Vers la fin des vaches fistulées
Rumen artificiel et capteurs miniatures permettront peut-être à terme de ne plus avoir recours aux vaches canulées.
Rumen artificiel et capteurs miniatures permettront peut-être à terme de ne plus avoir recours aux vaches canulées.
Les vaches équipées de canules ont fait la Une des médias en juin dernier. Pourtant, elles sont de moins en moins utilisées pour la recherche, "pour des raisons économique, éthique et réglementaire, indique Jean-Baptiste Coulon, président du centre Inra Auvergne-Rhône-Alpes. À moyen terme, on espère pouvoir se passer des vaches canulées grâce aux techniques alternatives : la modélisation informatique pour certaines études, les rumens artificiels et les capteurs positionnés dans le tube digestif." Mais pour l’heure, seule l’expérimentation in vivo à l’aide de vaches canulées permet d’explorer la digestion complexe des ruminants, pour répondre aux enjeux d’efficacité alimentaire et d’impact environnemental.
Perfectionner encore le rumen artificiel
Les rumens artificiels sont utilisés depuis une vingtaine d’années. Ils sont plus ou moins perfectionnés, selon les besoins des études. Leur avantage est la possibilité d’analyser la cinétique de dégradation des aliments, mais aussi ce qui y est produit (gaz, acides gras volatils…), ce qui n’est pas possible avec les vaches canulées. "L’inconvénient est qu’il ne permet pas encore de mimer parfaitement le rumen, ne serait-ce que parce qu’il faut broyer préalablement tous les intrants avant de lancer les mesures. Le plus dur est de reproduire l’intégralité de la flore ruminale et le brassage", expose Jean-François Labarre, directeur technique chez CCPA, une firme service qui utilise comme d’autres cette méthode in vitro.
La recherche, en partenariat avec l’Inra, se poursuit pour arriver à un dispositif complet et totalement alternatif. "L’objectif est d’aboutir à une technologie qui fasse référence, et de trouver le lien entre les valeurs mesurées (évolution des nutriments, production de gaz…) et des valeurs nutritionnelles de référence (UF, PDI…)." En effet, pour l’instant, les valeurs issues des rumens artificiels permettent surtout de comparer des échantillons et donc de trier des solutions prometteuses, qui seront ensuite testées in vivo.
Les capteurs à faire avaler aux vaches et l’utilisation des nouveaux outils numériques sont une autre solution prometteuse en cours de développement. Cela permet d’avoir accès au système digestif sans chirurgie. Pour l’instant, encore peu de paramètres sont mesurés par cette méthode (pH, température…). Mais des programmes de recherche sont en cours à l’Inra sur ce sujet.