Et si l’électricité était l’avenir du désherbage ?
Une machine de désherbage électrique sera bientôt mise au point en viticulture par l’entreprise suisse Zasso. Le prototype viticole devrait tourner dans les vignes allemandes dès cette année.
Une machine de désherbage électrique sera bientôt mise au point en viticulture par l’entreprise suisse Zasso. Le prototype viticole devrait tourner dans les vignes allemandes dès cette année.
Une solution d’entretien du sol aussi efficace que le glyphosate et à un prix aussi compétitif ! Cela semble trop beau pour être vrai. Et pourtant. C’est ce que promet la firme helvète Zasso, avec son système de désherbage électrique, Electroherb. Cette solution, qui est en cours de développement en viticulture, pourrait débarquer d’ici un à deux ans, la machine étant déjà commercialisée au Brésil pour d’autres usages (collectivités, autoroutes, etc.). Le principe de la technologie est assez simple : il s’agit d’appliquer un courant électrique sur chaque adventice. En la traversant, il fait exploser ses cellules, provoquant la mort de tous ses tissus, aussi bien aériens que souterrains. Zasso annonce ainsi une efficacité de trois mois, sans aucun mouvement de terre, ni élévation de température du sol.
Pour permettre cette "électrocution" des herbes, l’entreprise se base sur une machine, l’Electroherb, s’attelant sur le tracteur. Un générateur, animé par la prise de force du tracteur, envoie un courant électrique dans une première rangée d’électrodes, qui se trouve être en contact avec les adventices. Une seconde rangée d’électrodes, en contact avec le sol, récupère le courant et le redirige vers le générateur. Le courant doit être de l’ordre de 5 000 à 15 000 volts par décharge, et de 30 ampères. Selon Zasso, toutes les mauvaises herbes, même les plus résistantes, sont éradiquées. « Tout est question de tension, de temps de contact, et d’applicateur », explique la firme. Et pour ce faire, elle a mis au point, et breveté, un système d’autorégulation du dosage électrique, en fonction de la hauteur et de la densité des herbes, de l’humidité et de la résistivité du sol, des conditions météorologiques, etc. Selon elle, les premiers effets d’une application sont visibles 15 minutes après le passage.
Pas d’impact négatif sur les vers de terre et collemboles
En outre, ce système est censé être inoffensif tant pour la vigne (vu qu’elle n’est pas touchée par les électrodes), que pour la faune du sol « si on respecte le bon voltage, précise Benjamin Ergas, de l’entreprise. Des tests formels sur vers de terre et collemboles, réalisés avec divers instituts de recherche allemands (FiBL, Lanat, Gaiac) sont en cours de finalisation et devraient être publiés sous peu. Ils vont dans ce sens. Nous sommes également en cours de discussion avec l’Inra. »
L’Electroherb, qui peut être passé entre 3 et 5 km/h, n’est pour l’instant développé qu’en version interligne. « Mais en 2018, nous allons travailler à une déclinaison intercep, promet Benjamin Ergas. Les modèles urbains que nous avons sont assez proches, cela ne devrait pas être trop compliqué. » Il prévoit l’arrivée d’un prototype viticole courant 2018. « Nous le testerons en Allemagne chez des vignerons, pour réaliser les ajustements et adaptations nécessaires, poursuit-il. L’objectif est de disposer d’une première solution en 2019. »
Le gabarit et le poids de la machine ne sont donc pas encore connus. Mais l’entreprise affirme être consciente des impératifs viticoles, tant au niveau de l’encombrement que du tassement des sols.
Plusieurs sécurités intégrées pour l’opérateur
Côté utilisateur, la solution devrait être sûre. « Nous avons plusieurs systèmes de sécurité », décrit Benjmain Ergas. Tout d’abord, le courant ne circule que si le circuit est fermé. De plus, la machine est équipée de capteurs Lidar, permettant de détecter tout obstacle ou anomalie. Enfin, les applicateurs (électrodes) sont recouverts, empêchant tout contact direct.
D’un point de vue financier, les choses ne sont pas parfaitement calées. « Nous souhaitons être compétitifs par rapport au glyphosate, affirme néanmoins Benjamin Ergas. Nous envisageons de partir sur un système de leasing, avec une facturation basée sur l’utilisation (elle-même estimée grâce à la distance parcourue ou au voltage employé). Mais tout cela est encore à affiner. » Il ne reste plus qu’à espérer que le résultat soit à la hauteur des attentes suscitées. Car si l’Electroherb « a l’air prometteur, dans le sens où le choc électrique a une action racinaire, comme le confie Christophe Gaviglio de l’IFV, je n’ai aucune information sur l’énergie dépensée, la sécurité ou encore un résultat d’essai sur une culture qu’il ne faut pas toucher. » Affaire à suivre donc.