Glyphosate : seuls les usages sur le cavaillon et dans les parcelles non-mécanisables seront maintenus en vigne
Après trois ans de suspense, les conditions de restriction du glyphosate sont enfin précisées. Il restera autorisé dans les parcelles viticoles non mécanisables, mais se limitera à une petite portion de cavaillon dans les autres cas.
Après trois ans de suspense, les conditions de restriction du glyphosate sont enfin précisées. Il restera autorisé dans les parcelles viticoles non mécanisables, mais se limitera à une petite portion de cavaillon dans les autres cas.
L’agence nationale de sécurité sanitaire, l’Anses, a rendu son rapport sur l’évaluation comparative du glyphosate la semaine dernière. En ce qui concerne la viticulture, elle préconise que le glyphosate soit gardé à la dose actuelle (2160 g/ha) dans les parcelles non mécanisables, c’est-à-dire les vignes installées en forte pente ou en terrasse, en sol caillouteux ou encore les vignes-mères de porte-greffes.
Dans ces situations, les modalités d’emploi ne changeront pas. L’agence préconise en revanche de réduire la dose dans tous les autres cas à 450 g/ha, afin de pouvoir intervenir sur le cavaillon. Et précise les conditions d’emploi : « Ne pas appliquer entre les rangs », « Ne pas appliquer sur plus de 20 % de la surface de la parcelle », « Ne pas dépasser la dose annuelle de 450 g de glyphosate par hectare ». L’Anses justifie ces conditions par le fait que des alternatives réalistes existent pour la gestion des adventices dans l’inter-rang.
« En revanche, pour le désherbage sous le rang, la substitution n’est pas possible, compte tenu des inconvénients majeurs identifiés », estime l’agence.
Des restrictions appliquées via les autorisations de mise sur le marché
En ce qui concerne la mise en place de ces restrictions, cela ne se fera pas par une réglementation nouvelle mais par le biais des Autorisations de mise sur le marché (AMM), lors des évaluations ou réévaluation de produits. « C’est acté pour toute une première vague de produits qui ont été réévalués, ce sera une affaire de quelques mois pour les suivants », affirme Marie-Christine de Guenin, à la direction des Autorisation de mise sur le marché de l'Anses.
Du côté de la production, la FNSEA estime que cette décision, en plus de créer des distorsions de concurrence supplémentaire, ne couvre pas toutes les impasses techniques qu’elle a démontré. En vigne, la véritable impasse dans de telles conditions concerne le désherbage sur le rang en vignes étroites. « Appliquer sur 20 % de la surface, en Champagne cela veut dire qu’il faudrait entretenir l’inter-rang jusqu’à 10 centimètres du cep, analyse Johan Kouzmina, conseiller viticulture à la chambre d’agriculture de la Marne. Avec notre taille basse c’est tout bonnement impossible sans abîmer les pieds. Dans de telles conditions cela signerait l’arrêt du glyphosate. »
Des recours sont possibles jusqu’à début décembre. « Nous n’avions pas identifié cette impasse avec les éléments dont nous disposions pour statuer, mais il y aura probablement une réflexion sur ce point et d’éventuels ajustements », concède Marie-Christine de Guenin.
Le 8 octobre dernier, l'Anses a statué sur neuf produits, dans le cadre des renouvellements d'AMM. Cela a conduit au retrait de trois produits à base de glyphosate: le Glifopec 450 SL, le Helosate Plus et le Typhon. Trois autres ont été renouvelés aux conditions citées plus haut: le Kyleo, le Touchdown Foret et le Touchdown System 4. Enfin, deux nouveaux produits ont été autorisés, également avec les nouvelles conditions d'usage: le Gallup 360-K et le Krypt 540, tout deux de la firme Barclay.