Travail du sol | « J’économise plus du double de temps au désherbage intercep avec l’Emisol »
Stéphany Camus, vigneron en Charente-Maritime, s’est équipé d’un portique deux rangs Emisol pour le travail du sol intercep. Il estime gagner plus du double de temps par rapport à son ancien matériel.
Stéphany Camus, vigneron en Charente-Maritime, s’est équipé d’un portique deux rangs Emisol pour le travail du sol intercep. Il estime gagner plus du double de temps par rapport à son ancien matériel.
Dans le paysage charentais, les cavaillons aux adventices jaunes-orangées laissent doucement la place à des rangs désherbés mécaniquement. Et pour cause. Les grandes maisons de cognac poussent leurs apporteurs à en finir avec les herbicides. Face à la somme d’heures supplémentaires que cela représente, le constructeur local Forge Boisnier mise sur les portiques double rangs pour le travail du sol intercep. Mais sont-ils d’un véritable secours ? L’idée est-elle toujours aussi bonne sur le terrain que sur le papier ?
Stéphany Camus, vigneron à Lonzac en Charente-Maritime et apporteur chez Hennessy, en est maintenant convaincu. Il s’est lancé dans les interceps il y a quatre ans, en s’équipant d’un cadre classique. Rapidement, le dirigeant de Forge Boisnier, installé dans le village voisin, lui a proposé de tester sa dernière trouvaille : l’Emisol. « Depuis que je me suis équipé, en 2021 pour le premier prototype, je réalise un gain de temps important, assure Stéphany Camus. J’estime aller 2,5 fois plus vite qu’avec mon ancien cadre. » Le vigneron explique que non seulement il mène deux rangs à la fois au lieu d’un, mais il gagne en plus du temps dans les tournières, puisqu’il rentre dans un rang sur deux et n’a plus de manœuvre à faire. « Le portique est monté sur un attelage tournant, ça pivoter comme un rien : là où la roue du tracteur passe, le boggie passe », s’enthousiasme le vigneron charentais.
Les 45 hectares sont bouclés en trois jours
En moyenne, il arrive à travailler 15 hectares par jour, sans faire de grosses journées. Ce qui lui permet de couvrir le parcellaire concerné en trois jours seulement, malgré le fait qu’il ait une exploitation assez morcelée et beaucoup de petites parcelles. Stéphany Camus tire son portique Emisol à l’aide d’un tracteur standard John Deere de 90 cheveux. Il roule à environ 5,5 km/h et au régime moteur de 1400 tr/min. Il enclenche la prise de force sur le régime 540 tr/min, afin de faire tourner la centrale hydraulique du portique. Du côté de la prise en main, il estime qu’elle est relativement facile, malgré la taille imposante du matériel. « C’est sûr qu’il faut être attentif, ce n’est pas le premier outil à mettre dans les mains d’un chauffeur débutant, mais il n’y a pas de difficulté particulière, relate-t-il. Ma nièce, avec qui je travaille, appréhendait de l’utiliser, et elle s’y est parfaitement accommodée. »
Pour lui, le secret est de bien regarder devant pour aller droit et ne pas trop se focaliser sur les outils. D’autant plus que la profondeur de travail est gérée automatiquement par une roue de terrage montée sur vérin. « Auparavant il y avait un palpeur pour le terrage, et l’outil avait tendance à se relever à chaque motte de terre. Depuis que l’entreprise a installé la roue, cela va beaucoup mieux », retrace le vigneron. L’attelage et le dételage sont faciles, selon lui, puisqu’il n’y a pas de trois points à gérer. En cabine, il dispose d’un joystick permettant de contrôler plusieurs paramètres. Un bouton aide à écarter les roues du boggie vers la droite ou vers la gauche, ce qui est utile pour stabiliser l’outil dans les dévers, par exemple. Un autre contrôle l’écartement sur le rang des deux portiques. On y trouve également un bouton pour déclencher le déploiement des lames. « Depuis ce joystick, on peut replier entièrement l’outil pour aller sur la route. Mais même dans cette configuration, il faut avouer que ça fait un matériel assez encombrant », concède Stéphany Camus.
