planty. ! 675 morpho-espèces différentes Reste que la relation entre une remarquable diversité faunistique et floristique et l’absence d’attaques d’insectes prédateurs reste un mystère. “Marteen Van Helden explique que l’on sait que cela marche mais on ne sait pourquoi. Les entomologistes ne connaissent pas les insectes impliqués dans la lutte ou la gestion des populations de cicadelles ”, précise Xavier Planty. C’est notamment pour tenter d’y voir plus clair qu’Elise Mazé, chercheuse à l’université de Rennes, a étudié l’entomofaune du domaine en 2010 dans cinq milieux.
675 morpho-espèces différentes ont été identifiées.
“ Le premier résultat intéressant est que certaines espèces d’insectes migrent, au cours des premiers mois de l’année, des haies, vers la strate herbacée puis dans les vignes. Il s’agit surtout de petits coléoptères dont les larves sont carnivores, ce qui constitue une piste à démontrer ”, indique Xavier Planty. Autre résultat, la moitié des prises étaient des abeilles mellifères et ce tout au long de l’année, “ ce qui témoigne d’une forte diversité floristique ”