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Noix : quatre pistes contre les bioagresseurs

La protection phytosanitaire est un enjeu central pour la pérennité de la filière noix, notamment avec l’émergence de nouvelles maladies et l’apparition de cycles supplémentaires sur certains ravageurs. La station expérimentale de Creysse dans le Lot travaille sur des solutions de lutte alternatives. [Article de Marie-Neige Hébrard et Juliette Lebreton]

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Des moyens de protection alternatifs sont travaillés sur noix à la station expérimentale de Creysse dans le Lot.
© RFL

Bactériose du noyer : l’utilisation des bactériophages

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Bactériose du noyer. © Station de Creysse
La bactériose du noyer est due à Xanthomonas arboricola pv. juglandis. Maladie importante des noyeraies françaises, elle affecte tous les organes en croissance. Les fruits développent de petites taches huileuses puis noirâtres sur les jeunes fruits. Les infections précoces provoquent la chute des fruits et les infections tardives rendent les fruits non commercialisables. Les pertes de récolte peuvent donc être lourdes.

La station expérimentale de Creysse, dans le Lot, expérimente depuis 2018 l’utilisation de bactériophages (virus spécifique de Xanthomonas arboricola pv. juglandis) pour lutter contre la bactériose du noyer, au sein des projets La Noix de demain (2018-2022) puis PHAG-2S (2023-2027). En partenariat avec l’entreprise chilienne AgroAdvance et l’université Paul Sabatier de Toulouse, la bactérie Xanthomonas arboricola pv juglandis et des bactériophages endémiques des vergers français ont été identifiés et caractérisés. Les travaux de caractérisation et de sélection des bactériophages ont permis à l’entreprise AgroAdvance de formuler un premier produit de biocontrôle composé de plusieurs bactériophages et autres micro-organismes.

Sur les quatre années d’application de ce produit, des tendances à une réduction des noix bactériosées et à une amélioration sanitaire s’observent. Les analyses PCR et qPCR réalisées chaque année posent la question d’un déplacement des bactériophages vers les parcelles témoins, limitant le développement des bactéries sur l’ensemble de l’essai. Ce type d’analyse sera poursuivie au sein du nouvel essai PHAG-2S, dans la perspective de tester également une nouvelle formulation de phages issue de l’entreprise française Greenphage, partenaire du projet. Une nouvelle parcelle sera support d’essai, afin d’affiner la compréhension des dynamiques de populations de bactéries et de poursuivre l’évaluation des bactériophages, solution innovante prometteuse.

Complexe fongique du noyer : le biocontrôle évalué

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Complexe fongique du noyer. © Station de Creysse
Le noyer est touché depuis 2011 par un nouveau complexe fongique, contenant notamment le genre Colletotrichum et provoquant un brunissement des noix et la nécrose du brou, les rendant non commercialisables (Masson et al., 2019). Depuis 2015, des symptômes de dépérissement sont également observés sur noyer, en lien avec ce complexe d’espèces fongiques. En plus des symptômes sur fruit, des pertes de vigueur et une mortalité accrue des noyers s’observent.

La gestion du Colletotrichum via divers produits de biocontrôle en application tardive a été étudiée sur noyer à la station de Creysse entre 2016 et 2018. Les produits sont appliqués en curatif, à partir de l’apparition de symptômes de Colletotrichum et en cadence tous les sept à dix jours. Les applications des produits Microthiol (soufre), Curatio, Invelop (talc), Limocide (huile essentielle d’orange) associé au soufre, Isomag (oxyde de magnésium), phosphonate de potassium, et Myco-Sin (extrait de prêle plus sulfate d’aluminium) ne permettent pas de réduire les symptômes de Colletotrichum sur noix (28 % à 41 % de noix chutées présentant du Colletotrichum). La gestion du Colletotrichum en application tardive, une fois le champignon déclaré, n’est pas concluante. Il semble en outre que l’humidité apportée par les traitements favorise le développement du champignon.

