« Valoriser les solutions de biocontrôle existantes »
Selon Hugo Bony, vice-président d’IBMA France et directeur général d’Agrauxine by Lesaffre, il est nécessaire de valoriser les solutions de biocontrôle déjà sur le marché afin d'investir dans la recherche de nouvelles solutions.
Selon Hugo Bony, vice-président d’IBMA France et directeur général d’Agrauxine by Lesaffre, il est nécessaire de valoriser les solutions de biocontrôle déjà sur le marché afin d'investir dans la recherche de nouvelles solutions.
Qu’attendez-vous de la stratégie nationale de déploiement du biocontrôle ?
Les objectifs de la stratégie nationale de déploiement du biocontrôle sont alignés avec l’ambition de réduction de 50 % des pesticides de synthèse de la stratégie européenne « Farm to fork » (« De la ferme à la table »), et en cohérence avec l’ambition d’IBMA France de passer le cap des 30 % du marché de la protection des plantes à horizon 2030. C’est une stratégie sur cinq ans, un horizon de temps court qui verra ses objectifs chiffrés atteints si elle se matérialise maintenant par des mesures incitatives permettant de lever les freins au déploiement des très nombreuses solutions de biocontrôle déjà existantes.
Comment faire pour accélérer le développement du biocontrôle ?
Pour faire accélérer l’utilisation du biocontrôle, il faut tout d’abord que les professionnels du secteur sur le terrain se sentent légitimes pour en parler aux agriculteurs, et pour cela multiplier les actions de formation. C’est pour cela qu’IBMA France est partenaire du projet BET (Biocontrol e-training) qui vise à promouvoir les connaissances sur le biocontrôle à travers des contenus e-learning innovants et faciles d’accès. Agrauxine a, quant à elle, fondé avec l’université de Lorraine la chaire Bio4solutions dont le premier objectif est de créer un parcours de formation continue sur les biosolutions. Mais il faut que ces initiatives se multiplient sur le territoire et que la puissance publique y contribue.
Ensuite pour que le biocontrôle se développe, il faut mettre en mouvement le système. En cela, la mise en œuvre progressive et concertée des certificats d’économie de produits phytopharmaceutiques (CEPP) semble être un excellent outil. On peut critiquer ce qui s’apparente à une contrainte fiscale de plus, mais ne nous leurrons pas, quel que soit le sujet, c’est le levier le plus efficace dont dispose l’Etat pour nous faire changer nos comportements !
Quel sera le rôle de la R & D lors de ce déploiement ?
Si en cinq ans beaucoup pourra être fait pour déployer l’usage du biocontrôle, il ne faut pas imaginer que des actions de recherche lancées aujourd’hui et co-financées par de petites enveloppes de subventions publiques vont porter des fruits à court terme. Il faut plus de dix ans pour amener un produit au marché ! La bonne nouvelle est que les sociétés adhérentes d’IBMA France fournissent un effort de R & D qui permettra l’arrivée progressive de nouvelles solutions sur le marché. Et pour cela, les mesures incitatives et de soutien à l’innovation des entreprises privées sont les bienvenues.
Mais là encore, il faut faire preuve de bon sens : pour que nos entreprises puissent investir encore plus dans la recherche de solutions, il faut valoriser celles qui existent… et qui fonctionnent puisqu’elles représentaient déjà 11 % de la protection des plantes en 2019 ! Le biocontrôle est d’ores et déjà une réalité pertinente sur le plan technico-économique, gageons que les décisions gouvernementales qui viendront donner corps à cette stratégie nationale soient de réels accélérateurs de son déploiement.
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