Assurance récolte : des surfaces assurées en augmentation annonce Groupama
Groupama dresse un premier bilan du nouveau dispositif d'assurance récolte en vigueur depuis le début de l'année. Le nombre de souscriptions est en progression avec 500 000 hectares supplémentaires assurés toutes productions confondues.
Groupama dresse un premier bilan du nouveau dispositif d'assurance récolte en vigueur depuis le début de l'année. Le nombre de souscriptions est en progression avec 500 000 hectares supplémentaires assurés toutes productions confondues.
Un an après l'adoption par le Parlement de la réforme de l'assurance récolte et trois mois après son entrée en vigueur, la mise en œuvre de la nouvelle mouture se poursuit. Lors d'une conférence de presse le 27 mars, l'assureur Groupama a présenté des premiers chiffres encourageants. Depuis le 1er janvier, on dénombre 500 000 hectares (ha) supplémentaires de surfaces assurées (4,7 millions d'hectares assurés au total par Groupama), soit 7 000 nouveaux contrats. Des chiffres quasi définitifs puisque la campagne de commercialisation 2023 doit s'achever le 31 mars pour les cultures de printemps.
La progression la plus significative est observée pour la partie assurance prairies avec 2 700 contrats représentant 270 000 ha. « On constate aussi une progression en grandes cultures mais celle-ci est moins importante du fait que 30 % des surfaces étaient déjà assurées via l'ancien dispositif », avance Pascal Viné, directeur des relations institutionnelles. Le même constat est fait en vigne.
Vers une baisse du reste à charge pour l'agriculteur en cas de sinistres
Au final, en grandes cultures, les surfaces assurées augmentent d’environ 15% et s'établissent à 2 millions d'hectares pour des capitaux assurés à hauteur de 3,4 milliards d'euros (500 millions d’euros supplémentaires). « C’est un début très encourageant qui montre l'intérêt des agriculteurs, mais nous ne sommes pas encore dans un choc assurantiel », constate Pascal Viné. L’objectif fixé par la loi est d’atteindre un taux de 60 % de surfaces assurées en grandes cultures et en vigne d'ici à 2030. En prairies ou en arboriculture, productions qui jusqu’ici n’étaient quasiment pas assurées, l’objectif est d’atteindre les 30 %.
C'est un début très encourageant qui montre l'intérêt des agriculteurs
Le développement de ce nouveau produit intervient dans un contexte chahuté par la multiplication des aléas climatiques et la baisse du potentiel de production (recul de la moyenne olympique des rendements) qui ne joue pas forcément en faveur de son développement.
Pour convaincre un maximum d'agriculteurs de souscrire une assurance multirisque climatique (MRC), Groupama met en avant l'intérêt du nouveau dispositif : taux de subvention des primes et cotisations d'assurance de 70 %, franchise de 20 %, activation du fonds de solidarité nationale (FSN) au-delà de 50 % de pertes... Autant d'éléments qui rendent les tarifs de la MRC plus accessibles. « L'objectif est aussi de permettre à l'exploitant de maîtriser son reste à charge en cas de sinistre », rappelle François Schmitt, président délégué de Groupama.
L'assurance multirisque climatique, un outil de gestion des risques parmi d'autres
Pour autant, si l'assureur confirme une tendance à la baisse des tarifs, difficile pour l'heure d'avancer un chiffre exact. « L'assurance récolte n'est pas un dispositif obligatoire, l'évolution des tarifs dépend donc de beaucoup de paramètres comme l'assolement, les surfaces, les filières, le secteur géographique... », avance François Schmitt. Il ajoute : « Pour parvenir à l'objectif de 60 % de surfaces assurées, on a encore besoin de faire de la pédagogie pour rappeler les nouvelles règles qui rendent l'assurance récolte plus accessible ».
Pour Groupama, la pérennité du nouveau système repose sur l’élargissement de l’assiette de cotisations mais pas seulement. « L'assurance récolte est un outil de gestion des risques parmi d'autres pour s'adapter au changement climatique, avance François Schmitt. Elle protège des à-coups mais ne corrige pas les tendances longues ». « L'assurance ne doit pas ralentir la mise en œuvre de mesures d'adaptation », complète Delphine Létendard, directrice assurances.
Garantir l'universalité de l'offre
En outre, deux points de la loi restent encore à mettre en œuvre afin que le dispositif soit complet pour la prochaine campagne de commercialisation. Tout d'abord le guichet unique qui doit faire des compagnies d'assurances des interlocuteurs agréés. En clair, elles seront chargées de verser non seulement les indemnités d'assurance récolte mais aussi celles du FSN pour le compte de l'État, y compris pour les non-assurés.
Autre dossier que Groupama espère voir solder d'ici la fin juin est celui de la création d'un pool de co-réassurance qui doit permettre un « partage de la sinistralité » ainsi que la mise en commun de bases de données entre les assureurs qui proposent la MRC. « L'enjeu est de garantir l'universalité de l'offre, et que chaque filière puisse trouver une offre attractive », explique Pascal Viné.
Pour mesurer pleinement la montée en puissance de l’adhésion des agriculteurs à ce nouveau dispositif, il faudra attendre la prochaine campagne de commercialisation qui débute en généralement fin août, début septembre. « Nous sommes une organisation professionnelle agricole, explique Jean-Yves Dagès, président de Groupama, notre objectif n'est pas de gagner de l'argent avec ce dispositif mais d'être à l'équilibre pour accompagner la résilience des exploitations. »
2022, encore une année sinistrée
Le déploiement de la nouvelle assurance multirisque climatique (MRC) intervient au terme d'une année 2022 marquée par les aléas climatiques. Groupama annonce que plus d'un contrat de MRC sur deux ont été concernés par un sinistre (60 %), soit près de 800 000 ha, dont 412 000 ha pour la seule culture de maïs. La sécheresse et les fortes températures ont fortement pénalisé les cultures. « Les projections annoncent une aggravation de la fréquence de ces sécheresses dans les prochaines années », prévient Jean-Yves Dagès. Les épisodes de grêle ont, quant à eux, surpris par leur intensité et leur fréquence. 380 000 ha ont ainsi été touchés par ce phénomène météo, cantonné habituellement à quelques secteurs mais qui cette année a concerné une grande partie du pays avec des pics en juin et à l'automne.