En dehors des dégâts infligés par le Colletotrichum, ces dernières années d’autres types de nécroses associées à un dépérissement du noyer ont été observées sur rameaux et sur fruits. Les projets Caribou (2019-2021) et Magic (2022-2025) ont permis d’identifier des espèces fongiques responsables de ce dépérissement : on y retrouve des espèces de la famille des Botryosphaeriaceae principalement, dont Neofusicoccum parvum s’avère le plus agressif, et également des espèces des genres Diaporthe, Fusarium et Colletotrichum. La compréhension des dynamiques de populations et de la pathogénicité des espèces du complexe fongique se poursuit. En parallèle, des solutions de biocontrôle, notamment à base de micro-organismes antagonistes, sont évaluées in vitro et in vivo.

Carpocapse : le parasitisme par les trichogrammes indigènes des vergers

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Carpocapse du noyer. © Station de Creysse
Le carpocapse Cydia pomonella peut provoquer jusqu’à 50 % de pertes à récolte sur noyer. La larve perce le fruit et creuse des galeries jusqu’à la noix et son cerneau, rendant les fruits non commercialisables. Ce ravageur réalise aujourd’hui jusqu’à trois générations par an, et est un des plus problématiques sur noyer.

Le carpocapse du noyer a fait l’objet de deux projets successifs à la station de Creysse. Les projets Lichen (2019-2021) et ParasiT (2022-2026) s’intéressent à la recherche, la caractérisation et l’utilisation de parasitoïdes oophages indigènes des vergers de noyers : les trichogrammes. Les trichogrammes Trichogramma cacoeciae et Trichogramma oleae ont été détectés dans la canopée des noyers de la station de Creysse. Ces deux espèces de trichogrammes sont prédatrices d’œufs de carpocapse, mais ne sont pas exclusives du genre Cydia d’après les recherches bibliographiques et l’expertise de l’Inrae, partenaire du projet. La suite du projet doit permettre de sélectionner le meilleur trichogramme selon sa capacité de parasitisme, sa capacité de dispersion, sa spécificité de cible, sa fécondité et sa longévité. Ces trichogrammes étant indigènes du verger, cette technique a l’avantage de ne pas nécessiter d’introduction d’espèce étrangère.

Mouche du brou : la lutte par blanchiment

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Mouche du brou. © Station de Creysse
La mouche du brou est un des ravageurs les plus préjudiciables du noyer. Rhagoletis completa pond dans le brou des noix au cours de l’été, les larves consomment ensuite le brou qui noircit et se décompose. Les attaques précoces provoquent la chute des noix avant la récolte. Les attaques tardives laisseront des marques noires sur la coque de la noix suite à la détérioration du brou. Les noix tachées sont dépréciées à la commercialisation. La récolte peut donc être fortement menacée par ce ravageur.

Dans le cadre de la lutte contre la mouche du brou du noyer, plusieurs produits de blanchiment à base de substances minérales ont été évalués à la station de Creysse, en partenariat avec différentes firmes phytosanitaires. En 2019, le Baïkal (kaolin) a permis une diminution des dégâts provoqués par la mouche du brou, avec moins de 2 % de fruits touchés à la récolte, contre 26 % sur le témoin non traité. En 2021, deux produits à base d’hydroxyde de calcium, le BNA Pro et le Calciblanc présentent également moins de 2 % de dégâts contre 15 % à 18 % sur le témoin. En 2022, le Calciblanc confirme cette efficacité avec moins de 1 % de fruits touchés, contre 10 % sur le témoin.

En 2023, le Calshield (ou Calsun) à base de carbonate de calcium montre également une efficacité avec 6 % de fruits attaqués contre 15 % sur le témoin. La même année, le Clé’Flo (argile) a démontré une efficacité moyenne de 37 % sur les dégâts de mouche du brou (10 % de fruits attaqués contre 15,8 % sur le témoin non traité). L’ensemble de ces essais démontre une efficacité intéressante des produits de blanchiment à base de différentes substances minérales contre la mouche du brou. Néanmoins, un effet repoussoir de ces biocontrôles est soupçonné ; pouvant provoquer une sur-attaque de la mouche du brou sur le témoin non traité. Une combinaison de ce type de traitements repoussoirs avec un autre levier de protection sur les zones non traitées par blanchiment semble nécessaire.

(1) En savoir plus sur le projet Caribou : Infos CTIFL n° 386 - Novembre 2022 « Projet Caribou : Élancer la recherche pour cerner le dépérissement du noyer ».
Rédaction Réussir

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