Un entretien qui se limite aux graissages
Il est possible de monter divers outils sur les portiques. Ces derniers sont étudiés pour accueillir les matériels de la marque italienne Spedo, chez qui Forge Boisnier a ses repères. Le vigneron charentais y installe principalement des lames, et parfois des disques. Il réalise encore un seul et unique désherbage chimique, en hiver. Une association de glyphosate et de flazasulfuron qui lui permet d’être tranquille jusqu’en avril, et de partir sur un cavaillon qui n’est pas trop envahi par l’herbe. « Sans ça c’est compliqué de rester propre toute la saison », commente-t-il.
Stéphany Camus travaille ensuite avec les interceps tout au long de la saison jusqu’aux vendanges, ce qui représente quatre passages en moyenne. « La rapidité d’exécution me permet de passer à chaque fois au stade plantule et de ne pas me faire gagner par l’herbe », apprécie-t-il. Cet automne, il essaiera de faire un passage de disques seuls pour réaliser une sorte de cavaillonnage pour l’hiver et améliorer l’efficacité du premier coup de lame au printemps. Il n’y a que sur ses plantiers d’un et deux ans qu’il n’utilise pas le cadre Emisol. Puisque les rangs sont entièrement travaillés, il combine le passage du griffon avec celui des interceps, à l’aide de son ancien cadre de deux demi-rangs. « C’est dans ces moments-là que l’on se rend compte du temps fou que l’on gagne en faisant deux rangs à la fois ! », s’amuse le vigneron.
Du côté de l’entretien, les besoins sont surtout liés au graissage, notamment du boggie et des imposantes poutres métalliques qui composent les portiques. Hormis cela, Stéphany Camus ne voit rien de notable et précise qu’il n’a eu aucun problème sur ses trois campagnes d’utilisation. Le vigneron est donc très satisfait de son matériel. « C’est sûr que c’est un investissement, j’ai dû mettre 55 000 euros sur la table à l’époque, mais il sera amorti rapidement, estime-t-il. Sans compter que cela peut faire l’économie d’un chauffeur, ce qui n’est pas rien avec les problèmes de main-d’œuvre que l’on connaît. »
Un concept décliné en trois modèles
L’Emisol utilisé par Stéphany Camus est conçu pour travailler dans des vignes comprises entre 2,20 et 3 mètres de large. L’outil de 3,2 tonnes possède de série un attelage à l’arrière pour y installer si l’on veut un griffon, et un attelage spécial sur les deux montants extérieurs permettant d’atteler deux tondeuses travaillant un demi-rang. « Ainsi il est possible en un seul passage de faire l’entretien complet du sol pour ceux qui sont enherbés un rang sur deux », indique Adrien Boisnier, gérant de l’entreprise Forge Boisnier.
Le porte-outil existe également aux couleurs de Clemens, sous le nom Twin-liner. Une spécificité qui permet de s’équiper avec les outils de la marque allemande. La maison Forge Boisnier décline aussi son matériel dans une version entre roues, permettant de travailler dans des vignes comprises entre 2,50 et 3 mètres, ainsi que dans une version plus étroite appelée Lomasol, conçue pour les vignes entre 1,75 et 2,50 mètres de large. Un modèle encore un peu plus étroit est attendu pour 2024.
repères
GAEC de la Salamandre
Surface 60 hectares de vigne et 45 de champs
Appellation cognac
Encépagement ugni blanc
Écartement des rangs principalement 3 m
Production 700 hl d’alcool pur en moyenne
Certifications HVE et CEC (certification environnementale Cognac) en préparation
Effectifs 2 ETP + prestataires (taille, tirage, relevage)
Débouchés Maison Hennessy